Scandale financier - Mirza entame aujourd'hui son enquête Le Barreau donnerait son accord pour l'inculpation de Barsoumian

M. Saïd Mirza, premier juge d’instruction de Beyrouth, doit commencer aujourd’hui son enquête en interrogeant les inculpés dans le scandale des résidus pétroliers. L’interrogatoire de l’ancien ministre du Pétrole, principal inculpé dans cette affaire, ne devrait pas avoir lieu aujourd’hui. En effet, le Barreau, auquel M. Chahé Barsoumian est affilié, n’a toujours pas donné son accord pour que des poursuites soient engagées contre lui. Toutefois, des sources proches de l’Ordre des avocats citées par les agences de presse ont indiqué que le Barreau donnera son feu vert pour l’inculpation de M. Barsoumian dès que le juge d’instruction en fera la demande. Une délégation du Barreau composée des maîtres Nouhad Jabre et Antonio Hachem a discuté de cette question avec le juge Mirza. Me Jabre et un autre avocat, Me Ziad Hamadé, ont ensuite rencontré pendant quelques minutes M. Barsoumian, placé en garde à vue au dépôt du Palais de justice de Beyrouth. Pas d’obstacles sérieux à la levée de l’immunité L’ancien ministre les a informés que lors de sa comparution, vendredi dernier, devant le procureur financier Khaled Hammoud qui a ordonné son incarcération, il ne s’était pas présenté comme étant membre du Barreau mais comme ancien ministre. Lors de sa comparution aujourd’hui devant le juge d’instruction, M. Barsoumian se présentera donc comme étant avocat et c’est à ce moment que le Barreau entamera la procédure de levée de son immunité à la demande de la justice. Selon les mêmes sources, aucun obstacle sérieux ne devrait empêcher l’aboutissement de cette procédure pour la simple raison que les faits imputés à M. Barsoumian ont été commis alors qu’il était membre du gouvernement et que son affiliation au Barreau était, de ce fait, gelée. Des sources proches de l’Ordre des avocats ont précisé que l’ancien ministre est apparu détendu dans sa cellule qu’il partage avec le directeur des installations de la raffinerie de Zahrani, M. Khalil Kambris, inculpé dans le cadre de la même affaire. M. Barsoumian, dont la garde à vue a été prolongée de 48 heures, était rasé de près. Des sources judiciaires citées par l’Agence nationale d’information (Ani, officielle) ont précisé que de nouveaux documents ont été joints au dossier. Et le juge Mirza a passé les journées de samedi et de dimanche à les examiner en prévision des interrogatoires qu’il doit commencer aujourd’hui. L’ancien ministre et les cinq autres inculpés (l’ancien directeur général du ministère du Pétrole Nicolas Nasr, Wadad Saadé et Badaoui Semaan, chefs respectifs des départements des affaires commerciales et des affaires économiques et financières, Nagi Azar, directeur de la compagnie qui importait le pétrole pour le compte de l’État, ainsi que M. Khalil Kambris) sont accusés de «malversations financières, corruption, faux et usage de faux et trafic d’influence ayant mené à la dilapidation de fonds publics et d’importantes pertes pour le trésor». Pour la première fois dans l’histoire du liban L’inculpation, pour la première fois dans l’histoire du Liban, d’un ancien ministre dans une affaire de corruption, continue de susciter des réactions positives. Le patriarche maronite Nasrallah Sfeir a déclaré dans son homélie dominicale que ce développement «a rectifié l’image du Liban que l’on croyait un pays où la corruption restait impunie». «Toutefois, a ajouté le prélat, certains sont sceptiques et pensent que cette affaire n’ira pas jusqu’au bout et que toutes les personnes impliquées ne seront pas poursuivies. Dans ce cas, la justice sera sélective, alors qu’elle doit être globale et la même pour tous».