Rechercher
Rechercher

Actualités - ANALYSE

Emigrés - Promesses en l'air et envolées sentimentales Les malentendus d'une vieille histoire d'amour

Le nouveau pouvoir saura-t-il gommer les torts accumulés de la mère-patrie à l’égard de ses fils expatriés ? Fera-t-il comme tous les régimes ou gouvernements précédents qui ont usé et abusé de promesses en l’air au son de creuses envolées sentimentales ? Continuera-t-on à multiplier les envois de délégations officielles ou autres ainsi que les échanges de visites qui entretiennent la diaspora dans l’illusion que les liens avec leur pays d’origine restent forts, alors qu’il n’en est rien ? Cela fait près de 70 ans que certaines familles attendent d’être confirmées dans leur nationalité libanaise. Tout au long des décennies, les officiels locaux ont fait larmoyer les émigrés qu’ils visitaient à coups de discours patriotiques vibrants. Les velléités n’ont pas manqué : il est arrivé au ministère des Affaires étrangères d’adresser à nos chancelleries et à nos consulats à l’étranger des notes leur demandant de seconder les émigrés dans leurs démarches pour récupérer la nationalité libanaise. Le même département a instamment prié les législateurs de ne pas omettre le cas des émigrés lors de l’élaboration d’un nouveau code de la nationalité. D’innombrables congrès de la diaspora ont été organisés au Liban ou au dehors. Toutes les résolutions sont restées lettre morte. Globalement, les émigrés, qui ont réussi à conserver leur nationalité libanaise, réclament que cela leur permette, ce qui semble normal, d’exercer leurs droits politiques. En effet, on n’a jamais songé à les faire voter dans les ambassades. Ni, à plus forte raison, à leur donner un siège au Parlement libanais où, estiment-ils, ils ont tout à fait le droit d’être représentés comme les autres Libanais à part entière. Et ceux qui ont perdu par inadvertance la nationalité libanaise soulignent pour leur part que lorsqu’on leur demande, comme le fait l’État libanais, d’aider, d’investir et de payer le fisc, ils n’hésitent jamais. Ils rappellent leur apport à l’essor du bâtiment, du foncier, de l’agraire, de l’agroalimentaire, de l’industrie, des services, du commerce et du tourisme dans ce pays. Et ils ajoutent qu’ils sont disposés à en faire bien plus, à la condition tout à fait légitime qu’on leur redonne la nationalité. Et à dire vrai, aussi à la condition qu’on prévoie un système libéral, de zones franches et d’exemptions fiscales rendant l’investissement au Liban plus attrayant. Dès 1960, un congrès d’émigrés proposait la création au Liban d’un conseil spécial d’investissement et de financement composé d’émigrés et de résidents. Ce conseil aurait eu pour mission de promouvoir par la planification l’essor de l’industrie légère et moyenne ainsi que de l’agriculture industrialisée, de l’habitat et du tourisme. Les émigrés suggèrent en outre la création d’une banque mixte spécialisée, demandent un recensement pour fixer leur quota de sièges à la Chambre ainsi que l’envoi par Beyrouth dans les colonies libanaises à l’étranger d’enseignants d’arabe. Ils demandent aussi un effort pour les émissions radio ou télé libanaises qui leur sont destinées et une plus large couverture par la MEA des circuits mondiaux. Lors du dernier congrès organisé au Liban du 7 au 11 mai, les émigrés ont surtout insisté sur la question de la nationalité. Mais il est probable qu’il leur faudra beaucoup attendre…
Le nouveau pouvoir saura-t-il gommer les torts accumulés de la mère-patrie à l’égard de ses fils expatriés ? Fera-t-il comme tous les régimes ou gouvernements précédents qui ont usé et abusé de promesses en l’air au son de creuses envolées sentimentales ? Continuera-t-on à multiplier les envois de délégations officielles ou autres ainsi que les échanges de visites...