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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Informatique - Table ronde à l'Escwa pour affronter le défi du XXI siècle Le Liban est loin d'être préparé au bug de l'an 2000 (photo)

Le monde arabe se prépare tant bien que mal à faire face au bug de l’an 2000. Ce sujet était au cœur des discussions hier entre les experts de la région, réunis à la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (Escwa), place Riyad el-Solh. La Commission avait invité les experts du monde arabe afin de leur soumettre les recommandations prises à ce sujet par le Conseil économique et social des Nations unies (Ecosoc). Recommandations qui consistent principalement à sensibiliser le public, établir un système de gestion de la crise, dresser une liste d’équipements qui pourraient être contaminés par le bug de l’an 2000, tester les programmes de transition des dates et mettre en place un plan d’action. Quelle sera l’ampleur du problème dans le monde arabe, notamment dans certains pays comme le Liban où le secteur public présente de failles dans ce domaine et où aucun plan d’action n’a encore été mis en place ? M. Mohammed Mrayati, conseiller régional pour les sciences et les technologies auprès de l’Escwa, a indiqué à L’Orient-Le Jour qu’il «existe 400 millions d’ordinateurs dans le monde dont 2 % dans le monde arabe». «Approximativement, 20 % d’ordinateurs ou de machines automatisées (ascenseurs, raffineries, installations d’eau ou d’électricité, radars, avions, etc.) sont susceptibles d’être contaminés par le bug de l’an 2000 mais on ne peut pas savoir lesquels», a-t-il dit. Et de souligner que «le problème est simple mais néanmoins dangereux, notamment en ce qui concerne les armes nucléaires». Un point dont le monde arabe ne souffrira pas directement, du moins en principe. Par contre, ce sont d’autres secteurs vitaux qui peuvent être touchés : les télécommunications, l’électricité et l’eau. Selon M. Mrayati «les pays en développement (PVD) devaient agir plus tôt». Évoquant les recommandations de l’Ecosoc, il souligne la nécessité, pour les PVD, d’établir un plan d’urgence. Ce plan consistera à mettre en place un système de remplacement des ordinateurs qui pourraient tomber en panne. Et de souligner à ce sujet que, «dans les pays arabes, où la réglementation du trafic est informatisée (radars, feux…), il faut mobiliser des policiers». La situation au Liban À Abou Dhabi, un plan de rechange pour l’arrosage des pelouses a été élaboré. L’arrosage se fait dans l’émirat à l’aide de pompes d’eau de mer dessalinée. Des citernes d’eau ont été prévues et l’arrosage se fera à la main. Les pays du Golfe sont les plus avancés dans ce domaine, notamment l’Arabie séoudite qui a élaboré son programme en 1987. Cependant, dans certains pays arabes, jusqu’à présent les plans nationaux demeurent inexistants. Seuls des projets ont vu le jour dans le secteur privé. M. Mrayati cite à ce propos une étude récente de la Banque mondiale soulignant que «sur 139 PVD, seuls 35 % ont déjà élaboré un plan». Est-ce qu’ils auront le temps de mettre en place un programme, à peine 230 jours ouvrables avant la fin de l’année ? «Ils auront le temps de mettre en place des plans d’urgence», dit-il en indiquant qu’il «faut à tout prix éviter l’effet domino». Et d’expliquer que «dans plusieurs pays arabes, certains secteurs sont reliés à travers les frontières tels que l’eau, l’électricité et les télécommunications». Évoquant la situation du Liban, l’expert de l’Escwa souligne que «l’Office du ministère de la Réforme administratif (Omsar) a déjà organisé plusieurs séminaires afin de sensibiliser le service public ; il a également publié diverses brochures tout en sollicitant l’aide de la Banque mondiale». Le ministère de la Réforme administrative a reçu, il y a tout juste deux semaines, de la Banque mondiale, 96 mille dollars afin de commencer à élaborer un plan national. À la question de savoir pourquoi tant de retard a été enregistré dans un nouveau ministère chargé lui-même de moderniser l’administration, M. Raymond Khoury, directeur technique de l’unité de coopération à l’Omsar, a déclaré à L’Orient-Le Jour que «le don devait arriver en octobre mais c’est à cause du changement ministériel que l’aide a tardé à venir». «Un projet de loi a aussi été élaboré, mais il n’a pas encore été soumis au Parlement», dit-il. Et de poursuivre qu’actuellement «des projets avec le Canada et l’ambassade d’Australie sont en cours de négociation». «De plus, ajoute-t-il, la Banque mondiale pourra nous octroyer dans un deuxième temps la somme de cinq cent mille dollars afin de mettre en place le plan élaboré». M. Issam Abdelkader, conseiller pour les affaires informatiques auprès du Premier ministre et enseignant à l’Université libanaise, a pour sa part estimé que «la catastrophe peut très facilement être évitée à une seule condition, celle d’agir vite». M. Salah Rustum, membre de la Chambre de commerce d’îndustrie de Beyrouth (CCIB) et qui s’occupe personnellement des répercussions du bug de l’an 2000 auprès des entreprises privées, précise que «la CCI s’est adressée à toutes les entreprises du secteur privé en septembre». «Nous avons agi en transmettant un savoir-faire et en aidant sur le plan technique», dit-il. «Des conférences ont été données dans les hôpitaux et les universités privées». Au cours des discussions, proposant des solutions au bug de l’an 2000 au Liban, MM. Rustum et Abdelkader ont appelé «à la mise en place d’un haut comité technique dépendant directement du Premier ministre et regroupant les secteurs public et privé». Doit-on s’attendre à des catastrophes pour les premières minutes du troisième millénaire ? Qu’est-ce qui pourrait se dérégler au Liban ? Tout : les télécommunications, l’électricité, l’aéroport, les avions, les banques, les hôpitaux, les usines, les fax, les vidéos, certains véhicules récents … bref toutes les machines automatisées. Les seules informations rassurantes viennent du secteur privé où les 85 banques libanaises et les entreprises auraient déjà des programmes pour faire face aux imprévus. Le secteur public, lui, doit relever le défi.
Le monde arabe se prépare tant bien que mal à faire face au bug de l’an 2000. Ce sujet était au cœur des discussions hier entre les experts de la région, réunis à la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (Escwa), place Riyad el-Solh. La Commission avait invité les experts du monde arabe afin de leur soumettre les recommandations prises à ce sujet par...