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Actualités - CHRONOLOGIE

Liban-Sud - L'affaire d'Arnoun embarrasse les Etats-Unis et Israël Sur demande américaine, Beyrouth renonce provisoirement à se plaindre à l'Onu (photo)

Le Liban a décidé hier de surseoir à sa décision de déposer une plainte au Conseil de sécurité de l’Onu contre l’incorporation, par Israël, du village d’Arnoun à la bande frontalière occupée. Il l’a fait à la demande des États-Unis, afin d’accorder une chance aux tractations diplomatiques que compte effectuer l’Administration Clinton. Pour persuader le Liban de s’en remettre aux efforts de son pays, l’ambassadeur américain David Satterfield a rencontré successivement, le chef de l’État, le président de l’Assemblée et le président du Conseil, avant de prendre l’avion aujourd’hui pour Washington. On apprend de source informée que le Liban se réserve le droit de recourir de nouveau au Conseil de sécurité si la démarche américaine venait à échouer. Le gouvernement demande le retour au statu quo ante à Arnoun et le démantèlement des barbelés installés autour du village, ainsi que le déminage de la bande de terre comprise entre les deux rangées de barbelés. L’affaire d’Arnoun, que l’État hébreu avait essayé de présenter comme étant anodine, semble maintenant se retourner contre lui. Les États-Unis se sont émus de la détermination du Liban à déposer une plainte au Conseil de sécurité, car ils sont conscients qu’ils ne pourront opposer automatiquement leur veto à une éventuelle condamnation d’Israël sans contredire certains de leurs principes. L’Amérique fait en effet campagne contre les mines antipersonnel, qui tuent et déforment plusieurs milliers de personnes de par le monde, tous les ans. Or Israël a cyniquement installé deux rangées de fils de fer barbelés, sur une longueur de deux kilomètres, autour d’Arnoun et dans la bande de terre entre les barbelés, des mines ont été posées. Défense du comité de surveillance Même Israël est embarrassé par cette affaire, qui a pris des proportions inattendues. Mesure électoraliste par excellence, l’isolement d’Arnoun «pour des raisons de sécurité» a prouvé, quelques jours plus tard, son inanité. Par ailleurs, une plainte au Conseil de sécurité ne pourrait que se répercuter négativement sur la cote de popularité du Premier ministre Benjamin Netanyahu. On rappelle que le comité de surveillance réuni à Nakoura a refusé de considérer que l’isolement d’Arnoun est une violation des arrangements d’avril 96. Le Liban affirme, pour sa part, qu’en isolant la population civile de ses champs et de ses occupations légitimes Israël viole de façon flagrante cet accord, qui demande aux protagonistes sur le terrain, au Liban-Sud, de tenir les populations civiles à l’écart des combats. En outre, le Liban considère que les mesures israéliennes sont un élargissement de la zone de 850 kilomètres carrés ocupée par Israël depuis 1985, au Liban-Sud, et considérée comme sa «zone de sécurité» contre d’éventuelles attaques sur le nord israélien. Pour sa part, Israël prétend que le village faisait déjà partie de sa «zone de sécurité», et qu’il ne l’a isolé que pour empêcher le Hezbollah de l’utiliser comme base de départ pour ses attaques . Le comité de surveillance est coprésidé par les États-Unis et la France, et compte des représentants du Liban, de la Syrie et d’Israël . Pour obtenir que le Liban fasse marche arrière, l’ambassadeur des États-Unis a multiplié hier les démarches, rencontrant successivement le président Lahoud, ainsi que MM. Nabih Berry et Sélim Hoss. À l’issue de son entretien avec M. Berry, le diplomate américain a déclaré : «Nous continuons de nous occuper de l’affaire d’Arnoun. Nous déployons des efforts avec toutes les parties pour préserver le calme au Sud et régler cette question (…). Nous continuerons de le faire en vue d’un règlement qui donne satisfaction au gouvernement libanais et tienne compte également des considérations de sécurité». Considérant le cas d’Arnoun sur le plan purement humanitaire et insistant sur la nécessité d’empêcher un accroissement de la tension au Sud et d’y stabiliser la sécurité, M. Satterfield devait déclarer par la suite, à l’issue de son entretien avec M. Hoss qu’il «préconisait d’autres moyens pratiques adaptés aux objectifs que nous recherchons, au lieu de recourir à des mesures qui pourraient ne pas déboucher sur un règlement». Défendant la mission et la raison d’être du «comité de surveillance», M. Satterfield a déclaré que cette instance «œuvre en fonction de l’appui qu’elle reçoit et du consensus qu’elle tire de tous ses membres . Son efficacité est fonction de ce consensus, et la réunion d’hier n’a pas débouché sur un consensus. Mais elle a pris note de l’inquiétude du gouvernement libanais et nous pensons qu’il est de l’intérêt de tout le monde que des progrès se fassent». Pour sa part, le chef de l’État devait également rencontrer, hier matin, le commandant en chef de la Finul, avec lequel il a abordé la mission spécifique de cette force. De son côté, M. Hoss a demandé au représentant permanent du Liban à l’Onu, Samir Moubarak, de sonder les représentants des cinq membres permanents du Conseil de sécurité sur les chances de succès d’une plainte libanaise. La position du gouvernement fait l’unanimité de la classe politique, qui se félicite de la façon dont l’affaire d’Arnoun a mobilisé les Libanais et fait leur unité. Le village d’Arnoun, situé au pied d’une position israélienne retranchée dans le Château de Beaufort, une forteresse datant des croisades (XIe siècle), et qui surplombe une grande partie du Liban-Sud, a été isolé il y a une semaine du reste du Liban par une double rang de barbelés de deux kilomètres de long et un champ de mines.
Le Liban a décidé hier de surseoir à sa décision de déposer une plainte au Conseil de sécurité de l’Onu contre l’incorporation, par Israël, du village d’Arnoun à la bande frontalière occupée. Il l’a fait à la demande des États-Unis, afin d’accorder une chance aux tractations diplomatiques que compte effectuer l’Administration Clinton. Pour persuader le Liban de...