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Actualités - ANALYSE

Partis politiques - La désignation d'un successeur à Georges Saadé Le parti Kataëb a entamé ses élections primaires

Le parti Kataëb, qui élit le 21 mars prochain un nouveau chef devant succéder à Georges Saadé décédé à la fin de l’année dernière, a entamé au début de cette semaine les élections primaires pour désigner les 52 membres devant compléter le collège électoral qui en compte 128. À la suite de la dernière réforme des règlements du parti, le collège électoral a été divisé en deux parties. La première est constituée de 76 membres. Elle comprend les chefs des régionaux, les chefs et les membres de certains services techniques désignés, les vice-présidents du parti, le secrétaire général et les membres du bureau politique élus par leurs pairs. La seconde comprend 52 membres représentant les régionaux et les services dits de masse. Ces derniers, dont l’élection a commencé depuis le début de cette semaine, sont élus par leurs camarades. Ce sont ces primaires qui sont en train de se dérouler actuellement au parti. Elles doivent se terminer le 6 mars prochain. Toujours d’après les règlements du parti, seuls les membres qui auront renouvelé leur carte auront le droit de participer aux élections. Sur les 120 mille membres, toujours inscrits sur les registres du parti, d’après des statistiques datant de la fin des années 80, seuls 6 000 membres ont accepté de participer à l’opération électorale actuelle. Ce chiffre, qui semble dérisoire par rapport aux raz-de-marée que le parti a connus durant de longues années, est le double de celui enregistré lors des élections de 1998. L’érosion du parti Kataëb qui a commencé effectivement avec la mort de l’ancien président de la République Béchir Gemayel a pris toute son ampleur avec la guerre FL-Michel Aoun de 1989-1990. Les autres chiffres qui sont à mentionner aussi sont les suivants : pour ce qui est de la seconde tranche du collège électoral, la moitié des sièges reviendra à 6 régionaux et à deux services de masse, qui grouperont 27 des 52 délégués qui seront élus d’ici le 6 mars prochain : ainsi le régional du Metn aura 7 délégués, ceux du Batroun et du Kesrouan 4 chacun, Baabda et Jbeil 3 et Aley 2. Pour les services de masse, seuls celui de la condition de la femme et celui des affaires syndicales auront chacun deux délégués . Douze membres élus d’office Par contre, certains autres régionaux n’auront pas d’autres voix que celle de leurs chefs déjà désignés. Cette carence concerne notamment les régionaux du Nord, à part celui de Batroun, secoués par plus d’un drame depuis 1978. À signaler que le secrétariat du parti a déjà déclaré élus d’office les représentants des régionaux de Zahlé, Tyr, Zahrani, Marjeyoun, Nabatieh, Bint-Jbeil, Baalbeck, Médawar et Jbeil, ainsi que le candidat du service des étudiants, ce qui totalise 12 membres du collège électoral sur 52. On peut procéder à certaines premières constatations et à une analyse empirique de l’état des lieux, notamment à Beyrouth et dans les principaux régionaux, où une vraie bataille électorale semble se dessiner . • Le parti Kataëb reste fort au centre, au Mont-Liban et à Beyrouth. La périphérie, une vraie réserve stratégique du parti, constitue actuellement son talon d’Achille suite aux déplacements, aux déchirements, aux erreurs, et par suite aux désillusions. • Une mobilisation a sans doute été décrétée dans les rangs d’une partie de l’opposition, dans les rangs de certains des anciens loyalistes qui cherchent à s’affirmer comme pôles incontournables en vue d’éventuelles tractations, qui ne manqueront pas de se produire, soit avant les élections soit après, et dans les rangs de certains indépendants entrés en conflit avec l’ancien chef du parti. • Le régional du Batroun, traditionnellement fort, même avant Georges Saadé, fera le plein de ses voix, mais risque de ne pas en profiter dans le cas où une entente n’arrive pas à se dégager entre ses différents chefs de file. • Le Metn, le régional le plus fort, malgré le nombre élevé des représentants auquel il a droit, n’aura pas, lui non plus, un poids électoral correspondant à son importance, car une union entre les différents courants présents dans cette région, notamment ceux de l’opposition, est difficilement envisageable. • Au Kesrouan, les choses sont plus nettes : à la tentative de certains des membres de l’opposition qui ont essayé de rassembler les anciens combattants, l’actuelle direction du régional a fait le plein de ses voix, et si une bataille va lui être imposée, comme tout semble l’indiquer, elle réussira à faire élire les 4 grands électeurs auxquels elle a droit. • La perte de vitesse de cette fraction de l’opposition au Kesrouan et aussi à Jbeil va se répercuter sans aucun doute sur la bataille dans les différentes régions de Beyrouth. Traditionnellement point fort de la première opposition, celle organisée par le Dr Élie Karamé à partir de 1986, Beyrouth ne pourra pas avoir le poids électoral mérité. Piégée par son boycott décidé depuis longtemps, cette opposition s’est aussi affaiblie du fait de certains de ses membres qui ont préféré faire cavalier seul, prenant tous les risques pour entrer dans une bataille qui peut très bien ne pas leur réussir. • Une fois pour toutes, les anciens des FL, le groupe de l’ancien chef de l’État Amine Gemayel et les autres groupes de l’opposition se sont retirés de la course, préférant attendre les résultats du 21 mars prochain pour traiter directement avec le nouveau chef du parti. Pour ce qui est des candidats, trois poursuivent, chacun à son rythme, leur campagne. MM. Mounir Hajj, Karim Pakradouni et Rachad Salamé continuent à être les seuls candidats officieux en lice. Cette réalité semble devoir rester inchangée sauf surprise de dernière minute qui viendrait renverser toute la donne, éventualité que rien ne semble, jusqu’ici, présager. Mais les Libanais, toujours hantés par cette notion de complot qu’ils ont tendance à voir partout, n’arrivent pas à croire que les jeux peuvent pour une fois être faits par 128 électeurs libres, laissés à eux-mêmes dans leur tentative de sauver un parti qui souffre et de son passé et des grands changements qui sont intervenus au Liban et dans la région.
Le parti Kataëb, qui élit le 21 mars prochain un nouveau chef devant succéder à Georges Saadé décédé à la fin de l’année dernière, a entamé au début de cette semaine les élections primaires pour désigner les 52 membres devant compléter le collège électoral qui en compte 128. À la suite de la dernière réforme des règlements du parti, le collège électoral a...