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Actualités - CHRONOLOGIE

Sécurité - L'affaire de l'Armée rouge japonaise revient sur le tapis Campagne pour l'octroi de l'asile politique à Kozo Okamoto(photo)

Dans un an très exactement, les 5 membres de l’Armée rouge japonaise auront achevé de purger leur peine dans les prisons libanaises. Quel sera ensuite leur sort ? Telle est la grande question qui se pose aujourd’hui. D’autant qu’au cours d’une récente visite à Beyrouth, le ministre japonais des Affaires étrangères a clairement exprimé le souhait de son gouvernement d’obtenir leur extradition. C’est justement pour éviter une telle «solution» que le comité des amis de Kozo Okamoto (unique survivant de l’opération à l’aéroport de Tel-Aviv en 1972) a lancé hier une campagne médiatique pour l’octroi de l’asile politique à Kozo et à ses compagnons. Le 16 février 1997 éclatait à Beyrouth une des affaires les plus rocambolesques de ces dernières années. Une unité du service de la Sûreté de l’État a arrêté des personnes «dites de type asiatique», accusées de détenir de faux papiers. Une infirmière libanaise, Oumayya Abboud, était aussi arrêtée dans la Békaa, en principe pour les mêmes raisons. Officiellement, il s’agissait d’un réseau de fabricants de faux papiers, détenteurs aussi de sceaux officiels falsifiés. Agissant sous les ordres du brigadier Ali Makki, alors responsable de la Sûreté de l’État, l’unité avait pris cette initiative sans alerter les autorités compétentes, notamment le parquet. Quelle n’a été donc la surprise de ces autorités lorsque des émissaires japonais ont réclamé l’extradition des 5 membres de l’Armée rouge au lendemain de leur arrestation. Ce fut alors le cafouillage le plus total, les responsables n’étant pas au courant de l’arrestation des Japonais, et les émissaires nippons exhibant photos et détails pour appuyer leur revendication. C’est bien plus tard, et après une valse de déclarations contradictoires de la part de divers responsables que l’on saura qu’après une enquête minutieuse pour retrouver les membres de l’Armée rouge installés au Liban depuis le début des années 80, des services japonais avaient retrouvé leur trace et avaient préparé ce fameux coup de filet qui devait être réalisé par les hommes du brigadier Makki. L’opération était d’une grande précision, mais le bât a blessé lorsque les autorités libanaises et syriennes ont découvert l’identité des personnes arrêtées. En cette période troublée, il était impensable de livrer au Japon une figure mythique comme celle de Kozo Okamoto, haï par les uns et vénéré par les autres. Ce fut alors un des procès les plus étranges de l’histoire de la justice libanaise : des «terroristes» ou «des héros de la résistance» (selon le bord auquel on appartient), jugés comme de vulgaires criminels de droit commun, pour faux et usage de faux. Condamnés à trois ans de détention, Kozo Okamoto, Masao Adachi, Haro Wako, Kazuo Tohira et Mariko Yamamoto ont été installés à la prison de Roumié, les autorités libanaises ayant gagné trois ans de répit, avant de prendre une décision définitive à leur sujet. Aujourd’hui, leur affaire revient sur le tapis, le comité des amis de Kozo voulant devancer une éventuelle décision des autorités. En présence des députés Najah Wakim et Mohammed Raad, ainsi que de nombreux jeunes et moins jeunes nostalgiques de l’âge d’or de la résistance palestinienne et nationale, le comité a rappelé que le président Lahoud et le président du Conseil Sélim Hoss ont clairement annoncé un «appui sans limites» à la résistance contre Israël. «Par conséquent, a déclaré un de ses représentants, ils ne peuvent que refuser de livrer Kozo, qui est une partie intégrante de cette résistance». Selon le comité, Kozo et ses compagnons risquent la peine de mort dans leur pays, ou alors une détention illimitée dans des conditions atroces. Me Élias Moutran, membre de ce comité, a réclamé l’octroi de l’asile politique à ces «résistants», en guise de témoignage de reconnaissance à «ces étrangers qui se sont sacrifiés pour la cause arabe et pour montrer que le Liban est un pays qui protège la dignité des hommes». Me Moutran a ensuite évoqué les mauvaises conditions de détention des Japonais, obligés parfois, en raison de l’étroitesse des cellules, de côtoyer «des agents israéliens», privés de visites, sous prétexte qu’ils n’ont pas de famille au Liban et surtout manquant de soins médicaux, alors que Kozo et Masao souffrent d’importants troubles de santé. Le comité a annoncé qu’il compte entreprendre une vaste campagne en faveur des Japonais et les autorités libanaises devront forcément en tenir compte lorsque viendra le jour décisif.
Dans un an très exactement, les 5 membres de l’Armée rouge japonaise auront achevé de purger leur peine dans les prisons libanaises. Quel sera ensuite leur sort ? Telle est la grande question qui se pose aujourd’hui. D’autant qu’au cours d’une récente visite à Beyrouth, le ministre japonais des Affaires étrangères a clairement exprimé le souhait de son gouvernement...