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Actualités - REPORTAGES

Infrastructure - Le port de Beyrouth en pleine mutation Le savoir-faire de Dubaï pour développer le terminal de conteneurs(photos)

Vers le milieu des années 60, l’émirat de Dubaï a eu recours au savoir-faire libanais pour tester, par le biais d’un avion de la MEA, la première piste d’atterrissage de son aéroport qui en était encore à son stade embryonnaire. Près de trente ans plus tard, c’est le retour du balancier. L’émirat offre aujourd’hui son know how au Liban pour développer le terminal de conteneurs du port de Beyrouth. Un accord en ce sens a été signé à la fin de l’année dernière entre la société de développement des ports (du Liban) et l’Autorité des ports de Dubaï (née de la fusion, en 1991, du port Rashed, dans le centre-ville de l’émirat, et du port de Jabal Ali, distant de 35 kilomètres). L’agrandissement du terminal de conteneurs (bassin No 4) s’inscrit dans le cadre du projet de réhabilitation et de développement du port de Beyrouth mis en chantier en octobre 1996 grâce à un contrat d’une centaine de millions de dollars conclu entre le Liban et le groupement d’entreprises Entrecanales/Cubiertas. Les travaux relatifs au terminal de conteneurs devraient être achevés en juin de l’an 2000. Conformément à l’accord intervenu avec la société libanaise de développement des ports, l’Autorité des ports de Dubaï aura un rôle de consultant et prendra en charge la gestion du terminal de conteneurs. L’accord est d’une durée de cinq ans, renouvelable jusqu’à 20 ans. Dubaï a remporté l’adjudication face à une dizaine de compagnies internationales qui étaient en lice. Le projet en cours d’exécution vise à doter le terminal en question d’une capacité de 250 000 conteneurs de vingt pieds par an au cours de la première année faisant suite à l’achèvement des travaux (juin 2000). Cette capacité (exprimée en TEU, ou Twenty feet Equivalent Units) devrait atteindre rapidement un million de conteneurs de vingt pieds par an, ou TEU (contre un peu plus de 100 000 actuellement). Si l’Autorité des ports de Dubaï s’est vue confier ainsi la gestion du terminal de conteneurs de Beyrouth, c’est qu’elle a acquis une riche expérience dans le domaine. Le complexe portuaire de l’émirat a été classé en 1997 en dixième position dans le classement mondial des ports internationaux à conteneurs. En 1996, Dubaï occupait la douzième place dans ce classement mondial. L’accord conclu avec Beyrouth n’est pas la seule manifestation de l’extension du rôle du port de Dubaï en dehors des frontières de l’émirat. Le 10 février, un protocole d’accord a ainsi été signé entre le président de la zone franche d’Abou Ali (qui fait partie du port de Dubaï) et la zone franche de Tanger. Cet accord de coopération prévoit, notamment, parallèlement à un échange d’informations, des stages de formation qui seront organisés par l’Autorité du port de Dubaï à l’intention des cadres de la zone franche de Tanger. Au lendemain de la signature de cet accord, le président de la zone franche d’Abou Ali et de l’Autorité du port de Dubaï, Sultan ben Sulayem, recevait une délégation sicilienne, venue s’informer de l’expérience de la zone franche d’Abou Ali. Cette percée fulgurante enregistrée par le port de Dubaï s’explique par les moyens mis en œuvre par les autorités de l’émirat pour drainer les investissements étrangers. Alors que l’activité maritime commençait à atteindre un point de saturation du fait de la présence du port Rashed en pleine agglomération urbaine, les autorités en question se lancèrent en 1977 dans une entreprise particulièrement ambitieuse (et audacieuse) : la construction d’un vaste port et d’une large zone franche dans la région de Jabal Ali. Le complexe portuaire d’Abou Ali (inauguré officiellement en 1985) a une superficie globale de 100 kilomètres carrés. L’ensemble des deux ports de Rashed et de Jabal Ali (qui fusionnèrent en 1991 pour donner naissance au Port de Dubaï) possède 102 portiques de déchargement équipés d’un matériel ultramoderne pour accélérer l’embarquement et le déchargement des conteneurs. En 1998, le port de Dubaï a enregistré un mouvement de conteneurs de 2,8 millions de TEU, contre 2,6 millions en 1997. Pas de concurrence avec Beyrouth Le projet en cours d’exécution à Beyrouth permettra de construire quatre portiques de débarquement, le manque d’espace disponible devant être compensé par l’adoption de méthodes performantes permettant une superposition verticale des conteneurs. Le développement de ce terminal de conteneurs à Beyrouth ne risque-t-il pas de constituer une sérieuse concurrence pour le port de Dubaï. Le président de l’Autorité des ports de Dubaï apporte une réponse sans équivoque sur ce plan. Jeune, dynamique, affable, s’exprimant dans un anglais quasi parfait, et vêtu du traditionnel habit des émirats, Sultan ben Sulayem nous reçoit, en même temps qu’une délégation de l’AFP, dans son bureau du plus pur style occidental, surplombant la vaste zone franche de Jabal Ali. «Le port de Beyrouth n’est nullement un concurrent pour nous, souligne-t-il, car Beyrouth a une vocation méditerranéenne alors que Dubaï axe son activité dans la région du Golfe et couvre également l’Iran et l’Afrique de l’Est, en plus des marchés émergents de l’ex-Union soviétique. Nous sommes donc intéressés à contribuer au développement du port et du terminal de conteneurs de Beyrouth, d’autant que nos rôles respectifs sont complémentaires. Nous pensons que le port de Beyrouth aura un rôle de premier plan à jouer dans la région». Le président du port de Dubaï précise que leur rôle en tant que consultant dans le projet de développement du terminal de conteneurs a débuté dès la signature de l’accord, fin 1998, avec la société libanaise, représentée par M. Claude Sfeir. «Nous avons entamé notre action sans attendre la fin des travaux (en juin de l’an 2000), indique Sultan ben Sulayem. Nous devons commencer à plancher sur un large éventail de problèmes en rapport avec l’équipement, la gestion du terminal, les contacts avec l’étranger, le fonctionnement quotidien etc… Nous apporterons notre “know how” sur ce plan». Des stages de formation destinés aux cadres libanais sont également prévus à Dubaï. Le petit émirat du Golfe bénéficiait, certes, de ressources naturelles importantes qui lui ont permis d’occuper une place de choix dans le classement des dix premiers ports de conteneurs dans le monde. Au Liban, désormais, de savoir mettre à profit ses ressources humaines pour pouvoir remonter la pente après la paralysie des longues années de guerre.
Vers le milieu des années 60, l’émirat de Dubaï a eu recours au savoir-faire libanais pour tester, par le biais d’un avion de la MEA, la première piste d’atterrissage de son aéroport qui en était encore à son stade embryonnaire. Près de trente ans plus tard, c’est le retour du balancier. L’émirat offre aujourd’hui son know how au Liban pour développer le terminal...