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Actualités - CONFERENCES INTERNATIONALES

La "Déclaration de Turin"

Cette rencontre a lieu après celle de Valencia (Espagne/1992), sur «les cultures et les transmissions des cultures», et celle de Tunis (Tunisie/1995) sur «le travail et le temps des femmes». Le thème de la troisième rencontre, outre l’opportunité de contribuer à la Conférence mondiale de Budapest, a été choisi en raison de la place de plus en plus prépondérante des sciences et des technologies dans la vie des femmes et des hommes, l’enjeu qu’elles représentent dans les relations entre les différents pays de la région et les questions éthiques et politiques qu’elles posent. Cinq ans après la Conférence mondiale des Nations unies pour les femmes (Beijing/1995), alors que les États s’étaient engagés sur une plate-forme d’action, la place des femmes aux postes de décision dans les domaines scientifique et technologique dans les pays de la Méditerranée est préoccupante, et cela malgré la progression spectaculaire du nombre de femmes dans les carrières scientifiques et techniques. Ayant pris connaissance des résultats des conférences régionales d’Amérique latine (Bariloche-Argentine-octobre 1998), d’Europe (Bled-Slovénie-novembre 1998) et conformément à la tradition des rencontres du Forum des femmes de la Méditerranée, une déclaration adoptée à l’issue des travaux engage les signataires et le Forum des femmes de la Méditerranée réseau Unesco à réaliser directement ou à travers des actions de sensibilisation des décideurs, un certain nombre d’actions en vue de concrétiser leur prise de position. I. La question des «femmes, des sciences et des technologies» dans les pays méditerranéens est traversée par deux problèmes majeurs, celui de la disparité des femmes et des hommes dans le domaine des sciences et des technologies, et celui de la disparité des niveaux scientifiques et technologiques des pays; ces disparités sont sans doute les plus flagrantes dans cet espace et la cause du déséquilibre entre les pays de la région méditerranéenne. II. En ce qui concerne la coopération et les échanges entre les pays de la Méditerranée, les signataires de la déclaration demandent solennellement aux communautés scientifiques et politiques de la région, d’entreprendre une «mutualisation» des ressources de la science et de la technologie pour répondre aux problèmes spécifiques rencontrés par l’ensemble des pays de la région même les plus démunis. III. La science obéit à des logiques économiques, politiques et idéologiques qui orientent ses choix et qui, aujourd’hui, trop souvent, sont orientées par les exigences de la rentabilité économique pouvant aller, par exemple, jusqu’à exclure du champ de la recherche certaines molécules et de faire ainsi de certaines maladies, des maladies dites «orphelines», alors qu’elles concernent des populations entières. D’autre part, de plus en plus la science pose des problèmes d’ordre éthique à cause de son pouvoir d’intervention et de transformation du patrimoine génétique humain. Il est donc urgent de sensibiliser la société civile sur les conséquences de la science et des technologies sur la vie quotidienne des femmes et des hommes et sur la nécessité d’une meilleure compréhension de ses domaines. Les questions intéressant le devenir des sciences et des technologies doivent être posées, non seulement à l’intérieur de la communauté scientifique, mais également dans un cadre plus large car elles intéressent l’ensemble des citoyens et des citoyennes. IV. Pour répondre à l’ensemble de ces problèmes, la science doit se développer dans un environnement de liberté et de démocratie qui garantisse, à tous et à toutes, l’accès au savoir et l’accès au partage du savoir. Il est urgent que les femmes participent, elles aussi, à l’élaboration des règles éthiques, aux orientations des domaines de la recherche, de leurs utilisations et applications en détenant des postes de responsabilité. V. En ce qui concerne la disparité entre les hommes et les femmes, il faut souligner que les processus d’exclusion et de blocages des femmes sont les mêmes que ceux à l’œuvre dans les autres domaines de la vie économique, sociale et politique, et que l’argument de la neutralité des sciences, ou l’objectivité des sciences qui reconnaîtrait l’excellence sans tenir compte du sexe, est largement mis en cause par des exemples concrets et nombreux de femmes scientifiques qui n’ont pas été ou très tardivement reconnues. Seules 3% des prix Nobel sont des femmes. VI. La pauvreté, voire l’absence de culture scientifique, rend illusoire les efforts, quand ils existent, de certains pays de développer les domaines de recherche scientifique et technologique, et pèse lourdement sur l’avenir de ces pays. De même l’absence d’une réelle politique éducative égalitaire, flagrante dans certains pays, se retrouve presque dans l’ensemble de tous les pays de la Méditerranée dans l’enseignement scientifique dont les enseignants trop souvent reproduisent les stéréotypes de la différence des sexes. Les objectifs: * Au niveau méditerranéen 1. Obtenir la création d’un Observatoire scientifique régional «Femmes et sciences en Méditerranée» qui tienne à jour des statistiques sur la place et le rôle des femmes dans les différentes disciplines et favorise la circulation de l’information sur l’activité scientifique des femmes; et établisse des répertoires de compétence et de talents scientifiques. 2. Œuvrer à la circulation du savoir et des personnes entre les différents pays, en favorisant tout particulièrement les jeunes femmes chercheurs. Développer les réseaux entre les institutions scientifiques (universités, centre de recherche...) des différents pays du pourtour méditerranéen en vue de développer des projets communs de formation et de recherche. 3. Veiller à ce que les femmes bénéficient pleinement des accords de coopération scientifiques et technologiques entre les différents pays de la Méditerranée. * Au niveau national 4. Sensibiliser la société civile sur les conséquences de la science et des technologies sur la vie quotidienne des femmes et de la nécessité d’exercer un contrôle citoyen. 5. Combler le retard des femmes dans le domaine scientifique en: – entreprenant des actions pour lutter contre les préjugés qui font obstacle à l’accès d’un nombre de femmes plus important dans les filières et carrières scientifiques, notamment en s’adressant aux jeunes et à leur milieu familial – multipliant les actions de valorisation et de visibilité des femmes et de leur rôle dans le domaine scientifique et technologique – soutenant la mise en place de quotas de femmes dans les institutions scientifiques et techniques et la promotion des femmes aux postes de direction 6. Multiplier les actions de vigilance et de surveillance afin de veiller à la participation des femmes à la définition des politiques, aux choix des priorités en matière d’enseignement et de recherche scientifique et d’allocation budgétaire, aux débats fondamentaux dans les comités d’éthique (définition des règles de contrôle des implications des découvertes scientifiques sur la vie humaine), et cela à l’intérieur des organes et institutions existants et à travers les organisations non-gouvernementales.
Cette rencontre a lieu après celle de Valencia (Espagne/1992), sur «les cultures et les transmissions des cultures», et celle de Tunis (Tunisie/1995) sur «le travail et le temps des femmes». Le thème de la troisième rencontre, outre l’opportunité de contribuer à la Conférence mondiale de Budapest, a été choisi en raison de la place de plus en plus prépondérante des sciences et des...