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Actualités - ANALYSE

Réforme - Le climat reste tendu et se fait délétère Le coup de frein indispose certains loyalistes

Un ministre «politique» (l’équipe en place s’agrémentant d’une autre variété dite technocratique) reconnaît mezza voce que la réforme administrative entreprise ne ressemble que de loin à une réussite, au stade où l’on est arrivé. Mais il espère qu’une fois terminée elle permettra d’atteindre l’ambitieux objectif de modernisation que le gouvernement s’est fixé. Tout en estimant donc qu’il ne faut pas juger trop vite, ce ministre souligne qu’à son avis, on ne va pas assez vite en besogne. Dans la mesure, ajoute-t-il, où on garde trop longtemps la porte ouverte aux mises à l’écart, le climat reste tendu et se fait délétère. Car une telle situation, qui équivaut à une levée indéfinie de leur immunité, plonge l’ensemble des fonctionnaires dans une inquiétude, une incertitude qui paralyse peu ou prou les services qu’ils assument. D’autant que les directeurs qui viennent d’être intronisés ont besoin d’un peu de temps pour se familiariser avec leur département comme avec leurs nouvelles responsabilités avant de devenir vraiment opérationnels. Ce ministre souligne en conséquence que «s’il devait par malheur se confirmer qu’on arrête les frais là, qu’on n’ira pas plus loin dans la réorganisation, il serait évident que la tentative de refonte aurait débouché sur un fiasco total, comme tant d’autres par le passé. Il est notoire en effet qu’il subsiste nombre de mauvais sujets au niveau directorial dans les administrations comme dans les entreprises publiques ou les offices autonomes. S’ils devaient rester en place, il serait facile de dénoncer à la fois la protection politique présumée dont ils auraient bénéficié et l’injustice ou la discrimination qui a frappé les exclus. L’opposition aurait la partie belle et emporterait la manche face à une opinion publique qui n’admet pas qu’il y ait deux poids deux mesures, ni qu’on s’arrête en si bon chemin». Cependant d’autres loyalistes soulignent que de telles appréhensions ne sont pas fondées. «Le chef de l’État, rappelle l’un d’eux, ne cesse de répéter devant ses visiteurs que la réforme administrative se poursuivra sans faute et sans faille. Le gouvernement ne peut pas toutefois décréter un train de mesures à chaque réunion du Conseil des ministres, pour la simple raison qu’il est tributaire à cet égard du travail des organismes de contrôle. Auxquels il faut laisser du temps pour boucler leurs rapports en base de l’étude des dossiers du personnel, que cela soit pour les limogeages ou pour les désignations». Cette source avoue que le Cabinet a été «un peu embarrassé par les reproches de précipitation qu’on lui a adressés quand il a promulgué les premières évictions. Avait-il vraiment pris la peine de vérifier la solidité des charges ? Pour éviter ce genre d’interrogation, il préfère maintenant aller à pas lents. Mais sûrs». Mais du coup, ce sont des questions sur sa soudaine lenteur que le gouvernement se voit poser. Par ailleurs, il se répète dans les cercles politiques que bon nombre de directeurs généraux mis à la disposition du chef du gouvernement vont recevoir sous peu de nouvelles affectations. Ce qui commue leur sort administratif en simple mutation. Une rumeur qui inquiète le ministre cité plus haut. «Si d’aventure la liste de ces repêchés devait comprendre des noms douteux, toute l’opération de réforme serait discréditée et tomberait à l’eau». À son avis «il aurait été préférable de ne pas rééditer les expériences d’antan. Qui consistaient à donner un coup de balai lors de l’avènement d’un nouveau régime, sans que cela n’aille plus loin. Ce qui fait que l’impression générale était que le pouvoir avait simplement remplacé des cadres pour placer ses propres hommes». Et d’ajouter que «la crainte évidente de sanctions contre lesquelles ils étaient auparavant prémunis aurait suffi à remettre les fonctionnaires dans la bonne voie. Au lieu d’élaguer à tour de bras, on aurait pu se contenter d’une circulaire ferme, interdisant désormais ce que l’on appelle le double salaire et mettant en garde contre les pots-de-vin, pour que tout rentre dans l’ordre». Un point de vue que contestent évidemment les loyalistes partisans de l’épurateur. Pour qui on ne peut réorganiser l’Administration et la moderniser si on ne l’a pas d’abord nettoyée de fond en comble.
Un ministre «politique» (l’équipe en place s’agrémentant d’une autre variété dite technocratique) reconnaît mezza voce que la réforme administrative entreprise ne ressemble que de loin à une réussite, au stade où l’on est arrivé. Mais il espère qu’une fois terminée elle permettra d’atteindre l’ambitieux objectif de modernisation que le gouvernement s’est...