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Actualités - ANALYSE

Scandales financiers - Des accusations qui restent sans suite Pas de transparence sans loi sur l'enrichissement illicite

Pour un politicien chevronné, ce qui se passe actuellement sur la scène politique provoque une impression de déjà-vu. Des l’avènement d’un nouveau régime, celui qui l’a précédé est accusé de corruption, de détournement et de violation des lois. Les régimes se succèdent sans que la population apprenne la vérité. En effet, ni la justice ne prononce de verdicts, ni des commissions d’enquête ne sont formées pour tirer au clair les accusations colportées. Seuls quelques fonctionnaires sont sacrifiés pour payer le prix des erreurs du passé. Ce même politicien fait observer qu’aucune réforme entreprise au cours des cinq dernières décennies n’a réussi à éradiquer la corruption qui ronge l’administration publique. Le processus de réforme s’est toujours limité au limogeage de quelques fonctionnaires, soit parce qu’effectivement un doute plane autour de leur intégrité, soit parce que leur allégeance politique allait au régime précédent. Lors du mandat de Camille Chamoun, le régime de Béchara el-Khoury a été accusé de corruption. Le Amid Raymond Éddé a été chargé à l’époque d’élaborer un projet de loi sur l’enrichissement illicite promulgué par un décret-loi portant le numéro 38/1953. Mais lorsqu’on a voulu mettre en application ce décret, on s’est rendu compte que les personnalités politiques et les fonctionnaires devaient faire une déclaration de patrimoine. Une loi complémentaire a donc été promulguée le 14 avril 1954. Toutefois, seul un nombre restreint de fonctionnaires ont fait des déclarations. La plupart des autres serviteurs de l’État ont changé leur fusil d’épaule pour se protéger. La seule fois où la loi a failli être appliquée c’est quand l’ancien député et ministre Habib Moutran a réclamé des poursuites contre l’ancien chef du Législatif Sabri Hamadé. Les motifs étaient en réalité politiques et visaient à exercer des pressions sur Hamadé pour l’amener à rejoindre le camp chamounien. Les divergences entre le gouvernement et le Parlement À l’époque du mandat de Fouad Chéhab, cette loi a été dépoussiérée. Des amendements y ont été introduits en prévision de son application. Mais, après l’avoir révisée, le président Chéhab a demandé à Raymond Éddé, ministre au sein du gouvernement quadripartite, que ses dispositions ne soient pas appliquées aux militaires. M. Éddé a refusé, et le projet a de nouveau été oublié dans les tiroirs jusqu’à la fin du mandat du président Élias Hraoui qui a voulu le mettre en œuvre. Cependant, les divergences entre le gouvernement et le Parlement au sujet des amendements susceptibles d’être introduits ont une nouvelle fois empêché le vote du projet. Le président Émile Lahoud, qui a placé d’emblée son mandat sous le signe de l’intégrité et de la transparence, ne s’est pas laissé décourager par tous ces échecs et veut s’attaquer à cette question. La commission formée pour seconder le ministre de la Justice, Joseph Chaoul, dans l’élaboration d’un nouveau projet sur l’enrichissement illicite, doit tenir demain jeudi une réunion. La mouture finale du projet ne devrait pas tarder à voir le jour. Mais reste à savoir si le gouvernement et la Chambre réussiront à s’entendre. Ou encore, si le texte sera effectivement appliqué au cas où il serait approuvé par les députés. Les gens ont le droit de savoir. Le mauvais exemple Il n’est plus permis que des accusations portant sur la disparition de milliards de livres soient lancées sans que des enquêtes soient menées pour lever le voile et pour déterminer les responsabilités de chacun. Quand le président Nabih Berry a annoncé la mort de la troïka lors du mandat précédent, il a révélé que cette formule servait de couverture aux détournements de fonds. Cette accusation grave, bien qu’émanant du chef du pouvoir législatif, est restée sans suite. Ni le Parlement, ni le parquet n’ont bougé pour essayer d’en savoir plus. Pire encore. Le président Hraoui a accusé certains ministres de ne pas payer leurs factures d’électricité. Personne n’a rien fait et de nombreux abonnés de l’EDL, encouragés par les révélations du chef de l’État, ont décidé de suivre le mauvais exemple de ceux qui sont supposés veiller au respect des lois. Toute la classe politique, ainsi que des milliers de personnes ordinaires, ont par ailleurs lu le livre de Najah Wakim, «Les mains noires», dénonçant de nombreux scandales. Ni le Parlement, ni la justice, n’ont bougé pour vérifier la véracité des accusations lancées par le député de Beyrouth. Les histoires de ce genre n’en finissent pas. Les gens sont fatigués d’entendre parler de scandales sans jamais en connaître l’issue. Si les accusations lancées sont infondées, il faut que les responsables de telles rumeurs soient jugés et condamnés parce que c’est de la réputation du Liban qu’il s’agit. Et si effectivement ces scandales se révèlent vrais, il faut que des sentences sévères soient prononcées contre les coupables. Le président Émile Lahoud n’a-t-il pas dit, dans son discours d’investiture, que les Libanais ont le droit de savoir ce qu’il est advenu de l’argent des impôts ?
Pour un politicien chevronné, ce qui se passe actuellement sur la scène politique provoque une impression de déjà-vu. Des l’avènement d’un nouveau régime, celui qui l’a précédé est accusé de corruption, de détournement et de violation des lois. Les régimes se succèdent sans que la population apprenne la vérité. En effet, ni la justice ne prononce de verdicts, ni...