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Actualités - REPORTAGES

Recherche scientifique - Un potentiel mais aussi des difficultés Energie atomique au Liban : une utilisation pacifique à placer sous haute surveillance (photos)

Un centre de l’énergie atomique au Liban ? L’idée paraît surréaliste dans un pays qui n’en est pas encore, loin de là, à posséder des centrales nucléaires. Et pourtant, c’est en réponse à un réel besoin que le Congrès national de la recherche scientifique libanais (CNRS) a créé il y a trois ans la Commission libanaise de l’énergie atomique, chargée de régulariser et de surveiller l’utilisation pacifique de cette source si délicate à manipuler. L’énergie atomique n’est pas employée seulement dans les grandes centrales. Les rayonnements ionisants et les sources de radiations sont utilisés dans le domaine hospitalier, dans l’industrie et même dans l’agriculture. Dans les hôpitaux, les radiographies (rayons X), les thérapies par le cobalt 60 et les accélérateurs linéaires (pour la thérapie du cancer) s’appuient sur l’énergie atomique. Dans l’industrie, les usines de ciment notamment possèdent des équipements à neutrons qui peuvent analyser rapidement les roches. De pareils équipements permettent aussi la mesure de l’épaisseur du goudron sur les routes et la détection des fissures dans les moteurs d’avion. Même en agriculture, les rayons d’origine nucléaire peuvent être utilisés, notamment pour lutter efficacement contre certains fléaux. Bref, le centre de l’énergie atomique, comme l’explique son directeur, M. Mahmoud Nasreddine, a comme objectifs principaux de surveiller d’une part l’usage de ces techniques atomiques ou nucléaires et de s’assurer d’autre part que le personnel qui les utilise est bien protégé (radioprotection). Une troisième activité dont le gouvernement a chargé le centre consiste à examiner l’indice de contamination radioactive de l’acier et de la ferraille importés. Un système devrait être bientôt implanté à cet effet. Par ailleurs, l’équipe du centre attend toujours l’adoption par le gouvernement d’un projet de loi qui lui donnerait la possibilité d’exercer sa tâche de radioprotection. «Nous sommes pratiquement le seul pays de la région qui ne soumet pas son équipement nucléaire à un système d’inspection et de contrôle de qualité, ou ses importations à une analyse systématique de leur degré de contamination en matières radioactives», déplore M. Nasreddine. À la question de savoir où en est le projet de loi, le directeur du CEA répond : «Un texte proposé par le CNRS a été modifié par le ministère de la Justice à la lumière des conventions signées par le Liban avec l’Agence internationale de l’énergie atomique, en vue d’assurer une plus grande autonomie de l’autorité réglementaire qui surveillera l’application de la loi. Ce projet est actuellement revu par le CNRS». Un maigre budget Sur les équipements du centre, M. Nasreddine répond : «La plupart de nos équipements sont un don de l’AIEA. Celle-ci s’occupe également de la formation de nos chercheurs et ingénieurs par ses experts, ainsi que de l’installation de gros appareils». Quels sont les principaux problèmes auxquels ils doivent faire face ? «Notre maigre budget (120 000 dollars par an environ) nous permet à peine de nous acquitter de nos frais quotidiens, et d’acquérir quelques produits chimiques et des équipements d’importance mineure, dit-il. Nous espérons que les services scientifiques que nous sommes capables de fournir nous permettront d’obtenir un supplément de budget pour assurer l’entretien de nos installations et le développement de nos laboratoires. Mais les textes ne nous autorisent pas à utiliser cet argent de manière à acquérir une autosuffisance puisque ces sommes doivent revenir à la caisse du CNRS. La question est débattue actuellement avec la direction du Conseil et nous espérons qu’une solution sera bientôt trouvée». Les activités du centre lui permettent de réaliser près de 6 000 dollars par mois, un chiffre qui pourrait doubler facilement dans les semaines prochaines si un système de surveillance de la ferraille et de l’acier importés est mis en place. C’est, en effet, le commerçant qui devra payer pour les tests effectués mais, comme l’assure M. Nasreddine, les frais sont minimes, moins de 0,1 cent par kilo examiné. Il va de soi que tout fer contaminé doit être renvoyé à sa source. Par ailleurs, le directeur du Centre de l’énergie atomique déclare que ses services sont en contact permanent avec les laboratoires arabes et étrangers. «Nos analyses ont une valeur incontestable et nous commençons à être connus», dit-il. Pour l’instant, l’équipe du centre est formée de cinq chercheurs à plein temps, de quatre chercheurs de l’Université libanaise à temps partiel, ainsi que trois ingénieurs et techniciens dans les laboratoires et quatre scientifiques responsables de l’inspection, de l’octroi de licences d’exportation et de l’enregistrement des sources radioactives. «Il nous faut cependant plus de chercheurs et de techniciens parce que nous allons avoir à assumer des charges très lourdes», souligne enfin M. Nasreddine. Le Centre de l’énergie atomique devrait également comprendre un centre d’énergies de substitution. Mais le projet est placé en veilleuse du fait du manque d’argent.
Un centre de l’énergie atomique au Liban ? L’idée paraît surréaliste dans un pays qui n’en est pas encore, loin de là, à posséder des centrales nucléaires. Et pourtant, c’est en réponse à un réel besoin que le Congrès national de la recherche scientifique libanais (CNRS) a créé il y a trois ans la Commission libanaise de l’énergie atomique, chargée de...