Communautés - Neuvième congrès du CPCO Rencontre oecumenique pour les patriarches catholiques d'Orient(photo)

Le Conseil des sept patriarches catholiques d’Orient (CPCO), est entré hier dans le vif du sujet, après avoir entamé mercredi soir les travaux de son neuvième congrès. Celui-ci sera essentiellement consacré à l’évaluation du premier congrès des patriarches et évêques catholiques d’Orient qui s’est tenu du 9 au 20 mai dernier au Liban, et à la mise en application de ses recommandations. Comme il est désormais de coutume, deux séances du congrès ont été consacrées hier à une rencontre avec les patriarches orthodoxes (grecs, syriens et arméniens-orthodoxes), au cours desquelles des questions pastorales communes ont été examinées avec franchise et réalisme : mariages mixtes, première communion dans les écoles, catéchisme commun, et en général tout ce qui a fait l’objet de l’accord de Deir el-Charfé du 14 octobre 1996. Les patriarches catholiques et orthodoxes sont convenus, en outre, de célébrer en commun, dans la basilique de Harissa, l’ouverture de l’année jubilaire 2000, à la veille de Noël. Au cours de leurs trois jours de réunion, les patriarches se pencheront sur les propositions publiées à l’issue du congrès de mai dernier, qui doivent servir de matière première à la rédaction d’une «lettre pastorale». Ils examineront par ailleurs deux rapports approfondis portant sur l’enseignement de la catéchèse au Moyen-Orient et le rôle de l’Église catholique au sein du Conseil des églises du Moyen-Orient. Ils échangeront enfin des réflexions sur les données politiques et démographiques du Moyen-Orient, les perspectives de paix, le phénomène de mondialisation et de sécularisation de la culture de masse, et tenteront de cerner, dans un monde en mutation, leur identité et leur mission. Centré sur la «coordination» entre les Églises catholiques d’Orient, le congrès de mai dernier avait débouché sur la recommandation de la création d’une «fédération» entre les Assemblées des patriarches et évêques catholiques d’Orient. Cette fédération prévue doit – en dépit des réticences qu’elle soulève chez certains évêques, et des pesanteurs sociologiques –, se doter d’un «organisme exécutif» relevant du CPCO comprenant des représentants des Églises membres. Sa tâche consistera à veiller à l’exécution des recommandations du congrès, à assurer la coordination entre les diverses commissions qui en émaneraient et à préparer d’autres congrès. Les séances du congrès se tiennent à huis clos et un communiqué final doit, en principe, être publié samedi 6 novembre à l’issue des travaux. Le CPCO regroupe les patriarches maronite, grec-catholique, syrien-catholique, arménien-catholique, chaldéen, latin et copte. Les propositions du Ier congrès des patriarches et évêques d’Orient Voici par ailleurs, des extraits des propositions formulées par le premier congrès des patriarches et évêques catholiques d’Orient qui s’est tenu en mai dernier au Liban. Nous retenons de ces propositions ce qui a trait au dialogue, au service social et aux droits de l’homme : L’engagement œcuménique La division entre les Églises fut l’une des causes de leur affaiblissement et demeure un obstacle à l’efficacité de leur mission et de leur témoignage. Toutefois, le mouvement œcuménique au XXe siècle est un signe de l’action de l’Esprit saint, qui rassemble en la personne du Christ les enfants de Dieu dispersés. C’est ce que confirment le Concile de Vatican II, les appels lancés par les papes et les patriarches catholiques d’Orient dans leurs lettres (mystère de l’Église), mouvement œcuménique). À la lumière de ce qui précède, les congressistes recommandent ce qui suit : Prier pour l’unité, non seulement durant la semaine consacrée annuellement à cet effet, mais également dans la liturgie de la messe et à toutes les occasions où les chrétiens sont réunis. Exposer clairement la théologie orientale et la diffuser dans les instituts théologiques. Appliquer les recommandations pratiques énoncées dans le document de Balamand (1993), notamment aux niveaux pastoral et catéchétique. Former une commission théologique chargée de clarifier les modalités de l’exercice de la mission de l’évêque de Rome, au service de la communion des Églises, conformément au désir formulé par le Saint-Père. Œuvrer à l’unification de la date de Pâques entre toutes les Églises d’Orient, au moins au niveau d’un même pays, et spécialement à l’occasion du Jubilé de l’an 2000. La participation à la citoyenneté Nous, chrétiens d’Orient, de par notre histoire et notre appartenance géographique, avons contribué et contribuons toujours au fil des siècles à l’édification de la civilisation et de la culture de nos sociétés. En conséquence, les congressistes recommandent ce qui suit : Approfondir notre appartenance à nos sociétés contemporaines et encourager l’engagement politique et social, et tout ce qui contribue au développement et au progrès de ces sociétés à tous les niveaux. Revendiquer le respect des droits individuels et collectifs des chrétiens pour leur permettre de participer pleinement à la vie de leurs sociétés. Les relations islamo-chrétiennes Conscients du fait que notre présence en Orient est une vocation divine et unique à témoigner du Christ et à servir l’homme, et compte tenu de notre coexistence quotidienne avec les musulmans, les congressistes recommandent : D’approfondir les raisons évangéliques qui poussent les chrétiens à établir des relations vraies avec leurs compatriores musulmans, transmettant ainsi les trésors de notre patrimoine humain et spirituel au monde entier. D’accorder à la formation au dialogue islamo-chrétien la place qui lui convient dans les programmes des séminaires et des instituts de théologie. Le service social L’Église est consciente du fait que les pauvres, c’est-à-dire les petits et les marginalisés, sont un signe privilégié de la présence du Christ parmi nous. C’est pourquoi l’Église leur accorde un amour particulier. Aussi, les congressistes recommandent ce qui suit : Accorder une importance accrue à la doctrine sociale de l’Église à tous les niveaux de la formation, de la publication et de l’application. Inciter les responsables à instaurer un régime politique et social juste, garantissant les droits des citoyens, et surtout des faibles et des opprimés. Établir des stratégies de développement communes dans chaque pays, comme au niveau de la région, en coopération avec les fidèles d’outre-mer. Encourager l’échange d’expériences, ainsi que la coordination entre les pays du Moyen-Orient, au niveau de l’action sociale. Créer, dans chaque pays, des fonds de solidarité dans les domaines de la santé, du logement, du travail etc. L’éducation et l’enseignement Toute personne a droit à l’éducation et à la formation nécessaires qui lui permettront d’occuper une situation digne et fructueuse dans sa société, c’est pourquoi les congressistes recommandent ce qui suit : Œuvrer sérieusement auprès des différents gouvernements pour que l’enseignement de base soit obligatoire et gratuit pour tous. Établir des fonds communs alimentés par les Églises et les institutions privées, en vue d’assurer l’enseignement aux plus démunis. La pensée et la culture Compte tenu de l’appel du Concile de Vatican II à vivifier et à répandre le patrimoine des Églises d’Orient, et conformément à la vocation d’enseignement et de promotion culturelle de l’Église, les congressistes recommandent ce qui suit : La création d’une association de penseurs, intellectuels et artistes chrétiens du Moyen-Orient, pour mettre en valeur, revivifier et répandre le patrimoine oriental et la pensée chrétienne et humaniste. La création d’un centre d’études et de recherches scientifiques, issu du Conseil des patriarches catholiques d’Orient, dont le rôle serait d’informer le Conseil, pour lui permettre de prendre les décisions adéquates. Les mass médias Étant donné l’importance des médias au service de l’évangélisation et leur impact positif ou négatif sur la mentalité de l’homme contemporain et sur son comportement, les congressistes recommandent ce qui suit : Accorder à ces moyens de communication, sous toutes leurs formes traditionnelles et modernes, l’importance qu’elles méritent au sein des institutions catholiques. Soutenir moralement et matériellement les moyens audiovisuels existant au Liban pour que leurs messages parviennent à tous les pays du Moyen-Orient. Renforcer le site Internet de l’Assemblée des patriarches et évêques catholiques du Liban, pour qu’il puisse recevoir toutes les informations, nouvelles et études des différents sites ecclésiaux et laïcs en Orient et dans les pays d’outre-mer. Ainsi, ce site central pourra devenir une «banque de données» chrétienne. Les droits de l’homme La défense des droits de l’homme et de sa dignité par l’Église est conforme à sa mission, et confirmée par sa foi que l’homme est créé à l’image de Dieu. Ainsi les congressistes recommandent ce qui suit : Inviter les autorités concernées dans chaque pays à promulguer les lois et à adopter les mesures nécessaires garantissant le respect de la vie humaine, depuis sa conception et à toutes ses étapes de son développement. Défendre les droits de tout homme victime d’humiliation et d’oppression, pour des raisons ethniques, politiques, religieuses, idéologiques ou autres. Presser les autorités concernées à traiter humainement les détenus et les prisonniers de guerre. Œuvrer en vue de promouvoir le respect des droits des enfants dans tous les domaines de la vie et lutter contre toutes les formes d’exploitation dont ils sont victimes. Demander aux autorités d’encourager, par tous les moyens, le retour des déplacés. Activer les commissions «Justice et Paix» et les fonder dans les pays où elles n’existent pas. Créer un observatoire permanent des droits de l’homme au Moyen-Orient, rattaché au Conseil des patriarches catholiques d’Orient, qui noterait les réalisations positives ou les violations nécessitant une prise de conscience et des prises de position adéquates.