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Actualités - ANALYSE

Emigrés - Un problème primordial sur le plan du rapport des forces politiques L'affaire des naturalisations revient sur le tapis

Un chant du cygne : avant d’être réenglouti par les Affaires étrangères, dans le cadre du nouvel organigramme ministériel, le département des Émigrés a organisé à Beyrouth un congrès de ses pupilles. Une rencontre dont les résolutions finales ont eu quelque effet par leur tranchant dans les cercles politiques et officiels. Finalement, M. Farès Boueiz, qui voyait d’un très mauvais œil la création d’un ministère des Émigrés, va avoir gain de cause. Tandis que les partisans de M. Nabih Berry, pour qui on avait inventé cette innovation des Émigrés sans exemple dans le monde, vont sans doute grogner qu’on les prive d’un droit acquis. En tout cas, les capitales étrangères vont se sentir soulagées : elles non plus n’appréciaient pas l’existence d’un service de vrais-faux diplomates, ces attachés libanais chargés de traiter chez elles des affaires de leurs ressortissants… Dans l’actuel Cabinet, on le sait, les ministères anciennement réunis puis séparés sous le précédent régime ont vu leurs portefeuilles confiés à un même ministre, en préparation à leur refusion. Les rivalités et les tiraillements entre départements se sont donc estompés et les Émigrés ont eu ainsi les coudées franches pour bien organiser le congrès des originaires. Les séances ont permis de dégager des résolutions assez importantes. Préparer par exemple un congrès des émigrés hommes d’affaires, ce qui sous-entend un effort de propagande pour les investissements au Liban. Promettre ensuite de tisser un lobby libanais international effectif. Et surtout, réclamer le droit de recouvrer leur nationalité libanaise, souvent perdue par inadvertance. On sait en effet qu’à la disparition de l’Empire ottoman, ses sujets avaient eu le choix pour ce qui est de leur nationalité. Les émigrés libanais avaient été pour la plupart mal informés ou pas du tout et ils ont laissé passer le coche. D’autres brèches leur ont certes été ouvertes par la suite, mais la communication n’avait pas non plus été parfaite et la majorité n’a pas accompli les formalités nécessaires pour obtenir une carte d’identité libanaise. Alors qu’ en Syrie une loi était édictée prévoyant que tout Syrien d’origine pouvait automatiquement revendiquer la nationalité syrienne. Localement, le problème de la nationalité est primordial sur le plan du rapport des forces politiques. On sait en effet que les émigrés d’origine libanaise sont à peu près trois fois plus nombreux que les résidents. On sait aussi que dans leur majorité ils sont de tendance libérale. On sait enfin que pour contrebalancer les effets discriminatoires du décret de naturalisations de 1994, l’Est exige que l’on redonne la citoyenneté aux émigrés. Dont le congrès a confirmé cette revendication avec force. Ce qui a poussé le gouvernement, par la bouche du vice-président du Conseil, M. Michel Murr, à proposer une sorte de compromis : attribuer aux intéressés le label administratif de citoyen libanais émigré. Un statut équivoque et que la loi ne peut pas reconnaître, dans ce sens qu’il ne peut servir à donner aux émigrés des droits civiques au Liban, dont celui de voter… Et encore moins de se présenter aux élections. Législatives ou présidentielles. Les émigrés ont fait cependant comprendre aux responsables, courtoisement, que cette compensation ne les enthousiasme pas. Ajoutant sans fioritures que si l’on attend d’eux qu’ils placent de l’argent dans ce pays, le moins est qu’on leur rende leurs droits.
Un chant du cygne : avant d’être réenglouti par les Affaires étrangères, dans le cadre du nouvel organigramme ministériel, le département des Émigrés a organisé à Beyrouth un congrès de ses pupilles. Une rencontre dont les résolutions finales ont eu quelque effet par leur tranchant dans les cercles politiques et officiels. Finalement, M. Farès Boueiz, qui voyait d’un...