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Actualités - ANALYSE

Diplomatie - Les propos de Satterfield passés au crible Spéculations à Beyrouth sur les intentions de Washington

M. David Satterfield n’est pas un amateur, mais un diplomate de métier. Qui plus est, un spécialiste aguerri du dossier régional. Et de ces affaires libanaises avec lesquelles il s’est familiarisé, il y a plusieurs années, quand il était conseiller d’ambassade à Beyrouth. Ses propos sur une paix prochaine, la certitude qu’il affiche à ce sujet ont beaucoup frappé les imaginations. Et les parties locales, officiels en tête, ont fébrilement passé au crible ces déclarations, pour tenter de cerner les intentions américaines concernant ce pays. M. Satterfield, répétons-le, n’est pas un dilettante. Il pèse ses mots, mais tient également compte du public auquel il s’adresse. Or, pour être précis, c’est devant des étudiants de l’AUB qu’il s’est exprimé. Face à des jeunes, il ne pouvait qu’être optimiste et parler abondamment d’un avenir radieux, forcément radieux. Il n’empêche que, même considérés sous l’angle de leur caractère privé, non-officiel, ses propos sont d’une netteté saillante. Il a l’air d’en savoir beaucoup, d’être absolument sûr que le processus de paix va redémarrer sous peu, tambour battant. Donc de considérer pour acquise l’éviction de Netanyahu aux élections du 17 juin ou lors d’un deuxième tour, le 1er juin. M. Satterfield a souligné que les États-Unis maintiennent plus que jamais leur engagement à promouvoir dans la région une paix équitable, fondée sur le principe de la restitution des territoires arabes. Il a dit que le Liban est un pays modèle pour entrer dans le XXIe siècle… Pour les observateurs locaux, officiels en tête, il est clair que Washington mise sur Ehud Barak, le chef des travaillistes israéliens. Ce dernier est censé reprendre la ligne tracée par Rabin et Pérès, en direction de l’application des principes de Madrid. Et gommer les effets de la politique de blocage appliquée au cours des trois dernières années par le Likoud. Selon une source diplomatique libanaise, «Washington aimerait beaucoup pouvoir assez rapidement pondérer la guerre lancée contre la Yougoslavie en plaçant dans l’autre plateau de la balance un redémarrage des négociations de paix au Proche-Orient. Cela permettrait de réduire la tension internationale et d’amadouer un peu aussi bien les Chinois, furieux des bombes sur leur ambassade à Belgrade, que les Russes frustrés de leur rôle de prima donna en Europe de l’Est. On sait en effet que dans la foulée de l’histoire d’avant la disparition de l’URSS, Moscou et Pékin ne sont pas particulièrement pro-israéliens et soutiennent à fond les résolutions enjoignant à l’État hébreu de rendre leurs terres aux Arabes». Se lançant ensuite tête baissée dans une analyse tout à fait particulière de la conjoncture internationale, cette personnalité soutient que «le dégagement virtuel dans cette partie du monde calmerait aussi un peu l’Europe occidentale. Car les puissances de ce continent, la France principalement, ne sont pas loin de penser que les USA ont voulu les piéger dans l’affaire yougoslave, pour frapper l’euro encore balbutiant et étouffer dans l’œuf les velléités d’union politique européenne». C’est peut-être aller un peu loin, dans la mesure où Paris ne désavoue pas l’Otan mais participe au contraire à ses opérations. Toujours est-il que pour en revenir à la portée objective des propos de M. Satterfield, la même source y voit sans doute à juste titre «un engagement à promouvoir à la fois une détente régionale et un redressement de notre pays sur plusieurs plans. M. Satterfield se fait le chantre de la paix. Il affirme qu’il est faux de prétendre que les pays qui ont déjà signé avec Israël n’ont rien obtenu. Car, selon lui, il est important, il est même vital que l’on puisse vivre en paix après avoir recouvré ses terres. Nous allons donc voir si les Américains vont bientôt nous faire ravoir le Sud. Comme ils auraient pu le faire depuis vingt ans déjà, s’ils l’avaient voulu vraiment…»
M. David Satterfield n’est pas un amateur, mais un diplomate de métier. Qui plus est, un spécialiste aguerri du dossier régional. Et de ces affaires libanaises avec lesquelles il s’est familiarisé, il y a plusieurs années, quand il était conseiller d’ambassade à Beyrouth. Ses propos sur une paix prochaine, la certitude qu’il affiche à ce sujet ont beaucoup frappé les...