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Actualités - ANALYSE

Spéculations sur la recomposition du paysage politique intérieur

M. Walid Joumblatt a fait un pas en direction du régime, en se rendant à Baabdate à la tête d’une délégation du Front de lutte nationale. Cette démarche suscite beaucoup de commentaires, de spéculations ou de ballons d’essai. Il faut attendre quelque temps avant d’en voir la portée pratique et de savoir dans quelle mesure les entretiens entre le leader druze et le président Émile Lahoud ont pu être positifs. En attendant, quelques interrogations se posent aux observateurs : – Du côté de Baabda, la rencontre avec M. Joumblatt, qui est après tout (ou avant tout) l’un des principaux opposants du pays, signifie-t-elle que les portes du palais seront librement ouvertes à toutes les parties sans distinction et que la présidence va se poser en médiateur, voire en arbitre, entre les protagonistes locaux ? C’est ce que les loyalistes soutiennent, en soulignant que le chef de l’État ne veut tenir compte dans ses rapports à autrui que du dévouement à la patrie. Ils rappellent que la Syrie pour sa part insiste auprès de toutes les fractions pour qu’elles se rassemblent autour de la présidence, l’union intérieure étant nécessaire en cette phase régionale décisive. Tout cela est bel et bon. Mais d’un autre côté, est-ce que le régime peut se désolidariser du gouvernement en place qui est l’un des deux pôles du conflit politique ? – Dès lors, le dialogue avec M. Joumblatt ne vise-t-il pas plutôt un objectif précis et ponctuel qui se résume à sa personne ? À savoir permettre au leader progressiste de se désengager des rangs de l’opposition pour gagner ceux des loyalistes. Surtout qu’on va tenir compte de son avis en ce qui concerne la réorganisation des wakfs druzes. Et qu’il va peut-être obtenir satisfaction au sujet du découpage des circonscriptions, enjeu tout à fait capital pour lui. En rejoignant avec son potentiel politique, qui n’est pas négligeable, le camp du pouvoir, M. Joumblatt pourrait contribuer dans les prochaines années à l’édification de cet État des institutions et du droit promise dans le discours d’investiture du chef de l’État. D’autant mieux que la présence de M. Joumblatt aux côtés du régime faciliterait considérablement l’exécution du programme de retour des déplacés en montagne, projet de réconciliation, de normalisation et de retour à la cœxistence interactive, dont le caractère national est évident. – Est-ce que la rencontre a donné lieu à une révision détaillée de l’état des rapports bilatéraux, de manière à bien cerner les sujets de friction et à mettre au point un programme rationnel de coopération ? Cela paraît probable, dans la mesure où le chef de l’État est disposé à l’ouverture. M. Joumblatt de son côté, au plus fort de ses accrochages avec le pouvoir, ne manquait jamais d’envoyer des messages à Baabda pour faire savoir qu’il était prêt au dialogue. Et il y a quelques mois, on le sait, il avait eu de fréquents échanges avec le directeur de la Sûreté générale, émissaire politique du pouvoir ainsi qu’avec le principal pilier du gouvernement, le ministre de l’Intérieur. Mais M. Joumblatt va-t-il parler aussi avec le président du Conseil ? Il fait, comme M. Rafic Hariri d’ailleurs, un distinguo appuyé entre le chef du gouvernement et le régime. Ce qui peut paraître un peu illogique, du moment que le pouvoir n’est qu’un et que Baabda épaule solidement, sans réserve, le Sérail. Dans ces conditions, il serait normal que le régime conseille à MM. Joumblatt et Hoss de dialoguer. Pour parvenir à tout le moins à un armistice, en attendant la bataille électorale où ils se retrouveraient de nouveau, selon toute probabilité, dans des camps opposés. Dans la mesure où M. Joumblatt ne voudrait pas, sur ce plan-là, rompre sa fructueuse alliance avec M. Rafic Hariri qui, de son propre aveu, lui avait remis pour la campagne électorale de 1996 une petite enveloppe d’un demi-million de dollars. Moyennant, évidemment, un soutien en voix et en disposition de liste à Beyrouth.
M. Walid Joumblatt a fait un pas en direction du régime, en se rendant à Baabdate à la tête d’une délégation du Front de lutte nationale. Cette démarche suscite beaucoup de commentaires, de spéculations ou de ballons d’essai. Il faut attendre quelque temps avant d’en voir la portée pratique et de savoir dans quelle mesure les entretiens entre le leader druze et le...