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Actualités - ANALYSE

Jezzine - Le projet d'amnistie des lahdistes mis en hibernation Berry refuse de pardonner aux repentis

Le projet d’amnistie des jeunes lahdistes de Jezzine qui se sont livrés aux autorités après la libération de la ville dort d’un profond sommeil dans les tiroirs de la commission parlementaire de l’administration et de la justice. C’est que le président de la Chambre, qui est aussi leader d’un Sud que le Hezbollah lui dispute, campe sur ses positions de refus. Les démarches effectuées par divers pôles d’influence, de la région ou d’ailleurs, pour solliciter la magnanimité du chef d’Amal se brisent invariablement sur un non toujours aussi sec. Dès lors le caractère de double urgence dont on a revêtu le texte, ainsi gelé, se nimbe d’une lourde ironie. Les raisons concrètes de cette obstination se résument ainsi : il y a quelques années le Hezbollah, dans une manœuvre classique de déconstruction de l’ennemi, avait élaboré un projet de loi promettant le pardon aux lahdistes qui feraient défection. Il s’agissait alors d’accélérer le processus de désintégration intérieure de la milice proisraélienne. Ce projet avait déjà été bloqué par les amalistes, sous prétexte qu’il constituait en définitive une prime à la collaboration avec l’ennemi. Quand Jezzine a été libéré, le Hezbollah lui-même s’est ravisé. Sans se dédire officiellement, il n’a plus du tout insisté pour parler d’amnistie. Il a de même éludé les rencontres que les notables de Jezzine, notamment M. Nadim Salem, voulaient avoir avec ses députés. De la sorte, le rival sudiste du Hezbollah, le mouvement Amal, s’est retrouvé dans une spirale de surenchères axée sur la défense des valeurs de résistance pure et dure. Un emboîtement qui rappelle beaucoup les vagues d’intransigeance qui avaient déferlé sur la France lors de la libération en 44-45. L’empoignade indirecte entre les deux formations chiites est d’autant plus rude qu’elle se situe dans la perspective des prochaines élections législatives. Qu’il y ait ou non finalement entente de conjoncture entre les deux groupes, chacun d’eux tient avant l’échéance à caresser l’opinion sudiste dans le sens du poil. En se montrant d’autant plus sévère avec les collaborateurs qu’on parle maintenant d’un retrait israélien généralisé de l’enclave frontalière. Pour sa part le président de la commission parlementaire de l’administration et de la justice, M. Chaker Abousleiman, en a référé à Baabda. Où on lui a conseillé d’être prudent, pour qu’une amnistie éventuelle ne serve pas de bouclier en définitive à des éléments qui auraient rejoint les rangs de l’ALS de Lahd après le retrait de Jezzine. Parallèlement, M. Abousleiman a vu M. Berry. Et il en a retiré l’impression que le président de la Chambre s’oppose au projet pour deux raisons majeures : – Le Hezbollah, auteur d’un projet dans ce sens, risque de cueillir les fruits de l’amnistie auprès de l’opinion chrétienne sudiste. Ce qui ne fait pas l’affaire, électorale, du mouvement Amal. – Les masses du Sud chiite, que le mouvement Amal doit ménager, ne sont pas favorables à l’amnistie. De cette constatation il découle que la relaxe des détenus risquerait de provoquer des incidents de vindicte populaire. Alors qu’en gardant les lahdistes sous les verrous, on les place, ainsi que leurs familles, sous la protection même de la loi et on évite des troubles.. Toujours est-il qu’officiellement le gel du projet de loi est justifié par le fait qu’en réalité la commission de l’administration et de la justice se trouve saisie de plusieurs textes différents. Son président affirme dès lors qu’elle doit en effectuer la synthèse, ce qui lui prendrait du temps. D’autant qu’elle a pris contact avec le ministre de la Justice M. Joseph Chaoul qui a promis de son côté d’exposer l’affaire au Conseil des ministres, avant de rendre un avis gouvernemental circonstancié. Entre-temps les habitants de Jezzine soulignent une étrangeté : les éléments lahdistes qui s’étaient spontanément livrés au Hezbollah même ont été aussitôt relâchés et n’ont plus jamais été inquiétés. Alors que ceux qui s’en sont remis aux autorités du pays se sont retrouvés en prison où ils croupissent depuis le début de l’été. On ajoute de mêmes sources que contrairement à ce que l’on croit généralement les bénéficiaires d’une amnistie éventuelle ne seraient pas des chrétiens mais principalement des chiites.
Le projet d’amnistie des jeunes lahdistes de Jezzine qui se sont livrés aux autorités après la libération de la ville dort d’un profond sommeil dans les tiroirs de la commission parlementaire de l’administration et de la justice. C’est que le président de la Chambre, qui est aussi leader d’un Sud que le Hezbollah lui dispute, campe sur ses positions de refus. Les...