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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Les escarmouches d'échauffement tournent autour du facteur temps Un gouvernement exceptionnel pour une nouvelle loi électorale

En marge du débat sur le budget, auquel leur session d’automne est consacrée, les députés vibrionnent à qui mieux mieux autour du pot à miel. C’est-à-dire de la loi électorale en gestation et surtout du virtuel Cabinet qui serait mis en place pour superviser la campagne puis le scrutin même. La carrière de nombreux seconds couteaux est en jeu, tandis que les chefs livrent bataille pour rester chefs et ne pas perdre trop d’effectifs à la Chambre. Car tout le monde en convient : le pouvoir veut modifier le paysage politique et gommer en sa propre faveur les rapports de force qui équilibrent actuellement la scène locale. Tout devrait être donc fait pour qu’il n’y ait plus, en dehors de l’orbite loyaliste, de blocs parlementaires trop consistants comme ceux que dirigent respectivement MM. Nabih Berry, Rafic Hariri ou Walid Joumblatt. Pour le moment les escarmouches d’échauffement tournent autour du facteur temps. Les opposants, mais aussi nombre de pseudo-centristes, protestent contre les inquiétantes lenteurs du gouvernement en ce qui concerne l’élaboration de la loi électorale. Ils font valoir que tout le monde va être bientôt pris de court, les électeurs aussi bien que les candidats, les délais pour la campagne étant trop resserrés. D’autant que selon toute probabilité les Libanais devront s’adapter à une configuration électorale géographique particulière, les mohafazats divisés en deux ou en trois. Ce qui risque de désorienter l’électorat. Et de dérouter les chefs de file, candidats, partis, qui ne sauront trop comment contracter de nouvelles alliances. Comme seul le pouvoir aura su d’avance à quoi s’en tenir, il en tirerait profit pour manipuler les listes. Aussi les opposants l’accusent dès à présent de délit d’initié et de manque total de fair play démocratique. En soulignant qu’en gagnant du temps, le gouvernement leur fait perdre le leur et les affaiblit à dessein. En dehors des travées de la lice politique, le patriarche Sfeir fait intervenir son autorité morale pour réprouver de son côté le retard enregistré dans l’élaboration du code électoral. Il en a parlé récemment avec M. Issam Farès, député du Nord qui pour sa part craint qu’on ne mijote encore une fois une loi électorale taillée à l’exacte mesure de certains leaderships. Le parlementaire appréhende dans ce cadre que le pouvoir ne soit en train de lambiner pour se donner des atouts dans les tractations de bazar autour de la fabrication des listes. M. Farès ne s’explique pas autrement le fait que le gouvernement ait rompu l’engagement pris de promulguer la loi-cadre au moins un an plein avant le début des opérations électorales. Il s’étonne qu’on n’accorde pas la priorité à une échéance aussi importante pour la vie du pays. Et il relève avec une inquiétude accentuée que le retard n’affecte pas seulement le travail de législation : rien ne semble encore prêt pour la distribution de la carte électorale ni pour la correction des listes d’électeurs et encore moins pour l’informatisation et la modernisation du processus. Est-il besoin de le souligner : l’une des raisons principales des tergiversations du pouvoir tient au fait que l’adoption, au titre du compromis, de la circonscription moyenne ne fait pas du tout l’unanimité. Ainsi, sous le prétexte-cliché de l’occupation israélienne, M. Nabih Berry refuse qu’on découpe «son» Sud et ses partisans parlent à ce propos, sans sourciller, de «ligne rouge». Ils font valoir qu’au nom des équilibres, le président de la Chambre doit disposer au Parlement d’une masse de manœuvre au moins égale à celle des autres présidents. Ce qui ressuscite, on s’en doute, l’esprit troïka. D’autant plus troublant dans ce cas précis que rien ne dit que le perchoir soit acquis à M. Berry ad vitam æternam. À l’autre bout de piste, un autre ancien seigneur de guerre encore à l’avant-scène, M. Walid Joumblatt, s’oppose pour sa part à une réduction de son leadership et réclame des circonscriptions taillées à sa mesure, comme lors des deux éditions précédentes. Mais la plus étonnante des oppositions au projet de la circonscription moyenne vient du chef du gouvernement lui-même. En effet, en dépit du principe d’égalité, M. Sélim Hoss ne veut pas que Beyrouth soit divisé quand les autres mohafazats le seraient. Tout comme M. Rafic Hariri, il ne veut pas en pratique que l’Ouest dominé par sa communauté perde le contrôle de l’Est. Bref, on n’est pas au bout du chemin et c’est pourquoi certains pensent qu’il faudrait sans tarder, dès le vote du budget, nommer un nouveau gouvernement. Qui ferait passer la moyenne circonscription, choix présumé du régime puis superviserait les élections. Mais quel gouvernement ? Les politiciens unanimes, et toujours prêts à se dévouer pour devenir ministres surtout dans un Cabinet d’élection, réclament une équipe politique où les principaux courants seraient représentés. Toujours est-il que si la crise, car il y en a bien une, devait encore s’envenimer, on se rabattrait sur les décideurs pour trancher. Comme toujours.
En marge du débat sur le budget, auquel leur session d’automne est consacrée, les députés vibrionnent à qui mieux mieux autour du pot à miel. C’est-à-dire de la loi électorale en gestation et surtout du virtuel Cabinet qui serait mis en place pour superviser la campagne puis le scrutin même. La carrière de nombreux seconds couteaux est en jeu, tandis que les chefs livrent...