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Actualités - ANALYSE

Processus de paix - Les difficultés subsistent Le rôle des Etats-Unis plus que jamais primordial

Après avoir tenté un petit moment de pousser la chansonnette européenne ou russe, en espérant que ces deux poids lourds pourraient faire pendant aux États-Unis tout en les soutenant, les Arabes conviennent maintenant que seul Washington peut faire aboutir le processus de paix. Radicaux ou modérés, alliés ou adversaires traditionnels des States reconnaissent désormais en chœur qu’on ne peut ni s’en passer ni même leur imposer un coparrainage russe effectif, comme le voulait pourtant la conférence de Madrid, et encore moins un arbitrage en second de l’Europe. Mais pour que les difficultés persistantes soient levées, il faut, estiment les Arabes, que les États-Unis s’impartialisent, si l’on peut dire, qu’ils cessent d’être systématiquement aux côtés d’Israël. Et surtout qu’ils dynamisent leur action, ne se contentent plus de jouer les go-between ou de faire aux parties prenantes en conflit des propositions non contraignantes, aussitôt rejetées. Assez paradoxalement donc, ce sont les Arabes, qui ont toute raison de se méfier d’un arbitrage américain, qui le réclament à cor et à cri, alors qu’Israël veut cantonner Washington dans un rôle de bons offices. Ce qui démontre, si besoin était, quelle partie veut vraiment en finir et quelle autre n’y tient pas. À Beyrouth même, un officiel se demande si «les Américains vont intervenir en juges de paix, c’est le mot, pour trancher les litiges qui bloquent la reprise des pourparlers libano-israéliens et israélo-syriens. Est-ce que Washington va continuer à se balancer d’un pied sur l’autre, sans dire son opinion sur le point atteint par les négociations entre la Syrie et Israël avant le coup d’arrêt donné par Benjamin Netanyahu en 1996 ?». On sait en effet que les versions des deux parties en présence sur ce point précis divergent totalement. Les Syriens affirment que Rabin s’était engagé à leur rendre tout le Golan. Et les Israéliens le nient. Le responsable libanais enchaîne : «Jusqu’à présent, la position des Américains reste floue. Vont-ils renoncer à trancher sous prétexte qu’ils ne veulent donner raison à personne, qu’ils doivent rester neutres, ce qui signifie qu’ils refusent le statut d’arbitre pour se cantonner dans celui de médiateur ? Les démocrates au pouvoir à Washington veulent-ils ménager Ehud Barak, leur ami, et en même temps le lobby juif américain, très puissant électoralement, à l’approche des présidentielles ?». Il n’y a pas pour le moment de réponses claires à ces interrogations. Prié de donner son témoignage, M. Richard Murphy, ancien secrétaire d’État adjoint américain, souligne en substance que «les Israéliens estiment que les avances faites par Rabin de son vivant par le biais de M. Warren Christopher n’ont pas valeur d’engagement formel. Ils affirment que c’était là une approche exploratoire des conditions d’un éventuel accord avec la Syrie». En d’autres termes, selon les Israéliens, Rabin aurait fait dire aux Syriens : «Je suis prêt à regagner la frontière du 4 juin 1967, mais que puis-je attendre en retour ?». Sur le point de savoir pourquoi les USA ne se prononcent pas, M. Murphy répond qu’à son avis l’actuelle Administration US «prépare pour bientôt une formule si les protagonistes ne parviennent pas à s’entendre pour reprendre langue». Selon cet expert, la position américaine restera marquée du sceau d’un juridisme factuel rigoureux qui, à son sens, veut que l’on ne soit pas parvenu antérieurement à un traité entre la Syrie et Israël. «Mais, ajoute M. Murphy, Washington comprend parfaitement la méfiance syrienne à l’encontre des intentions israéliennes. Les doutes ont pris corps lorsque Netanyahu a été catapulté brusquement au pouvoir. Il a tout de suite proclamé qu’il n’était pas concerné par les engagements de Rabin relatifs au retrait du Golan. Depuis lors, Damas prend garde aux retournements de position israéliens». «Cependant, poursuit en substance M. Murphy, le volet syrien paraît dans l’ensemble plus facile à traiter que le volet palestinien. L’Administration Clinton estime que dans le premier cas, il n’y a que la question des dispositions de sécurité et des relations diplomatiques à régler. Alors que, dans le second, il y a plusieurs affaires complexes : l’étendue des territoires, le statut de l’entité palestinienne, Jérusalem, les implantations, les réfugiés, l’eau, etc». «Nous savons tous, conclut l’ancien secrétaire d’État adjoint, que la paix avec la Syrie passe par la restitution du Golan». Et par Washington.
Après avoir tenté un petit moment de pousser la chansonnette européenne ou russe, en espérant que ces deux poids lourds pourraient faire pendant aux États-Unis tout en les soutenant, les Arabes conviennent maintenant que seul Washington peut faire aboutir le processus de paix. Radicaux ou modérés, alliés ou adversaires traditionnels des States reconnaissent désormais en chœur...