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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Les loyalistes se félicitent de l'appui syrien Le gouvernement assuré de rester jusqu'aux élections

Sachant que la trêve politique risque de ne pas durer, les loyalistes se hâtent de la présenter comme une victoire. Retour de Damas, dans la foulée de M. Hoss, des députés progouvernementaux soutiennent que les Syriens appuient à fond le Cabinet. À les croire, les spéculations sur un changement, sur un élargissement ou sur un remaniement de l’équipe sont sans aucun fondement. Mais un spécialiste, du reste neutre, des us et coutumes du cercle supérieur relève avec acuité que «le président Hafez el-Assad est réputé pour ses audiences marathoniennes. Il lui arrive fréquemment de discuter avec ses hôtes, parfois relativement modestes, pendant plus de cinq heures d’affilée. Or le dernier entretien qu’il a accordé à M. Sélim Hoss n’a pas duré plus de deux heures. De plus, la majeure partie s’est déroulée en présence d’un tiers, M. Mahmoud Zohbi, ce qui signifie que le chef de l’État syrien n’avait rien de particulier à confier à son visiteur libanais». Il n’empêche que le président Assad ayant décerné un satisfecit poli à un gouvernement libanais qui, effectivement, n’a jamais transgressé les règles de relations, les loyalistes locaux en concluent tout de suite que les 16 vont rester en place. Et même superviser les prochaines élections législatives en l’an 2000. Selon un ministre influent, «il n’y a pas de problème : la question cruciale du découpage des circonscriptions est pratiquement réglée. Le Conseil des ministres ne va pas tarder à en connaître». Ce dirigeant confirme que l’on a opté pour le compromis, «c’est-à-dire pour la circonscription moyenne située entre le caza et le mohafazat. On va diviser ce dernier en deux ou en trois (ce point n’est pas encore fixé) et cela se fera partout, Beyrouth et le Sud compris, sans aucune exception. Face à la règle absolue de l’égalité, les prétextes invoqués pour des exceptions, comme l’occupation israélienne au Sud ou le fait que Beyrouth est la capitale du pays, ne tiennent pas. Car, ce qui compte le plus, c’est de donner satisfaction au peuple qui réclame, tout à fait légitimement, une loi juste et s’indigne de la discrimination appliquée en 92 puis en 96». Cette orientation va sans doute agacer et inquiéter les grands chefs de blocs comme MM. Nabih Berry et Rafic Hariri, qui d’ailleurs se sont rencontrés récemment pour préparer leurs batteries. L’un et l’autre, comme on sait, plaident pour la formule du mohafazat qui leur permettrait de conserver le contrôle électoral du Sud et de Beyrouth. Et de disposer à eux deux au Parlement d’à peu près le tiers des sièges de l’Assemblée. À l’inverse, il existe des forces qui militent toujours pour le caza. Et d’autres qui font valoir qu’il est illogique que le plus grand plateau électoral du pays, le Mont-Liban, ne soit pas divisé en trois quand les autres mohafazats le seraient en deux, parce que le nombre de députés pour chaque circonscription serait alors par trop inégal. Pour ces politiciens, la règle de l’égalité doit jouer en matière de sièges et non de limites purement géographiques. Des complications sur le papier Comme on voit, les complications ne manquent pas sur le papier et devront sans nul doute s’exacerber lorsque la Chambre entamera le débat sur le projet de loi gouvernemental. D’ores et déjà le ministre précité défend ce projet en développant le plaidoyer suivant : – «Si l’on veut regarder les choses en face, dit-il, force est de constater que la majorité des Libanais, chez les chrétiens comme chez les druzes ou même les sunnites du nord et de Saïda, est clairement pour la petite circonscription, pour le caza. Les gens souhaitent des députés qui soient proches d’eux, qui soient sortis de leurs rangs. Mais adopter cette formule reviendrait à trop cloisonner les unités confessionnelles, alors que nous devons faire un effort de brassage si nous voulons aller vers la laïcisation graduelle du pays politique. D’autre part, garder le mohafazat permettrait les “bus”, les “bulldozers” et les parachutages massifs de députés qui ne représentent qu’un portefeuille bien garni, qui leur permet de se faire coopter par les chefs omnipotents des listes dites “principales”. En d’autres termes, nous continuerions à avoir une Chambre si peu représentative au fond que sa légitimité est régulièrement mise en cause, parfois par ses propres membres. Donc, nous ne devons avoir ni le caza ni le mohafazat. C’est aussi simple que cela et il ne reste que la circonscription moyenne qui concilie les avantages de la représentativité de proximité à ceux d’un brassage intercommunautaire». Un raisonnement lumineux en théorie mais qui ne tient pas beaucoup à l’examen. En effet, les circonscriptions moyennes n’empêchent pas du tout, au contraire même, des échanges de bons procédés dans des régions déterminées, des alliances ouvertes qui écraseraient pratiquement toute concurrence et prorogeraient le système dit des «bus». On voit très bien, par exemple, MM. Sleiman Frangié et Omar Karamé s’entendre pour continuer à contrôler ensemble le Nord, divisé ou pas. Et de même dans la Békaa, un axe Skaff-Husseini-Hezbollah qui ne laisserait souffler personne. Oui mais, une fois les mohafazats divisés, il serait plus facile de réduire l’influence de MM. Berry et Hariri au Parlement. Et c’est peut-être le but politique principal du pouvoir.
Sachant que la trêve politique risque de ne pas durer, les loyalistes se hâtent de la présenter comme une victoire. Retour de Damas, dans la foulée de M. Hoss, des députés progouvernementaux soutiennent que les Syriens appuient à fond le Cabinet. À les croire, les spéculations sur un changement, sur un élargissement ou sur un remaniement de l’équipe sont sans aucun...