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Actualités - OPINION

Tribune De Galilée ... à Marcel Khalifé

Il y a quelque chose d’impudent dans les déclarations de certains responsables de l’ancien régime qui clament aujourd’hui haut et fort leur attachement à la liberté d’expression, alors qu’à leur époque, les ciseaux de la censure n’épargnaient rien ni personne… Mais passons ! À ceux qui me demandent pourquoi j’ai choisi, comme héros de L’Astronome, le personnage de Galilée, je réponds toujours : «Parce qu’il symbolise le triomphe de la liberté de penser sur l’obscurantisme». En lisant l’acte d’accusation rendu dans l’affaire Marcel Khalifé, comment ne pas songer au grand savant toscan ? L’Inquisition reprochait à Galilée d’avancer des hypothèses sur la constitution de l’univers incompatibles avec une lecture littérale des Saintes Écritures, ce à quoi il répondait, citant le cardinal Baronio : «L’intention du Saint-Esprit est de nous enseigner comment on doit aller au ciel et non comment va le ciel !». À Marcel Khalifé, on reproche aujourd’hui d’avoir chanté un poème de Mahmoud Darwiche comportant un verset du Coran… Trois siècles après Galilée. Les démêlés des artistes avec les tribunaux ne sont pas chose nouvelle : à cause de passages «licencieux» relevés dans Madame Bovary et Les Fleurs du mal, Flaubert et Baudelaire subirent, au siècle passé, les foudres d’un même procureur, Pinard, qui vit son zèle récompensé par Napoléon III qui le nomma… ministre de l’Intérieur. Mais il y a une justice : Flaubert et Baudelaire sont entrés dans l’éternité. Pinard, lui, croupit dans les oubliettes de l’Histoire… Marcel Khalifé n’a pas à s’en faire : si la justice des hommes – qui n’a pas encore dit son dernier mot – ne lui donne pas raison, il y aura toujours l’autre justice. Celle qui ne se trompe jamais. * Avocat à la Cour – Écrivain.
Il y a quelque chose d’impudent dans les déclarations de certains responsables de l’ancien régime qui clament aujourd’hui haut et fort leur attachement à la liberté d’expression, alors qu’à leur époque, les ciseaux de la censure n’épargnaient rien ni personne… Mais passons ! À ceux qui me demandent pourquoi j’ai choisi, comme héros de L’Astronome, le...