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Actualités - ANALYSE

Implantation - Pas de solution occidentale en vue Le fait accompli paraît inéluctable

Au moment où la situation régionale se crispe de nouveau, tant sur le volet syrien que sur le volet palestinien, on prête au-dehors bien peu d’attention aux récriminations libanaises concernant les perpétuelles agressions israéliennes au Sud. Ou aux vives inquiétudes de Beyrouth concernant l’implantation. C’est que l’ordre des priorités n’est pas le même pour les uns ou pour les autres. Souci primordial pour le Liban, la question des réfugiés palestiniens est considérée par toutes les autres parties comme si peu importante qu’elle peut être traitée en fin de parcours, en même temps que les négociations sur le statut définitif de la Palestine, peut-être même après la signature d’un accord global de paix. Le Liban pour sa part veut en faire une condition préalable à une telle signature. Mais on ne lui prête pas pour l’instant une oreille suffisamment attentive. Certaines parties sont pourtant empreintes de bonne volonté manifeste. Ainsi, le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, s’est fait un plaisir de démentir les rumeurs selon lesquelles des divergences de vues sur les réfugiés seraient apparues à New York lors de son entretien avec son homologue français, M. Lionel Jospin, en marge des travaux de l’Assemblée générale des Nations unies. Selon M. Hoss, la position qui lui a été communiquée est que la France considère que les réfugiés palestiniens constituent un problème important qui doit être traité dans le cadre des négociations de paix. Un sujet qui peut se révéler parmi les plus difficiles et auquel le Liban est fortement sensible. Le président Hoss a répété à ce propos le rejet catégorique de toute idée d’implantation. Il a souhaité que la France aide le Liban, en réclamant l’application des résolutions de l’Onu qui ordonnent le retour des réfugiés palestiniens dans leur patrie. La France a fait savoir au Liban qu’elle comprend parfaitement sa position, se tient à ses côtés, mais en même temps se demande que faire pour régler effectivement le problème. Elle n’en a pas plus idée, de toute évidence, que les États-Unis. À cette différence notable près que ces derniers, qui ne se prononcent pas officiellement, laissent percer une préférence pour qu’on laisse le problème de côté jusqu’aux pourparlers finaux. Ce qui signifierait en pratique que la solution serait renvoyée aux calendes grecques, s’enliserait avec le temps et pourrait bien ne jamais intervenir. Un danger de dilution que le Liban s’efforce de prévenir en menant campagne pour que le problème des réfugiés palestiniens installés sur son sol soit réglé avant tout accord avec Israël. Beyrouth et Damas soulignent, qu’échaudés par l’expérience lamentable des Palestiniens avec l’État hébreu, ils ne se laisseront pas lanterner ou duper comme Arafat. Pour ce qui est du Golan ou du Sud, cette fermeté peut s’avérer payante. Mais il est douteux qu’elle soit aussi efficace en ce qui concerne les réfugiés palestiniens. D’abord, parce que sur ce point Beyrouth ne peut vraiment compter sur personne. Les Arabes, tous ensemble et sans aucune exception, ne l’appuient que du bout des lèvres. Israël ne veut pas entendre parler d’un déferlement de quelque 4 millions de Palestiniens de la diaspora dans son périmètre. Arafat de son côté ne saurait pas où les mettre et certains de ses conseillers parlent d’un «droit du non-retour». Les réfugiés eux-mêmes préfèrent massivement rester dehors et se faire indemniser. Enfin, le bloc occidental, mené dans ce créneau par le Canada qui a été chargé de traiter le dossier au sein des multilatérales, estime en gros qu’il faut implanter un tiers des résidents en les indemnisant ainsi que les pays d’accueil et déplacer les autres vers de larges contrées d’immigration comme son propre territoire ou l’Australie. Le Liban a beau répéter que sa stabilité même se retrouverait en péril si l’implantation devait s’accomplir, on ne l’écoute pas. Il faut dire que cette indifférence est assez compréhensible. Dans ce sens que Beyrouth, qui se plaint que personne n’ait de solution à proposer, s’arc-boute pour sa part sur une position si intransigeante qu’elle en devient irréaliste aux yeux des autres capitales. Il se contente en effet de répéter que sa Constitution, au double sens du mot, rejette totalement l’implantation et qu’il exige l’application de la résolution numéro 194 de l’Onu ordonnant le retour des réfugiés palestiniens chez eux. Comme c’est tout à fait hypothétique, le Liban se retrouve pratiquement en porte-à-faux, même avec des amis comme la France. Et les dénégations diplomatiques de M. Hoss ne peuvent gommer le fait patent que sur les réfugiés les positions ne sont pas identiques, Paris n’ayant jamais proclamé qu’il est contre l’implantation. Complète ou partielle.
Au moment où la situation régionale se crispe de nouveau, tant sur le volet syrien que sur le volet palestinien, on prête au-dehors bien peu d’attention aux récriminations libanaises concernant les perpétuelles agressions israéliennes au Sud. Ou aux vives inquiétudes de Beyrouth concernant l’implantation. C’est que l’ordre des priorités n’est pas le même pour les uns...