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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Conférence A l'Ordre des ingénieurs et architectes Mario Botta : l'insolite et le lyrique

Salle comble pour M. Mario Botta vendredi soir à l’Ordre des ingénieurs. La conférence donnée par l’architecte suisse de renommée mondiale a porté sur ses dernières œuvres dont on a souvent dit qu’elles étaient dans le paysage «comme un poing sur la table». Le volume dans toute sa plénitude pour inventer à chaque fois un musée, une église, une maison (qu’il appelle son «laboratoire»), une synagogue, une bibliothèque… Des œuvres dont il n’est pas difficile de deviner la signature. Les diapositives des œuvres de Mario Botta parlent. À l’insolite s’allie ce petit quelque chose appelé lyrique. Aucune préciosité, aucun raffinement pédant, aucune sophistication apparente : la rhétorique est équilibrée, modeste, jamais contournée. La série de clichés appartient à cette catégorie de documents qui sont la chronique instantanée d’un espace vivant où s’entrelacent les écritures du temps. «La production architecturale reste l’une des rares pratiques d’essence collective qui permettent d’inscrire de façon permanente l’empreinte des différentes étapes de l’évolution de notre société», dit Mario Botta. La société a toujours tenté de progresser, chaque génération voulant dépasser, voir surpasser, celle qui l’avait précédée. Toutes les villes ont évolué sur leur mémoire. «Pour s’en tenir au continent européen, on sait que chaque grande époque a connu son style dominant : roman et féodal, gothique, renaissance, classique etc. Notre œuvre doit écrire sur l’histoire le signe du temps présent». Donner place à des architectures singulières demeure l’enjeu majeur, pour peu que la force de leur relation à l’urbain les rende parfaitement solidaires de ce qui est déjà là. «L’œuvre n’est pas un objet isolé, c’est une création contemporaine en cohérence avec le contexte urbain dans lequel elle s’inscrit». S’affirmer dans l’environnement Tous les projets de Mario Botta manifestent un refus de retour en arrière et donc un rejet de tout pastiche ou de toute réécriture détournée. Sa démarche architecturale est construite autour de quatre pôles : l’inscription sur le site (volume, échelle, silhouette dans le paysage urbain). La cohérence avec l’environnement. La présence de l’histoire par des marques allusives ou directes du passé dans les matériaux. L’affirmation de la modernité (espace, technologies, innovation). «C’est à mon avis par ce type de démarche que la construction devient création architecturale à part entière», explique Mario Botta. «Il faut savoir respecter un lieu, prolonger une configuration, sans avoir forcément le dessous dans le dialogue avec l’histoire». En bref, «il faut savoir s’intégrer, s’affirmer , et réagir à l’environnement», ajoute-t-il . Avec les plus humbles matériaux (parpaing, terre, briques, verre, ardoise), Mario Botta nous fait découvrir une architecture construite, édifiée, montée pièce par pièce. Une succession de pleins et de vides parfaitement scandés ; de longues respirations d’espaces ouverts ; de pans vitrés, des fenêtres filantes en bandes pour «participer complètement au climat, au soleil ou à la brume, au jour ou à la nuit». Par ailleurs, il «dissèque la construction en ses divers composants», en exaltant «les articulations». Pour réordonner le paysage, il crée «les rites de passage» et «les rites d’entrée». À Chambéry, par exemple, dans le projet de la maison de culture, une brève galerie vitrée qui sépare le nouveau bâtiment de l’ancien laisse saisir la greffe et fait découvrir un instant l’un et l’autre édifice. De même, il y a cette «incertitude physique» communiquée à l’homme qui marche lorsqu’il pénètre par un palier de fer dans la bibliothèque de la Salita dei Fratti , au sortir des vieilles salles voûtées : «C’est une invitation à prendre conscience d’un fait architectural , à vivre par son corps, sous ses pas, la structure des lieux», dit Botta. Ajoutez à tout cela les effets des modulations des joints, des bandes colorées ; des friselis de parpaings obliques ; des fausses rives de toit… Le tout s’inscrivant dans une géométrie du temps et s’y déposant en strates, sans ambiguïté, ni confusion. Signalons que M. Mario Botta se trouve au Liban à l’invitation de Mgr. Georges Koueiter qui lui a demandé de dessiner la nouvelle basilique de Saïda et le réaménagement de l’espace cimetière .
Salle comble pour M. Mario Botta vendredi soir à l’Ordre des ingénieurs. La conférence donnée par l’architecte suisse de renommée mondiale a porté sur ses dernières œuvres dont on a souvent dit qu’elles étaient dans le paysage «comme un poing sur la table». Le volume dans toute sa plénitude pour inventer à chaque fois un musée, une église, une maison (qu’il...