Indonésie L'ONU abandonne le Timor

L’Indonésie a continué hier de défier la communauté internationale horrifiée par la tragédie en cours au Timor-Oriental, où les exactions des milices anti-indépendantistes ont contraint l’Onu à abandonner le territoire. Alors que le Conseil de sécurité, réuni d’urgence à New York, mettait en garde Djakarta, menaçant les autorités indonésiennes d’une intervention militaire, le secrétaire général de l’Onu, Kofi Annan, exhortait de nouveau le président Habibie à accepter une force internationale. «Si les Indonésiens sont incapables de maintenir la loi et l’ordre, alors ils doivent inviter et accepter une aide internationale pour ramener l’ordre» au Timor-Oriental, a dit M. Annan. Le président français Jacques Chirac a lui aussi menacé l’Indonésie de «voir remettre en cause l’aide financière internationale», et le Fonds monétaire international (FMI) a fait savoir qu’il envisageait l’annulation d’une mission en Indonésie initialement prévue pour la mi-septembre. Cette mission devait précéder la prochaine tranche de 460 millions de dollars attendue en octobre. Sur le terrain, les témoignages font état d’une situation chaque heure plus désespérée. «Nous allons tous mourir», a déclaré hier Mgr Basilio Nascimento, évêque de Baucau, la seconde localité dans l’est du territoire, qui s’est réfugié dans la montagne après avoir été blessé lors de l’attaque de sa résidence. Ce départ du Timor-Oriental signifie un constat d’échec pour l’Onu, qui a organisé le référendum du 30 août par lequel près de 80 % de la population de l’ancienne colonie portugaise envahie en 1975 par l’Indonésie s’est prononcée pour l’indépendance, déclenchant la violence des milices et de l’armée.