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Actualités - ANALYSE

Implantation - Un dossier qui débouche sur des frustrations Le rejet libanais ne suscite qu'indifférence à l'extérieur

Les Libanais commencent à le comprendre : leur rejet indigné de toute implantation des réfugiés palestiniens ne suscite à l’extérieur qu’indifférence polie. C’est cette même attitude qu’adopte à l’égard de ce problème Mme Madeleine Albright. Interrogée sur ce point, crucial pour ce pays, elle l’a éludé par un vague renvoi aux négociations sur le statut définitif des Palestiniens. Lesquelles négociations peuvent encore durer un siècle… Cette fuite en avant du chef de la diplomatie américaine a été ressentie sur place sinon comme un affront du moins comme une forte désillusion. Pour se consoler, les parties locales ont entonné à l’unisson un hymne à la louange de M. Sélim Hoss qui a su, avec dignité, mettre les points sur les i. Tant pour ce thème, auquel le chef de l’État accorde de son côté une importance extrême, que pour la défense du droit légitime à la résistance active exercé par le Hezbollah. D’ailleurs, à Moncton, le président Lahoud n’a pas manqué pour sa part d’être également très clair : le Liban ne veut transiger ni sur un retrait israélien inconditionnel ni sur le jumelage avec le volet syrien ni sur la nécessité de régler la question des réfugiés avant tout accord de paix. Les Libanais savent cependant qu’il ne suffit pas d’avoir raison pour obtenir gain de cause. D’autant que, selon toute vraisemblance, les officiels palestiniens, dont certains n’hésitent pas à parler d’un étrange «droit de non-retour», ne sont pas dans leur for intérieur contre l’implantation. Ils ne sauraient en effet où caser les quelque 4 millions de Palestiniens de la diaspora, la bande Gaza étant surpeuplée et même classée comme le territoire qui présente la plus forte densité démographique du monde. De leur côté, les Israéliens ne veulent pas entendre parler d’un tel afflux d’Arabes dans leur rayon d’action. Et les Américains, qui ont comme on sait un faible chronique pour l’État hébreu, comprennent parfaitement ses appréhensions à cet égard. À tel point que leurs bons voisins et alliés canadiens, chargés d’animer la commission des multinationales consacrée au dossier des réfugiés, ont depuis longtemps proposé des formules d’ancrage dans les pays hôtes, assorties d’une redistribution partielle dans des contrées d’émigration (dont leur propre pays ou l’Australie), contre rémunération de ces pays d’accueil comme des réfugiés implantés. Bref les réfugiés ne sont une priorité que pour les Libanais. Vox clamans in deserto. Au stade actuel, Beyrouth continue à camper sur ses positions et ne veut toujours pas prendre acte d’un quelconque fait accompli. Il refuse donc de discuter de l’indemnisation et du quota qu’il lui faudra garder, les Occidentaux indiquant à ce propos qu’il conserverait quelque 100 000 Palestiniens, sur un total approximatif de 330 000, et percevrait 5 000 dollars per capita, soit globalement 500 millions de $. Une somme relativement minime : le retour des déplacés libanais de la montagne a déjà coûté près du double, sans être accompli au tiers ! Et de plus le Liban devra se substituer à l’Unrwa qui arrêtera complètement ses services, déjà beaucoup réduits, une fois l’accord conclu. Sans vouloir préjuger de l’évolution de la situation, on peut estimer qu’il y a lieu de s’inquiéter. D’une part, les Palestiniens eux-mêmes soutiennent que ce n’est toujours pas le moment de parler de la question des réfugiés. Et, d’autre part, les Libanais ne semblent toujours pas prêts à faire face aux réalités, à s’efforcer de limiter les dégâts et de négocier l’inévitable aux meilleures conditions. En montrant de l’habileté pour déplacer le plus grand nombre hors du pays, en usant par exemple de l’argument qui veut que la frontière ne sera jamais trop sûre si on laisse beaucoup de militants palestiniens dans les camps du Sud.
Les Libanais commencent à le comprendre : leur rejet indigné de toute implantation des réfugiés palestiniens ne suscite à l’extérieur qu’indifférence polie. C’est cette même attitude qu’adopte à l’égard de ce problème Mme Madeleine Albright. Interrogée sur ce point, crucial pour ce pays, elle l’a éludé par un vague renvoi aux négociations sur le statut...