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Actualités - ANALYSE

Les raisons tactiques ne manquent pas Le projet d'abolition du confessionnalisme politique reprend corps

Orateur consommé, M. Nabih Berry a prononcé un bien beau discours lors de la commémoration de la disparition de l’imam Moussa Sadr. Dans l’une de ses envolées, il s’est rappelé le faible qu’il éprouvait jadis pour la déconfessionnalisation politique. Et il a promis que sous le régime présent la Chambre s’attelle à la mise en train du projet d’abolition, qui doit commencer par la formation d’un comité supérieur dirigé par le chef de l’État. La création d’un tel organisme est prévue à l’article 95 de la Constitution qui en confie la charge au Parlement, en précisant que l’instance devra établir un plan par étapes. Le comité supérieur, ajoute la loi fondamentale, doit comprendre, outre le président de la République, le président de l’Assemblée nationale, le président du Conseil et des sommités politiques, intellectuelles ou sociales. Sa mission est de soumettre des résolutions au Conseil des ministres et à la Chambre pour approbation. Les tentatives effectuées par M. Berry sous la précédente législature pour mettre sur pied le comité ont été contrées par les réticences de nombre de parties politiques ou religieuses. Cela avait refroidi l’ardeur du président de la Chambre. Au point que M. Berry avait fait le mort quand avant de quitter Baabda le président Élias Hraoui avait adressé un message solennel à l’Assemblée nationale lui rappelant l’obligation constitutionnelle d’enclencher le processus d’abolition du confessionnalisme politique. La démarche de l’ancien président de la République s’inscrivait dans le prolongement de sa campagne, également avortée, en faveur du mariage civil facultatif. Un projet qui, au-delà de ses avantages sociaux, devait servir d’entrée en matière à la laïcisation de la vie publique locale, en ôtant aux communautés leurs privilèges en matière d’état civil. C’est donc dans la même logique que le mariage civil et l’abolition du confessionnalisme politique ont été jusque-là combattus. À un degré tel que de l’aveu de M. Berry même les formations favorables théoriquement au civisme, comme le mouvement Amal qu’il dirige, doivent continuer à se battre sur des positions communautaires sinon confessionnelles. Toujours est-il que selon ses proches M. Berry n’avait pas réagi à l’appel du président Hraoui non pas par hostilité à l’encontre du mariage civil, mais parce que le pays étant aux abords d’élections présidentielles, ce n’était pas le moment de rouvrir un débat aussi conflictuel et aussi intense. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir si M. Berry a cherché, en évoquant la question de la déconfessionnalisation, à faire en bon avocat un simple effet de manches, Ou s’il est vraiment résolu à rouvrir ce dossier. Il est possible, estime un observateur expérimenté, qu’il y ait des deux. C’est-à-dire que la proposition de M. Berry pourrait être d’ordre tactique plutôt que stratégique. Dans le climat confus qui règne actuellement sur la scène locale, on sait en effet qu’une recomposition du paysage politique est à l’étude, dans la perspective des prochaines législatives. Selon cette source, «plus il y a de thèmes de tensions soulevés et plus on disposerait de cartes de pression ou d’atouts pour préserver certains acquis. M. Berry pourrait se servir de la question de la déconfessionnalisation comme d’un levier pour obtenir que le mohafazat du Sud ne soit pas fractionné en plusieurs circonscriptions, ce qui réduirait l’assiette parlementaire dont il dispose».
Orateur consommé, M. Nabih Berry a prononcé un bien beau discours lors de la commémoration de la disparition de l’imam Moussa Sadr. Dans l’une de ses envolées, il s’est rappelé le faible qu’il éprouvait jadis pour la déconfessionnalisation politique. Et il a promis que sous le régime présent la Chambre s’attelle à la mise en train du projet d’abolition, qui doit...