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Actualités - REPORTAGES

Dans les coulisses Gardiennage et transport de fonds : un métier à risque (photo)

Ils sont partout, les hommes en bleu, gris ou noir, éparpillés dans la ville. On les reconnaît à leur uniforme, leur sérieux. Imposants et discrets, ils observent, remarquent tout, interviennent là où il le faut. Paysage presque familier et tellement sécurisant… Car ils font bien leur métier, ces hommes d’un certain ordre : assurer une protection des lieux et des individus. Hommage aux gardiens et transporteurs de fonds. Hommage également aux deux gardiens morts à Jiyeh, victimes des bombardements israéliens de juin dernier. Dans la plupart des lieux où leur présence est nécessaire, on les retrouve, alignés comme des soldats de plomb, le regard vif, toujours en alerte,veillant à ce que tout se passe bien : circulation, respect des lois et satisfaction du client. «C’est un métier à risque», précise M. Nabil Nammour, actionnaire et gestionnaire de Scap, première société libanaise de gardiennage privée. Et un métier où les professionnels se font rapidement distinguer. «Notre tâche se résume en deux mots: “Contrôle et protection”». Énergie et patience «Le gardiennage suppose la présence physique d’une personne dans un endroit déterminé, qui doit remplir une fonction de surveillance et veiller à l’application de règlements précis». La présence physique de ces hommes est de fait visible partout où le devoir les appelle. Aux portes des banques, on retrouve souvent ces visages, fermés durant les heures d’ouverture, observant le va-et-vient des voitures, des clients ou des passants parfois suspects. À l’intérieur des usines, ils veillent, lorsque les autres dorment, à ce que tout se passe bien. Et comme des chats gris dans la nuit, ils entendent le moindre son, suspect ou pas, déchirent du regard l’obscurité des lieux, surveillent le silence qui règne. En journée, leurs collègues, plus mobiles, se battent dans les parkings, pour encaisser, distribuer et reprendre les tickets, organiser la circulation au mieux et protéger les lieux des vols, des incendies, des dégâts des eaux ou tout autre incident perturbateur. Véritable combat, car ils doivent lutter contre la chaleur, la foule impatiente et les nombreux indisciplinés qui ne considèrent pas toujours que la politesse est de rigueur. Aux «heures de pointe», qui commencent souvent à neuf heures du matin, les gardiens ressortent leur énergie et leur patience pour tenter de satisfaire tout le monde. Difficile pourtant de le faire. La très élégante dame qui vient d’arriver ne veut pas comprendre qu’il n’y a plus de place. Le gardien, très poli, fait son travail du mieux qu’il le peut, sous la forte chaleur de midi. «Je me plaindrais à votre supérieur!», finira-t-elle par menacer avant de repartir. Cette autre personne, ayant trouvé les tarifs de stationnement trop chers, refuse de payer , insulte le gardien et repart en prenant bien soin de casser la barrière! Il faut le voir pour le croire… Dans les hôpitaux, la tâche des gardiens n’est guère plus aisée. Dès l’ouverture des portes, ils orientent les visiteurs et, surtout, ils rappellent à qui veut l’entendre, c’est-à-dire peu de gens, les règlements souvent négligés. «Tous les jours, la même histoire se répète, témoigne Jean. Pour demander aux visiteurs de quitter les lieux, pour leur interdire de manger, de fumer dans les chambres, c’est, à chaque fois, une série de supplications et de problèmes. Les gens bougent la tête en se disant “cause toujours!” ou, encore, ils nous insultent». La formation des gardiens Le service des gardiens est divisé en plusieurs équipes qui se partagent les 24 heures de présence, avec un salaire d’environ 450 dollars. Lorsqu’ils traversent la pièce, ces hommes de 21 à 40 ans font… «bonne impression», l’impression presque perceptible que le sol tremble à leur passage. Il aurait raison, car leur bonne santé et leur sérieux, deux conditions d’embauche, sont remarquables, à l’œil nu… En effet, lorsqu’il est recruté, le gardien suit une formation physique et comportementale. «Nous lui enseignons les bases du “self defense”, et même comment s’asseoir, se tenir, discuter, avoir les mots qu’il faut et surtout être tolérant». Le surveillant-gardien , lui, est plus silencieux. Pas de doute, le sol tremble certainement sur son passage, ainsi que toutes les personnes présentes! Shérif des villes, il subit une formation différente en fonction de l’importance de sa tâche et porte souvent une arme, pour certains événements ponctuels. «Tous nos employés sont équipés de radios TSF, reliées en permanence à une chambre d’opération qui assure le contact avec les pompiers, la Croix-Rouge et les différents organismes sécuritaires et sanitaires de l’Etat». Les autres services L’opération «transports de fonds», le dernier aspect du travail, ressemble beaucoup à un film d’action. Elle exige une grande vigilance et une rapidité d’intervention. Les sociétés de gardiennage fournissent l’élément humain mais également l’équipement . Ce matin, comme tous les matins, tout et tous sont présents à l’appel. Les convoyeurs, les camions blindés, les armes individuelles et les moyens de communication reliant les «intervenants». Les convoyeurs ont un «gabarit» hors norme. Pour les regarder dans les yeux, il faudrait presque passer à l’étage supérieur. Leurs muscles témoignent d’un calendrier sportif chargé, arts martiaux et tir à l’arme réelle inclus. Le transport des fonds, d’une banque à l’autre pour aujourd’hui, doit démarrer dans la plus grande discrétion. Les convoyeurs se murmurent des instructions avec un langage bref, presque secret, grâce à un système de communication très sophistiqué, qui les maintient en contact permanent les uns avec les autres, et avec la chambre des opérations. Arrivée au lieu dit de «livraison» de fonds, les gestes de chacun se font encore plus précis, plus ponctuels. Quatre d’entre eux sortent du camion, se dispersent, pénètrent dans la banque, sans rater un détail de tout ce qui bouge, prennent le colis et ressortent rapidement. Pour répéter l’opération chez le destinataire. Toute l’action s’est déroulée très vite ! Le temps de reprendre son souffle, suspendu par le suspense du moment, les hommes en bleus sont repartis accomplir une nouvelle mission. Le recours aux sociétés de gardiennage requiert un budget important. La sécurité privée coûte cher, mais la tranquillité, il est vrai, n’a pas de prix.
Ils sont partout, les hommes en bleu, gris ou noir, éparpillés dans la ville. On les reconnaît à leur uniforme, leur sérieux. Imposants et discrets, ils observent, remarquent tout, interviennent là où il le faut. Paysage presque familier et tellement sécurisant… Car ils font bien leur métier, ces hommes d’un certain ordre : assurer une protection des lieux et des individus. Hommage...