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Actualités - REPORTAGES

Correspondance Véra, Mme Vladimir Nabokov Muse, dactylo, agent et chauffeur du grand écrivain(photo)

«Vladimir Nabokov est le fruit de leur mariage», a-t-on dit… Pas du mariage des parents du célèbre écrivain, mais du sien, avec Véra Slonim. Avant cette union (contractée en Suisse en avril 1925), Nabokov s’était fait connaître sous le pseudonyme de Sirin, en signant ainsi des poèmes publiés en Suisse. La période qui a suivi a vu l’éclatement de son immense talent. Son épouse aurait tout fait pour que rien ne vienne entraver le processus de création de son mari. C’est ce que révèle un ouvrage qui vient de sortir aux États-Unis sous le titre Véra, Mme Vladimir Nabokov, portrait d’un mariage. L’auteur, Stacy Shieff, a mis huit ans pour compléter cet ouvrage consacré à une longue histoire d’inlassable complicité et de collaboration inconditionnelle. Un ouvrage qui n’aborde pas la critique littéraire et qui en quatre cents pages relate la formidable expérience personnelle et professionnelle d’un couple, vraiment pas comme les autres. En épousant le brillant aristocrate russe qu’était Vladimir Nabokov, Véra Slonim, une exilée juive de Saint-Petersbourg est entrée en mariage comme en religion, au vrai sens du terme. En totalisant 52 ans de mariage et 14 années, (après le décès de l’écrivain), d’efforts pour sauvegarder, pour la postérité, l’œuvre de son mari, Mme Nabokov pouvait considérer avoir accompli le but suprême de son existence. La chasse aux papillons Pour lui, elle était plus que sa protectrice et son modèle (bien qu’elle ressemble à l’héroïne du Don et de La vraie vie de Sébastien Knight, elle était sa muse et sa «première et meilleure lectrice». Pour le magicien du mot qu’il était, il n’aurait pu rêver meilleure baguette magique. Elle l’aimait et devançait tous ses désirs et ses besoins, se chargeant de toutes les tâches du quotidien : domestiques et celles du métier d’écrivain pour le laisser tout à son inspiration. Elle était sa dactylo, sa secrétaire, sa lectrice, sa liaison avec les maisons d’édition, son assistante pour la recherche (concernant aussi bien ses livres que les cours universitaires qu’il donnait), son chauffeur et sa compagne à la chasse aux papillons, son sport favori. Avec quelle aisance, elle a suivi son parcours géographique et intellectuel : de l’époque russe pré-révolutionnaire à celle de l’émigration à Berlin puis aux États-Unis et en Suisse. « Lolita », sauvée des flammes Et surtout, sans Véra, il n’y aurait pas eu de Lolita. C’est elle qui, de justesse avait, empêché en 1948, Vladimir Nabokov de brûler le manuscrit de ce roman qui allait le rendre si célèbre, de par le monde. Ce n’est que sept ans plus tard (en septembre 1955) que cette œuvre a été publiée en France, après que toutes les grandes maisons d’édition américaines l’eurent refusée. Aucune ne voulait promouvoir l’analyse de l’attirance sexuelle qu’éprouvait un homme d’un âge mûr pour une adolescente. Ce n’est qu’en 1958 que Lolita a fait son entrée aux USA, une entrée par la grande porte puisque le livre a de suite accédé à la tête des best-sellers. Véra était alors âgée de 56 ans et lui de 59 ans. Ils ne se sont pas pour autant reposés sur leurs lauriers puisque une dizaine d’autres titres ont succédé à Lolita. Toujours pas de faille dans cette relation. Il y avait bien eu, dans les années 40, une incartade extra-conjugale de Vladimir Nabokov, que Véra a pu dépasser. De même qu’elle n’a jamais voulu s’octroyer un quelconque mérite au regard de la gloire de son mari, comme en témoigne Stacy Schieff qui en donne un portrait détaillé. Autre trait de caractère mis en évidence dans cette biographie, (qui est autant l’histoire d’une œuvre que d’une vie), le côté paradoxal de Véra. Pour des raisons morales, elle avait interdit à son fils la lecture de Mark Twain, mais n’avait pas hésité à avaliser Lolita. Parce que sans doute, elle croyait ferme en son homme qui lui avait dit : «Ô quelle joie quand nous vivrons ensemble… J’aurais besoin de peu : une bouteille d’encre, un rayon de soleil et toi. Et toi, ce n’est pas du tout peu».
«Vladimir Nabokov est le fruit de leur mariage», a-t-on dit… Pas du mariage des parents du célèbre écrivain, mais du sien, avec Véra Slonim. Avant cette union (contractée en Suisse en avril 1925), Nabokov s’était fait connaître sous le pseudonyme de Sirin, en signant ainsi des poèmes publiés en Suisse. La période qui a suivi a vu l’éclatement de son immense talent....