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Actualités - ANALYSE

Médias - Le Conseil National ne veut rien octroyer pour le moment Premiers tiraillements avec le pouvoir sur les licences

Le pouvoir, tout content d’abord d’avoir mis en place un Conseil national de l’information qui ne soit pas un simple fantoche, commence à s’en mordre les doigts. Parce que cette instance, prenant au mot ce qu’on lui a dit de ses prérogatives, rue dans les brancards. Et refuse au gouvernement le cadeau qu’il lui demande. À savoir l’octroi de nouvelles licences dans le domaine de l’audiovisuel. Le Cabinet, animé d’un esprit de correction de tir sinon de vindicte pure, souhaite gommer les abus commis à son avis par le gouvernement Hariri. Qui avait joyeusement décerné des permis à tous les médias appartenant aux pôles du pouvoir de l’époque ou qui s’en trouvaient proches. En refusant par contre des licences à des entreprises qui «n’avaient pas de dos», comme on dit en dialectal, bien qu’elles fussent techniquement à la hauteur. Ces injustices criantes, l’équipe actuelle veut y remédier. Mais se heurte, à sa grande stupéfaction, aux objections de ce Conseil national qu’elle a elle-même mis en place. Lequel Conseil tient essentiellement à faire comprendre à tous qu’il ne se résignera jamais à n’être qu’un organisme consultatif et qu’il veut le pouvoir pour lui-même. C’est-à-dire qu’il entend avoir le dernier mot pour ce qui est d’octroyer ou de refuser des licences «sans que le gouvernement puisse en décider tout seul, selon des critères politiques et non professionnels», comme dit l’un de ses membres. Une attitude négative qui étonne les loyalistes. «Le gouvernement, souligne un ministre, n’a pas créé le Conseil en question pour s’amuser, mais bien pour avoir un avis autorisé. Dont il sera scrupuleusement tenu compte à chaque cas étudié. Mais cela ne signifie pas que pour les beaux yeux des honorables membres du Conseil national de l’information, nous allons fouler aux pieds la Constitution et renoncer au pouvoir de décision qu’elle attribue au seul Conseil des ministres». Toujours est-il que le CNA se montre remuant et actif. Son président, M. Nasser Kandil, a insisté lors d’une réunion récente sur la nécessité d’adresser des avertissements aux médias qui ne remplissent pas les conditions du cahier des charges ou ne respectent pas les règlements établis, pour qu’elles régularisent sans tarder leur situation. Il s’agit surtout, apprend-on, de chaînes ou de stations qui usurpent des canaux ou des fréquences auxquels elles n’ont pas droit. Au cours de la même réunion, l’un des membres a conseillé à M. Kandil de ne rien faire avant d’en référer aux autorités, singulièrement à Baabda, pour que le Conseil ait la couverture politique requise dans ce genre d’intervention. Ce membre du CNA a laissé entendre qu’on ne peut lancer le bouchon trop loin sans prendre certaines précautions élémentaires du côté des officiels, sinon les mesures envisagées risquent de ne connaître aucune suite, de rester lettre morte, ce qui discréditerait du même coup le Conseil. Le fait est que si le Conseil s’attaque à des médias puissants par eux-mêmes autant que par leurs protections politiques loyalistes, il risque de plonger le pouvoir dans l’embarras et de provoquer une crise politique. Ce n’est pas tout à fait pour cela qu’on l’a créé. De fait, écoutant les conseils de son confrère, M. Kandil a obtenu audience du chef de l’État qu’il a informé de ses intentions répressives. Le président de la République a répondu que la loi doit être appliquée à tous, que c’est ainsi qu’agit un État des institutions et que toute mesure que le CNA prendrait dans ce sens recevrait le plein appui des autorités. À partir de ces assurances, le Conseil a de fait adressé aux médias concernés les mises en garde précitées. Les réponses ont été favorables. Sauf qu’une des entreprises visées a tenu à rappeler au Conseil qu’avant de parler de mise au pas, il ferait mieux de plancher sur le plan directeur qui doit servir de règlement général. Ce qui est la logique même : comment en effet appliquer un règlement qui n’existe pas encore ? Autre point qui suscite des interrogations quant au CNI : saisi de deux demandes de licence présentées par la ICN et l’Association islamique des Macharih (Ahbache), il a trouvé urgent de repasser la patate chaude au gouvernement, en déférant les demandes au Conseil des ministres. Le CNI, qui affirme tenir tellement au pouvoir de décision, s’est contenté dans ces deux cas de donner un avis sur la légalité des demandes et sur la validité des conditions présentées. Cela pour la bonne raison, encore une fois, qu’il n’y a toujours pas de plan directeur ou, si l’on préfère, de code audiovisuel définitif. Mais le gouvernement ne veut pas attendre et il se propose en principe d’octroyer des licences assez rapidement.
Le pouvoir, tout content d’abord d’avoir mis en place un Conseil national de l’information qui ne soit pas un simple fantoche, commence à s’en mordre les doigts. Parce que cette instance, prenant au mot ce qu’on lui a dit de ses prérogatives, rue dans les brancards. Et refuse au gouvernement le cadeau qu’il lui demande. À savoir l’octroi de nouvelles licences dans le...