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Actualités - REPORTAGES

Correspondance Les parodoxes de Yahya, couturier séoudien

La chambre syndicale de la haute couture parisienne voit régulièrement diminuer depuis quelques années le nombre d’adhérents de son club très fermé. Faute de satisfaire à l’ensemble de ses critères draconiens, plusieurs grands couturiers ne sont plus inscrits au calendrier du double défilé annuel, et Paco-Rabanne-le-faux-prophète vient à son tour de faire des adieux plutôt narquoisement accueillis. Défilés parallèles Mais qu’à cela ne tienne! sur le modèle de certaines académies, cette même chambre syndicale accueille aujourd’hui des «correspondants étrangers» et les défilés parallèles se multiplient, apportant la révélation de créateurs jeunes et originaux qui, souvent, ne sont pas loin d’égaler leurs aînés. Parmi ces francs-tireurs, ou ces électrons libres, un nouveau venu débarqué d’Arabie séoudite, Yahya, 35 ans, qui réclame instamment les suffrages du public parisien. Et l’on est bien tenté de les lui accorder à la seule lecture de son dossier de presse qui mélange les genres avec une candeur charmante, juxtaposant la confession la plus débridée et la plus résolue des professions de foi. Ainsi donc Yahya se décrit-il comme le mouton noir de sa famille au pays de l’or noir. La mode est sa passion, à coup sûr sa vocation, une vocation que ne manquent pas de réprouver ses parents, particulièrement traditionalistes. Après s’être essayé à la poésie, puis au journalisme, Yahya se rend coupable de désobéissance en allant s’initier à la couture en Italie. De retour à Djeddah, il forme l’équipe qui animera son atelier et conçoit un style métissant l’héritage des Mille et une Nuits et les techniques occidentales. C’est Lady Di qui donne inopinément tournure à sa carrière : une vraie chance qu’elle ait revêtu un soir une robe qu’il lui avait envoyée ! Les portes s’ouvrent aussitôt pour lui et le voilà sollicité à la fois au Caire, en Jordanie, à Oman, à Moscou même, et à Paris. Paris où il vient de présenter son premier défilé à l’hôtel Intercontinental. Huit modèles déclinés en couleurs différentes, avec ce qu’il fallait de lamés, mousselines, guipures, perles, strass et broderies arachnéennes pour justifier des prix allant de 25 000 à 150 0000 FF. Audaces et subterfuges Yahya qui n’a rien d’un téméraire ou d’un chahuteur n’est pas non plus dépourvu de fantaisie et d’imagination. Il joue avec brio de l’asymétrie et ne recule pas devant certaines audaces, osant par exemple dans des bustiers quelques découpes originales qui découvrent la chair des mannequins et qu’à vrai dire on n’attendrait pas de la part d’un couturier séoudien. Mais à chaque fois, on le voit céder au repentir et imaginer un subterfuge prouvant qu’il a plus d’un tour et d’une parade dans son sac. Qu’il risque une minirobe vraiment très mini ou une jupe longue fendue plus haut que la cuisse et un manteau de dentelle jouant hypocritement la transparence volera au secours de la pudeur offensée. Qu’une épaule soit par trop découverte et la morale sera sauve, malgré tout, grâce à une large bretelle se terminant en étole. C’est ce qui s’appelle biaiser, et sans doute l’étonnerait-on beaucoup en lui apprenant que le terme biaiser fait partie du vocabulaire de la couture.
La chambre syndicale de la haute couture parisienne voit régulièrement diminuer depuis quelques années le nombre d’adhérents de son club très fermé. Faute de satisfaire à l’ensemble de ses critères draconiens, plusieurs grands couturiers ne sont plus inscrits au calendrier du double défilé annuel, et Paco-Rabanne-le-faux-prophète vient à son tour de faire des adieux...