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Actualités - ANALYSE

Sourdes tensions au sein du camp loyaliste Les décideurs rappellent discrètement à tous les règles du jeu

On le sait : Taëf a institué de nouvelles pratiques, plus ou moins fantaisistes sans doute, mais qui doivent toujours se situer dans des limites à ne pas dépasser. Ou comme on dit ici, «sous un toit qu’on ne peut crever», entendre sous la seule autorité des décideurs. Dans ce cadre, il est entendu que toute révision des accords initiaux ou de la Constitution qui en découle nécessite un consensus national. Condition nécessaire mais pas suffisante, puisque tout arrangement de ce genre doit être accepté et cautionné par les parrains du document dit de l’entente nationale. En clair, par Damas qui prodigue ses conseils d’apaisement, directement ou indirectement à toutes les parties concernées. Avec d’autant plus de soin que les autres tuteurs, séoudiens ou américains, lui laissent entière carte blanche. Sur le plan pratique, la Syrie, disent les loyalistes, entreprend en permanence sinon d’harmoniser les positions du moins d’atténuer les tensions entre les joueurs qui font partie du pouvoir ou se rattachent à ce qu’il est convenu d’appeler la légalité. Ceci en base de constantes déterminées, dont on reparle actuellement beaucoup. Car en coulisses de vives tensions opposent les responsables. On a pu en avoir une petite idée à travers le récent épisode Murr. Le ministre de l’Intérieur a en effet publiquement évoqué la délicate question des prérogatives au sein de l’Exécutif, c’est-à-dire la répartition des vrais pouvoirs. Ce qui lui a valu une vive réaction de mise au point, tout aussi publique, de la part du président du Conseil qui l’a pour ainsi dire convoqué à cet effet. M. Murr avait estimé, dans une intervention télévisée, que l’attribution du pouvoir exécutif au Conseil des ministres réuni est en quelque sorte une anomalie, car la responsabilité se dilue sinon se perd. À son avis, il faut qu’il y ait une référence précise à laquelle on puisse se reporter. Autrement dit quelqu’un de bien déterminé qui tienne les rênes en mains et réponde de ses actes. D’autant qu'en pratique la volonté du Conseil se résume à celle du chef de l’État et du chef du gouvernement. Quand ils s’entendent, les autres membres du Conseil n’ont plus qu’à prendre acte. Le chef du gouvernement a répondu en relevant d’abord que cet avis personnel n’engage que son auteur. En soulignant ensuite que la détention du pouvoir par le Conseil des ministres, consacrée par Taëf autant que par la Constitution, ne saurait être remise en question. Il a laissé entendre ensuite que M. Murr avait clarifié sa pensée en indiquant qu’elle avait été mal interprétée. Un peu dans le même sens, les loyalistes tiennent à souligner que les propos de M. Murr ont été tenus en réponse à des questions journalistiques. Ils ne constituent donc pas une initiative qu’il aurait prise d’avance, une attaque délibérée, concertée avec d’autres pour créer un courant de contestation institutionnelle au sein même du pouvoir. Il n’empêche que les assertions du ministre concordent avec des thèmes que développent depuis quelque temps d’autres politiciens qui se disent soucieux de cohésion étatique. Et préconisent fortement, comme naguère le président Élias Hraoui, que le Liban n’ait plus qu’une seule tête pour le diriger et non deux, trois ou plusieurs. Ces politiciens ont donc trouvé une aubaine dans les déclarations de M. Murr. Et ils tentent de les exploiter, en faisant valoir qu’il est inimaginable qu’un leader aussi expérimenté que le ministre de l’Intérieur se soit allé devant les caméras à «penser tout haut». C’est-à-dire à livrer de simples impressions personnelles, sur lesquelles il n’aurait consulté personne ni le régime ni le chef du gouvernement ni les décideurs. Des opposants prennent pour leur part un malin plaisir à enfoncer le clou. En laissant entendre que la question des prérogatives «est sans doute soulevée à seule fin de troubler un peu les relations entre les dirigeants. En effet, estiment ces sources, on sait que le régime a tout de suite fait savoir lors de son avènement que l’état des textes constitutionnels est assez bon dans son ensemble, que des amendements ne s’imposent pas puisque le pouvoir s’exerce en participation. De son côté, la présidence du Conseil a toujours souligné que Baabda, contrairement à ce qu’insinuent certains leaders, ne phagocyte pas ses prérogatives. Les rapports entre les dirigeants sont donc aussi bons que ceux qui existaient jadis entre le président Élias Sarkis et le regretté Chafic Wazzan. À ceux qui lui reprochaient d’être trop proche du chef de l’État ce dernier répondait invariablement : le pouvoir est harmonie et non pas querelle. C’est le même esprit qui règne aujourd’hui. Et il est possible que cela indispose nombre de parties, dont celles qui ont tendance à provoquer des divisions pour jouer les conciliateurs ou les arbitres. Il faut donc voir, concluent les opposants, ce que vont donner les visites à Damas du président Hoss…» Démarches qui, nonobstant les sous-entendus des opposants ou leurs secrets souhaits, porteraient selon les loyalistes non pas sur les questions de politique intérieure mais sur la situation régionale, à l’approche de la reprise des négociations.
On le sait : Taëf a institué de nouvelles pratiques, plus ou moins fantaisistes sans doute, mais qui doivent toujours se situer dans des limites à ne pas dépasser. Ou comme on dit ici, «sous un toit qu’on ne peut crever», entendre sous la seule autorité des décideurs. Dans ce cadre, il est entendu que toute révision des accords initiaux ou de la Constitution qui en découle...