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Actualités - CHRONOLOGIE

Des lunettes à dix milles livres la paire !(photo)

L’éclipse partielle qui a été observée entre autres au Liban n’aura pas découragé tout le monde. Certains intrépides ont sillonné les rues désertes dans leurs voitures pour pourvoir les retardataires en lunettes spéciales. Et il y en avait qui achetaient la paire à deux fois son prix. Nous avons rencontré deux de ces marchands ambulants à Dora. Se postant devant l’un des rares rassemblements dans la capitale, ils lançaient aux passants : «Des lunettes à dix mille livres la paire !». Les acheteurs sont bientôt légion. En effet, à rester si longtemps sous le Soleil, les jeunes personnes présentes ont fini par être gagnées par la curiosité, selon leurs propres aveux. Mais le prix auquel était vendues les lunettes posait problème, ce qui a soulevé des protestations. «Ils sont vendus à 70 cents à Bourj Hammoud», a assuré un grand gars moustachu. «À Raouché, vous pouvez les obtenir à un dollar au maximum». Il n’en demeure pas moins que Raouché est loin et que les nombreuses boutiques de la rue Bourj-Hammoud sont toutes fermées. Seules quelques personnes dans des cafés y étaient assises bien à l’ombre, regardant ensemble la télévision. «Où pouvons-nous aller de mieux pour contempler la progression de l’éclipse ?», dit Joseph. «Nous ne regardons pas directement le Soleil mais le suivons à la télévision. Par contre, il est intéressant de constater la baisse d’intensité de la lumière solaire. C’est la première fois que nous sommes témoins d’un tel phénomène». Interrogés sur ce qu’ils pensaient de l’attitude des gens, Joseph et son compagnon Mansour déclarent : «Il est vrai que la plupart se barricadent chez eux. Mais d’autres font preuve d’une inconscience rare. Regardez ces jeunes devant nous, ils contemplent le Soleil à l’œil nu». Autre phénomène de taille : l’éclipse, totale celle-là, des taxis et des bus, un phénomène particulièrement perceptible à Dora où ils se rassemblent d’habitude. Bus et taxis étaient introuvables hier et gare à qui voulait emprunter les transports publics pour se rendre quelque part ! Mais l’exception confirme la règle et nous avons quand même rencontré un chauffeur de taxi : Youssef, autrement appelé prince de la flûte de pan selon ses propres termes. Avec ses moustaches touffues qui lui arrivent jusqu’aux oreilles, son chapeau de paille et ses yeux percutants, il ne semble pas être de ceux qu’on effraie facilement. «Je n’ai peur que de Dieu», déclare-t-il sans sourciller. Interrogé sur les clients en cette journée particulièrement morne, il confirme qu’«ils sont rares et très peureux. Ils me demandent tous de rouler plus vite, mais je refuse de faire de la vitesse pour quelque raison que ce soit». Par ailleurs, vendre des lunettes n’est pas la seule façon de tirer parti d’une journée exceptionnelle comme celle d’hier. Profiter d’un jour de vacances en se rassemblant entre amis était également dans les projets de certains. Des restaurants et même des boîtes de nuit ont prévu des programmes spéciaux durant l’éclipse. L’une de ces boîtes, l’Ozone à Kaslik, a vu ses habitués déferler pour assister à l’éclipse sur grand écran, dans une ambiance feutrée. Interrogée sur sa présence en cet endroit, une dame répond : «Nous sommes venus rejoindre nos amis». Préfèrent-ils se trouver sous terre par peur des répercussions de la lumière du Soleil ? «Pas du tout, nous aimons cet endroit, c’est tout !», dit-elle.
L’éclipse partielle qui a été observée entre autres au Liban n’aura pas découragé tout le monde. Certains intrépides ont sillonné les rues désertes dans leurs voitures pour pourvoir les retardataires en lunettes spéciales. Et il y en avait qui achetaient la paire à deux fois son prix. Nous avons rencontré deux de ces marchands ambulants à Dora. Se postant devant...