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Actualités - CHRONOLOGIE

Russie - Nouveau coup de théâtre au Kremlin en pleine crise du Caucase Stépachine limogé, Poutine candidat officiel à la succession d'Eltsine

Le président Boris Eltsine a limogé lundi le Premier ministre Sergueï Stepachine et nommé à sa place le chef des services secrets Vladimir Poutine, qu’il a désigné officiellement candidat à sa succession. Lors d’une intervention à la télévision russe, le chef de l’État a souhaité que Poutine lui succède à la tête de la Fédération russe. L’élection présidentielle est prévue en l’an 2000. Eltsine a également fixé au 19 décembre la date des prochaines élections législatives. Cette décision dissipe, pour un temps au moins, les craintes d’un scrutin anticipé ou d’une annulation pure et simple des législatives. Les marchés russes ont immédiatement réagi à l’annonce du limogeage de Stépachine qui avait réussi, en moins de trois mois à la tête du gouvernement, à regagner la confiance du Fonds monétaire international: le FMI a ainsi relancé son programme de prêts, suspendu l’été dernier après la dévaluation de fait du rouble. La monnaie russe était cotée hier matin entre 25,2830 et 25,9000 pour un dollar contre 24,5485 en clôture vendredi. La Bourse de Moscou perdait entre 10 et 17 points. Les autres places boursières ont peu, voire pas, souffert de ce revirement politique. La décision de Boris Eltsine a pesé un moment sur l’euro, qui est passé en dessous de 1,0720 dollar mais les cambistes ont souligné que la devise européenne était déjà en baisse. Les réactions à l’étranger sont prudentes mais témoignent généralement d’une certaine confiance en l’avenir des réformes économiques et politiques russes. Paris a rappelé que la Russie avait «démontré sa volonté de renforcer les bases de son régime démocratique», Londres s’est dit impatient de travailler avec la nouvelle équipe gouvernementale, expliquant que l’instabilité en Russie n’était bonne «ni pour le peuple russe ni pour le reste du monde». Même constatation en Chine, qui a appelé de ses vœux une stabilité politique durable en Russie mais s’est refusée à commenter le limogeage de Stépachine. De leur côté, les autorités japonaises ont fait savoir qu’elles maintiendraient et renforceraient leur coopération avec Moscou. Vladimir Poutine, 47 ans, ancien espion du KGB en Allemagne, exerçait jusqu’alors les fonctions de chef des services secrets russes (FSB, services fédéraux de sécurité) et de secrétaire du Conseil de sécurité. Il a été nommé premier vice-Premier ministre, une fonction qui le désigne de fait Premier ministre par intérim. Il devient le cinquième Premier ministre de la Russie en 18 mois. « Faire renaître la Russie » À l’issue d’un entretien avec son prédécesseur, Vladimir Poutine a déclaré qu’il ne prévoyait pas de grands changements dans la future équipe gouvernementale et qu’il maintiendrait à leurs postes les responsables de l’Économie et des Finances. «J’ai décidé de nommer un homme qui, à mon sens, est capable d’unifier la société sur la base des forces politiques les plus importantes, de garantir la continuité des réformes en Russie», a déclaré le président russe. «Il sera en mesure d’unir ceux qui feront renaître la Grande Russie au XXIe siècle», a-t-il ajouté. La candidature de Poutine devrait être examinée vendredi par la Douma, selon Interfax. Le président de la Douma, Guennadi Selezniov, a précisé qu’une décision serait arrêtée dans la journée à l’issue d’une réunion des chefs de groupe de la Chambre basse. Poutine devra recueillir la majorité simple de la Douma (450 élus) pour être confirmé dans ses fonctions. Les députés russes ont une semaine pour examiner cette candidature. Les politologues estiment que la Douma acceptera tout candidat dont le mandat ne dépassera vraisemblablement pas quatre mois. «C’est une pure folie (...) Nous avions prévenu que ce gouvernement serait limogé avant le mois de septembre», a déclaré le chef du Parti communiste, Guennadi Ziouganov. «Rien n’a changé, le régime agonise». Objectif l’an 2000 Pour Viktor Illioukhine, influent député communiste, cette nouvelle nomination est la preuve que l’entourage du président russe, baptisé «La famille», cherche par tous les moyens à protéger ses intérêts avant l’élection présidentielle. «La famille cherche probablement un personnage plus fiable (que Stépachine) qui pourrait être le successeur d’Eltsine», explique-t-il. Selon Interfax, Eltsine a proposé un nouveau poste à Stépachine, qui a préféré faire une «pause». La chaîne de télévision russe ORT a diffusé des images du Conseil des ministres d’hier au cours duquel Sergueï Stépachine a remercié son gouvernement pour le travail accompli. «Je lui ai dit ce que ce limogeage représentait pour moi (...) Mais c’est son droit en tant que président et commandant en chef (...) Je lui ai dit que je suis et serai toujours de son côté», a déclaré l’ex-Premier ministre à la télévision. «Je souhaite bonne chance (à Poutine), surtout de la chance, parce qu’il a déjà tout le reste», a-t-il ajouté. Ce nouveau coup de théâtre politique, dont Eltsine s’est fait une spécialité, intervient en pleine crise au Caucase, où les incidents se multiplient depuis quelques semaines, notamment au Daghestan et en Ossétie du Nord. Stépachine s’était rendu dimanche au Daghestan où des affrontements opposent depuis trois jours soldats et policiers russes à quelques centaines de combattants islamistes qui se sont emparés de plusieurs villages.
Le président Boris Eltsine a limogé lundi le Premier ministre Sergueï Stepachine et nommé à sa place le chef des services secrets Vladimir Poutine, qu’il a désigné officiellement candidat à sa succession. Lors d’une intervention à la télévision russe, le chef de l’État a souhaité que Poutine lui succède à la tête de la Fédération russe. L’élection présidentielle est...