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Actualités - CHRONOLOGIE

Nouveaux heurts entre francais et albanais à Mitrovica(photo)

Pour la deuxième journée consécutive, des incidents ont opposé dimanche des soldats français de la Kfor à des Albanais à Mitrovica, troisième ville du Kosovo. Les militaires de la Force internationale de paix ont empêché quelque 200 Albanais de souche de gagner le secteur serbe, sur la rive nord de la rivière Ibar. Des échauffourées avaient déjà opposé samedi les soldats français à un millier d’Albanais qui tentaient de franchir le pont divisant la ville. Le contingent français s’était préparé dimanche à un nouvel «assaut» des Albanais : appuyés par une dizaine de blindés, les soldats avaient formé un barrage humain sur le pont de Mitrovica. Les incidents ont éclaté après qu’une femme à la tête du rassemblement eut insulté et frappé un soldat français, qui l’a repoussée sans ménagements. La foule s’est alors précipitée sur les militaires. Coups de pied et coups de poing ont été échangés. Un jeune Albanais a été arrêté pour coups et blessures. «Les Français sont des terroristes», scandait la foule, composée de jeunes hommes en majorité. «Nous allons libérer Mitrovica», criaient-ils, crachant sur les soldats et leur jetant des canettes de soda. La mêlée a duré une dizaine de minutes et la tension est restée vive dans la demi-heure qui a suivi : la foule a brûlé et piétiné un drapeau yougoslave et brandi les couleurs albanaises. Quelques Serbes s’étaient rassemblés sur la rive opposée, bouclée par mesure de précaution, pour observer la scène. Les chants nationalistes albanais entonnés par les manifestants ont bientôt été couverts par des airs du folklore serbe s’échappant d’un café du secteur Nord, le Dolce Vita. Les Albanais ont finalement déserté le pont à midi et ont ensuite défilé dans la ville. Ils se sont rendus au quartier général du contingent français pour réclamer la libération de leur camarade mais se sont dispersés peu après sur ordre d’un officier de l’UCK. Samedi soir, une grenade a été tirée depuis les quartiers albanais sur la zone serbe, a précisé un porte-parole du contingent français, le lieutenant Meriadec Raffray. On ne déplore ni blessés ni dégâts. Les assaillants ont pris la fuite. « On se croirait au Texas » Des tirs de mitrailleuse ont également retenti sur la rive sud de la ville. Les soldats français ont riposté. Un adolescent a été interpellé. «On se croirait au Texas. Tout le monde a des fusils et il est quasiment impossible de les contrôler», témoigne Meriadec Raffray. «Ces mouvements de protestation sont certainement orchestrés par l’UCK, pour accentuer la pression sur nos rangs. Cela pourrait provoquer de graves violences et notre mission est d’éviter cela», a-t-il dit. Kovoska Mitrovica est considérée comme l’un des principaux foyers de tension entre la minorité serbe de la province et les Kosovars albanophones tentés par des actes de vengeance après avoir subi des années durant la répression des forces de police serbes. Forces spéciales et milices serbo-yougoslaves s’étaient livrées à des pillages et des dégradations à Mitrovica avant le début des bombardements de l’Otan sur la Yougoslavie, contraignant à l’exode une bonne partie de la population. Bajram Rexhepi, albanais de souche nommé maire de Mitrovica par le conseil exécutif provisoire mis en place par l’UCK à la tête de la province, a dit avoir présenté un plan à l’administrateur civil Bernard Kouchner en vue de désamorcer les tensions dans la ville. «Nous proposons que, chaque jour, cinquante familles habitant le même immeuble ou la même rue (du secteur nord) soient autorisées à regagner leurs foyers», a-t-il précisé. «Si dans une semaine nous n’observons pas de résultats tangibles, nous ne nous sentirons plus l’obligation (de coopérer) avec la communauté internationale et nous utiliserons d’autres méthodes pour résoudre ce problème, des méthodes semblables à celle d’aujourd’hui», a-t-il prévenu. Les soldats français déployés à Mitrovica contrôlent depuis six semaines les allées et venues entre secteurs serbe et albanais : des barrages bloquent l’accès du pont à chaque extrémité et piétons et véhicules sont systématiquement fouillés. Seuls les femmes, les enfants et les personnes âgées sont autorisés à se rendre dans l’un ou l’autre des quartiers de la ville pour rendre visite à leur famille ou faire des achats. Les hommes sont presque systématiquement refoulés, ce qui fait enrager la communauté albanaise.
Pour la deuxième journée consécutive, des incidents ont opposé dimanche des soldats français de la Kfor à des Albanais à Mitrovica, troisième ville du Kosovo. Les militaires de la Force internationale de paix ont empêché quelque 200 Albanais de souche de gagner le secteur serbe, sur la rive nord de la rivière Ibar. Des échauffourées avaient déjà opposé samedi les soldats français...