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Actualités - ANALYSE

Vie politique - Controverse sur le principe d'égalité La loi électorale suscite des tiraillements

Les directives présidentielles sont formelles : la nouvelle loi électorale sera égale pour tous. C’est ce que s’évertue à répéter le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, qui est en même temps président de la commission tripartite chargée d’élaborer ce code. Et pourtant on continue à lire dans les journaux ou les revues, à entendre à la radio ou à la télévision qu’une fois de plus le découpage des circonscriptions n’obéira pas à des critères unifiés. Qu’il y aurait le caza par-ci, le mohafazat par-là et un mélange des deux ailleurs. La version la plus courante et que, comme dans les deux éditions précédentes, on garderait le mohafazat comme base électorale sauf au Mont-Liban qui serait divisé en deux ou en trois circonscriptions. Pour faire plaisir à M. Walid Joumblatt. Et si les cercles politiques s’entêtent à croire que le principe d’égalité voulu par Baabda ne sera pas appliqué, c’est parce qu’on y estime généralement que les décideurs veulent qu’on donne au leader druze ce qu’il demande. Il n’est pas étonnant dès lors d’entendre le vice-président de la Chambre M. Élie Ferzli soutenir que le nouveau texte sera une copie de l’ancien «car la capacité de changement n’existe pas». Une tournure de phrase lourde de sous-entendus critiques à l’égard du pouvoir en place. Pour y répondre, un loyaliste rappelle que le chef de l’État, le général Émile Lahoud, se fait un point d’honneur d’offrir aux Libanais l’égalité devant la loi, qu’elle soit électorale ou autre, principe énoncé dans son discours d’investiture comme l’un des points forts de ses engagements. «Il y est tellement attaché que rien ne saurait le faire changer d’avis, ni les sollicitations des frères ni la nécessité d’exceptions à la règle pour assurer les équilibres intérieurs. Même Beyrouth serait divisé si les autres mohafazats devaient l’être» souligne cette source. Et à propos du découpage, le loyaliste bien informé livre les indications de tendance suivantes : – Pour le cadre général, on maintiendrait le mohafazat. – Mais il y aurait deux tours de scrutin. Le premier, sélectif, retiendrait les postulants qui auraient obtenu 25 % des suffrages exprimés au niveau du caza. – Scrutin en base des 30 districts administratifs que la nouvelle loi sur la décentralisation va créer en province. – Beyrouth pour sa part aurait également autant de circonscriptions pour le premier tour qu’elle doit comprendre de régions administratives, c’est-à-dire cinq. C’était d’ailleurs le cas du temps de Chamoun, quand il n’y avait que 44 députés. La capitale comprenait les circonscriptions suivantes : Médawar ; Achrafieh-Rmeil-Saïfi ; Mazraa ; Ras Beyrouth-Mousseitbé-Zokak el-Blatt – Bachoura ; Minet el-Hosn- Aïn el-Mreïssé – Port. Bien sûr le découpage ne serait pas tout à fait identique à celui des années cinquante, la ville s’étant beaucoup agrandie. Mais l’idée de base serait la même. – L’élection définitive aurait lieu au niveau du mohafazat. – En tout l’opération prendrait huit dimanches, cinq pour le premier tour et trois pour le deuxième. «En adoptant un tel système, plaide le régimiste, nous aurions enfin appliqué les préceptes de Taëf. Car cet accord stipule textuellement que “des élections seront organisées conformément à un nouveau code qui se basera sur le mohafazat et ménagera les règles de la coexistence, en assurant la saine représentation de toutes les franges, de toutes les générations, de toutes les forces actives du pays, dans le cadre de l’unité du sol, du peuple et des institutions. Cela après révision du découpage administratif qui se fera à travers un plan de décentralisation fondé sur le caïmacamat mais rajoutant de nouveaux districts aux caïmacamats déjà existants”». Toujours est-il que, selon un ancien ministre maintenant retiré de la politique, la réorganisation du cadre électoral «va permettre aux loyalistes de réaliser leur rêve : mettre en place une Chambre qui leur soit largement acquise». «En effet, note cet homme d’expérience, le tamis des 25 % sélectifs va faciliter la formation de ce qu’on appelle le bus gouvernemental, c’est-à-dire les listes de coalition que le pouvoir centralisateur a les moyens d’inspirer. On prendrait sur ces listes les éléments dociles, pour peu qu’ils aient obtenu le quart des voix, et l’on écarterait les fortes têtes. Même ou surtout si dans leur caza ils se sont montrés les plus forts, obtenant par exemple 60 % des voix car ils auraient alors trop tendance à jouer les indépendants, les neutrons libres. Au niveau des chefs de file régionaux, ceux d’entre eux qui ne sont pas dans les bonnes grâces du pouvoir trouveraient tout simplement de la difficulté à composer leur menu, à monter une liste forte et complète». En fait ces jeux traditionnels d’alliances peuvent intervenir dans n’importe quel système, quand le pouvoir descend en lice. Ils sont du reste licites, mais prouvent par eux-mêmes que la vraie démocratie n’est qu’une fiction.
Les directives présidentielles sont formelles : la nouvelle loi électorale sera égale pour tous. C’est ce que s’évertue à répéter le ministre de l’Intérieur, M. Michel Murr, qui est en même temps président de la commission tripartite chargée d’élaborer ce code. Et pourtant on continue à lire dans les journaux ou les revues, à entendre à la radio ou à la...