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Actualités - ANALYSE

L'opposition accusée de fabriquer de fausses nouvelles Black-out total sur les discussions en Conseil des ministres

C’est une nouveauté en République libanaise : les journalistes s’échinent en vain à tenter de tirer les vers du nez des ministres après une réunion de leur Conseil. Motus et bouche cousue, ils ne dévoilent rien et envoient courtoisement tout curieux professionnel sur les roses. Appliquant ainsi un mot d’ordre très ferme de discrétion donné par les dirigeants qui estiment, à juste titre, qu’un pouvoir qui en dit trop n’en fait pas assez. Il faut donc souvent recourir à des contorsions et à d’innombrables recoupements pour obtenir quelques détails factuels, mais jamais un tableau de climat. Désormais, les reporters savent qu’à la seule évocation du terme «Conseil des ministres», ils vont s’attirer cette réponse uniforme : «Les débats sont secrets, je ne peux rien en dire et en tout cas notre équipe a pour consigne de ne s’autoriser aucune fuite en direction des médias. Le régime, qui prône une vraie transparence, interdit strictement les pratiques d’intox médiatique que nous laissons dès lors volontiers à nos adversaires. Tout ce que nous avons à dire est contenu dans le communiqué de synthèse qui suit le Conseil et dans les réponses que le ministre de l’Information, porte-parole du gouvernement, apporte alors aux questions que l’opinion peut se poser». Cette discrétion vaut parfois aux ministres des déboires aussi anecdotiques que domestiques. Ainsi l’un d’eux, rentrant chez lui le soir, est apostrophé par sa tendre moitié : «Je me suis trouvée ridicule dans un salon. Toutes ces dames en savent plus long que moi sur ce qui se passe. Tu ne me dis jamais rien»... L’intéressé, sans faire la leçon à sa bouillonnante épouse, lui a fait remarquer qu’il tomberait dans son estime et faillirait à ses devoirs s’il se montrait bavard, les affaires d’État ne pouvant se raconter à la cuisine ou sur l’oreiller. Et il a ajouté en substance : «Rassure-toi, ce que ces dames ont pu débiter devant toi pour frimer n’est sûrement pas exact, car aucun de nous n’enfreint la loi du silence. Sinon il saute vite fait bien fait»… Cette éthique n’en rend que plus troublant le fameux «communiqué d’une source ministérielle anonyme» qui, il y a quelque temps, a provoqué sur la scène locale une telle tempête politique… Et cette même morale ne pousse pas l’élévation jusqu’au point d’interdire aux loyalistes de l’exploiter comme une arme contre leurs adversaires. Ainsi, on entend l’un d’eux en tirer gloire pour soutenir que «le gouvernement Hoss est sans doute le premier qui au Liban se montre à la hauteur de sa vocation de serviteur de la raison d’État. Il respecte la sacralité des débats du Conseil des ministres et agit par là en équipe homogène, bien soudée. Tout ce qui se raconte ensuite sur les échanges entre ministres n’est que bobards tissés de toutes pièces par certains opposants spécialisés dans les manœuvres d’intox. Ils veulent faire que les membres du Cabinet sont désunis, mais c’est faux. Dans les indications données à l’opinion, qui y a droit, le gouvernement reconnaît toujours, quand le cas se présente, l’existence de vues divergentes entre ses membres, ce qui est du reste tout à fait normal. Mais il n’y a jamais de conflit véritable, pour la bonne raison que tous participent à une même politique en laquelle ils croient fermement. Le cap est là, bien défini et le gouvernement n’en dévie jamais». Et de donner un exemple concret : «L’on a répandu partout que le ministre de l’Intérieur et des Municipalités, M. Michel Murr, s’était disputé avec le ministre de la Justice, M. Joseph Chaoul, au sujet des carrières. En réalité, M. Chaoul, en sa qualité de juriste autorisé, a fait des remarques techniques sur le projet de M. Murr concernant cette question et il en a été discuté objectivement à cœur ouvert, sans acrimonie. Quoi de plus normal»... En effet, à cette nuance près qu’on se demande un peu comment l’opposition a pu avoir vent de cette confrontation de vues pour la monter en épingle, si le Cabinet est aussi exemplairement discret que le soutiennent les loyalistes. – On peut de même s’étonner des prédictions de ce ministre qui déclare : «Je ne divulgue pas un secret : un changement perceptible dans les prestations du gouvernement va se produire bientôt. Attendez voir, car cela sera une bonne surprise». L’annonce en soi est déjà surprenante!
C’est une nouveauté en République libanaise : les journalistes s’échinent en vain à tenter de tirer les vers du nez des ministres après une réunion de leur Conseil. Motus et bouche cousue, ils ne dévoilent rien et envoient courtoisement tout curieux professionnel sur les roses. Appliquant ainsi un mot d’ordre très ferme de discrétion donné par les dirigeants qui...