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Actualités - ANALYSE

Implantation - Le refus verbal ne suffit pas Sans action concertée, le fait accompli deviendrait définitif

Cela fait des années que la propagande officielle se gargarise, comme pour la libération du Sud, de l’unanimité libanaise concernant le rejet de l’implantation. Mais le danger se précise dans la mesure même où l’on semble se rapprocher d’un règlement global au Proche-Orient. Les mouvements de menton, les déclarations aussi fermes que répétées des autorités libanaises, la réaffirmation que la Constitution même interdit l’assimilation des Palestiniens réfugiés au Liban risquent de n’être que de simples gesticulations, tant qu’une action véritable, tangible, n’est pas engagée pour prévenir le péril. Israël, Barak le confirme mais on le sait depuis toujours, refuse catégoriquement le retour des déplacés. Dans la plus solennelle des occasions, la conférence de paix de Madrid en 1991, Yitzhak Shamir, alors Premier ministre rotatif, avait gagné la tribune pour proclamer que la seule solution du problème résidait dans l’installation sur place des réfugiés, c’est-à-dire dans les pays d’accueil arabes. Il avait ajouté, avec le cynisme brutal qui le caractérisait, qu’à son avis il y avait eu échange : Israël avait repris les juifs venant des pays arabes, pour donner à ces derniers les Palestiniens ! On sait aussi qu’Arafat, qui a évité à dessein d’inclure le sujet dans les accords d’Oslo, ne veut pas des réfugiés chez lui car il ne saurait où les mettre, la bande de Gaza ayant la plus forte densité démographique du monde. Ainsi, les proches d’Abou Ammar, qui ne manquent pas non plus de cynisme, n’hésitent pas à parler du «droit de non-retour» ! Du côté de la communauté internationale, les choses sont loin d’être claires, même au niveau des textes. La résolution numéro 194, qui consacre le droit de retour, remonte à 1948 et il y a eu depuis lors, dans des circonstances fondamentalement différentes, bien d’autres vagues. L’article 11 de cette résolution stipule qu’Israël «doit permettre le retour dans les meilleurs délais des réfugiés qui souhaitent retrouver leurs demeures pour vivre en paix avec leurs voisins. S’ils décident de ne pas retourner, il faut les dédommager pour les biens qu’ils auront laissés». L’année suivante, en 1949, l’Onu tentait à travers la résolution 273 de rappeler à l’ordre Israël qui se fichait comme d’une guigne des résolutions le concernant et a continué à le faire jusqu’à Madrid. Mais du côté arabe non plus on n’est pas opposé à l’implantation. En 1982, le sommet de Fès a pris une résolution à laquelle seul le Liban a fait opposition, prévoyant une indemnisation, une prime pour les réfugiés qui refuseraient de regagner le territoire dit palestinien. Les Américains pour leur part se montrent pour le moins évasifs : ils soulignent que le problème entre dans le cadre des multilatérales, à venir ensuite. Et ils n’ont pas d’objections aux plans, notamment proposés par les Canadiens, prévoyant une installation des réfugiés en partie dans leurs pays d’accueil et en partie dans de nouveaux sites d’immigration. Un ancien directeur de l’Unrwa, l’office des réfugiés, interrogé sur l’implantation, a répondu : «Il ne faut pas rêver. Il existe des Palestiniens qui devront retourner quand il y aura un État palestinien. Mais il existe des réfugiés qui ne connaissent que le Liban et se sentent libanais. Si nous voulons respecter la convention d’Helsinki qui défend les droits des particuliers, nous devrons laisser le libre choix aux Palestiniens en ce qui concerne leur devenir. Certains voudront rester, d’autres retourner en Palestine ou gagner d’autres pays. Chaque cas devra être étudié à part. Ceux qui resteraient au Liban disposeraient de pièces d’identité palestiniennes, puisqu’il y aurait un État palestinien et seraient des immigrés, comme il y en a partout. S’ils veulent devenir libanais, ils devront le demander aux autorités de ce pays, qui décideront». Une étude privée américaine, parue en 1997, recommande pour sa part l’implantation de la plupart des réfugiés en leur donnant le droit de double nationalité. Dans l’état actuel du dossier, le Liban doit d’urgence organiser des manifestations à effet médiatique et lancer une grande campagne diplomatique pour inverser les tendances.
Cela fait des années que la propagande officielle se gargarise, comme pour la libération du Sud, de l’unanimité libanaise concernant le rejet de l’implantation. Mais le danger se précise dans la mesure même où l’on semble se rapprocher d’un règlement global au Proche-Orient. Les mouvements de menton, les déclarations aussi fermes que répétées des autorités...