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Actualités - ANALYSE

Les conditions de Tel-Aviv peuvent tout bloquer

Les Américains veulent mettre les bouchées doubles et piaffent d’impatience en attendant que Barak forme enfin son gouvernement. Ce dernier répète qu’il va prendre langue avec les Syriens et se retirer du Liban-Sud d’ici un an. Mais ces indices positifs sont contrés par une exigence israélienne rédhibitoire soutenue, avec des nuances, par les États-Unis : si la résistance active libanaise ne cesse pas ses opérations, il ne peut y avoir de pourparlers. Et le retrait non plus n’aurait pas lieu. Au stade actuel, les officiels libanais répètent à l’envi, avec l’évident assentiment de Damas, qu’il n’est pas question de neutraliser la résistance. Ils la font d’ailleurs mousser plus que jamais dans leurs déclarations et soutiennent qu’ils font corps avec elle. Ils soulignent qu’Israël n’a qu’à se retirer, s’il veut préserver ses troupes et la sécurité de sa frontière nord. Ajoutant que les négociations de 1972 à Paris entre Vietnamiens et Américains n’avaient pas empêché la guerre de se poursuivre. Et que dans le cas du Sud, le choix est encore plus clair, dans la mesure où les pourparlers entre le Liban et Israël ne concernent pas l’occupation, réglée par la 425, mais les rapports bilatéraux dans l’éventualité d’une paix régionale globale. Les autorités libanaises relèvent aussi que s’il s’agissait de traiter la situation sécuritaire ambiante, ce qui n’est pas le cas, les pourparlers auraient pour but justement de déboucher sur un armistice, donc que la lutte continuerait sur le terrain jusqu’à ce que l’on aboutisse à un accord. Mais une diplomatie stratégique portant sur un règlement global, répondent les Américains, resterait à la merci de flambées et d’escalades militaires qui provoqueraient naturellement une rupture du dialogue entre protagonistes. Washington, qui a reconnu par la bouche de Satterfield, il y a quelques mois, la légitimité de la résistance libanaise, ne réclame pas officiellement son éviction comme le fait Israël, mais propose une trêve pour la durée des pourparlers. Les États-Unis, estimant que le Liban et la Syrie tardent à assurer l’accalmie requise, n’ont condamné que du bout des lèvres les dernières agressions israéliennes, invitant les parties en présence à exercer la plus forte retenue, dans le respect des accords d’avril. L’Europe, et singulièrement la France, montre plus de sympathie pour le Liban. Ce qui vaut à Paris, dont l’envoyé n’a pu se faire recevoir ni par Sharon ni par Barak, un camouflet diplomatique israélien de taille. Toujours est-il qu’en pratique, une fois de plus, la suite des événements dépendra essentiellement de la Syrie. Elle peut, sans le dire, souscrire aux demandes US et amener le Hezbollah à suspendre ses actions pour permettre la reprise des négociations. Elle peut aussi faire accepter par les Occidentaux un compromis : on reviendrait à une stricte application des accords d’avril 96, préservant les civils des deux côtés de la barrière, étant sous-entendu que les affrontements sur le terrain diminueraient d’intensité sans cesser complètement. Le principe de la poursuite de la résistance, dans le cadre d’une coordination étroite avec l’État libanais, serait ainsi respecté. Damas attend sans doute pour se prononcer de connaître et la composition du Cabinet Barak et les propositions ou positions qu’il va adopter au sujet du Golan. Comme au sujet du Liban-Sud, puisque les deux volets sont liés.
Les Américains veulent mettre les bouchées doubles et piaffent d’impatience en attendant que Barak forme enfin son gouvernement. Ce dernier répète qu’il va prendre langue avec les Syriens et se retirer du Liban-Sud d’ici un an. Mais ces indices positifs sont contrés par une exigence israélienne rédhibitoire soutenue, avec des nuances, par les États-Unis : si la résistance active...