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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Curiosité - Une famille génoise a régné 200 ans sur la ville Quand Jbeil était italienne(photo)

Pendant près de 200 ans, la ville de Jbeil a été italienne. Cette découverte, qui en dira certainement plus sur les relations étroites entre l’Europe et le Liban, date d’il y a quelques mois à peine. En mars dernier, à l’occasion d’un voyage à Gênes, Elham Kallab-Bsat, professeur d’histoire de l’art à l’Université libanaise, apprend l’existence de la famille Embriaci, qui a régné sur Byblos de la fin du XIe à la fin du XIIIe siècle. Il n’en faut pas moins à cette Jbeilotte pour se lancer dans l’organisation d’un colloque, «De Jbeil à Gênes, les Embriaci, XIe-XIIIe siècles, qui s’est tenu le mois dernier sous le patronage du ministre de la Culture et de l’Enseignement supérieur, M. Mohammed Youssef Beydoun. Les intervenants des universités de Gênes et de Beyrouth ont posé les premiers jalons sociaux et culturels de ce fragment d’histoire pour le moins inattendu. Guiliemo «Testa di Maglio» (tête de maillet) Embriaco prend possession de Jbeil en 1109. Ce vicomte génois s’était embarqué lors de la première croisade aux côtés de Raymond de Saint-Gilles pour conquérir Tripoli et Byblos. En guise de récompense, Saint-Gilles lui offre la cité portuaire comme fief héréditaire. Dès cette période, les seigneurs de Gibelet (nom francisé de la ville) reprennent leurs activités commerciales : Jbeil compte au nombre des comptoirs génois. Mais les Gênois deviennent aussi orientaux, peut-être un peu trop au goût des Francs, qui ne leur ont pas laissé beaucoup de place dans leurs chroniques, et cela pour deux raisons principales : d’abord, les Embriaci ont instauré, au cours de ces années, un large commerce avec les Mamelouks, ceux-là mêmes qui ont bouté les Croisés hors du pays. Des guerres les ont également séparés, et les Génois ont eu à se défendre contre les Francs et les Pisans. Ensuite, il semble que, tout au long de sa domination de Jbeil, cette dynastie ait favorisé les mariages avec des femmes libanaises (de Tripoli, Jbeil et Bechmezzine) qui n’étaient pas des chrétiennes d’Orient... Les femmes Embriaci sont de fortes têtes, qui ont su se faire respecter : en 1185, Etiennette de Milly, surnommée «la Dame de Gibelet» grâce à son habilité dans les tractations, rend la ville à sa famille, alors en guerre contre Saladdin. Leur force paraît avoir un ascendant tout particulier puisque, vers la fin de leur règne, un des Génois mâles choisit de porter le nom de sa mère. Si la découverte est de taille, elle en est encore à ses premiers balbutiements : les Embriaci, noble famille de commerçants, alliés des Croisés et fournisseurs des Arabes, n’ont plus de descendants, ou presque, qui eux-mêmes ne semblent posséder aucun document. À Jbeil, on ne connaît pour l’instant que trois vestiges datant du passage des Génois : les remparts de la ville, quelques murs de la citadelle et le baptistère de l’église Saint-Jean. Pour en savoir plus sur les maîtres de Gibelet, les historiens se donnent rendez-vous, à Gênes cette fois, le 4 juillet prochain. Affaire à suivre donc.
Pendant près de 200 ans, la ville de Jbeil a été italienne. Cette découverte, qui en dira certainement plus sur les relations étroites entre l’Europe et le Liban, date d’il y a quelques mois à peine. En mars dernier, à l’occasion d’un voyage à Gênes, Elham Kallab-Bsat, professeur d’histoire de l’art à l’Université libanaise, apprend l’existence de la famille Embriaci,...