Décoration - Un restaurant à concept unique "Au Premier" lance la cosymania (photos)

À Beyrouth, les restaurants ouvrent et se ressemblent trop. Les clients sont bien souvent déçus par les mêmes détails : trop grand, trop sombre, trop bruyant, trop snob, trop cher. Bref, tout est une question d’ambiance, et le plaisir des papilles va de pair avec le plaisir des yeux. Il semblerait bien que le restaurant Au premier de l’hôtel Vendôme à Ain Mreissé ait trouvé la bonne formule. Ouvert depuis novembre 1998, cet endroit a opté pour une vision assez efficace du concept gastronomique : qui dit atmosphère agréable dit décoration réussie auxquelles on accroche évidemment un menu adapté. Cela donne forcément quelque chose de plaisant. Dès l’entrée, le ton est donné : les meubles sont cossus sans être prétentieux, les parquets alternent avec les marbres et les tapis, les couleurs ocre et bleu dominent, sans négliger toutefois les tons plus foncés. Le décorateur de l’hôtel, Jean-Yves Rochon, a voulu donner à l’espace les allures d’un appartement parisien : à partir des colonnes qui restaient de l’ancien restaurant La Croisette, l’idée d’un lieu intime et convivial composé de cinq pièces est née. Et on découvre un bar, un «Jardin d’hiver», une petite et une grande salle à manger, et une bibliothèque, qui réussissent à créer l’atmosphère désirée : une sorte de chez-soi presque sans apprêt, aux antipodes de La Croisette, jugée trop froide et prétentieuse. Cette jolie illusion «cosy» ne doit sa réussite qu’à l’agencement d’une multitude de petits détails : chaque pièce est truffée d’objets aussi variés que des vases, un gramophone, des photos anciennes dans leurs cadres, des guéridons chargés de livres, et, au fond du restaurant, un joli poisson rouge dans son bocal... Espace résolument occidental, donc, où l’inspiration anglo-française domine, particulièrement au bar, où les tissus vert sombre et les cuirs chocolat rappellent à merveille l’authentique «fumoir». Les observateurs à l’œil fin auront de quoi s’occuper, en découvrant ces bibelots venus de près ou d’un peu plus loin. La sauce «comme-à-la-maison» a d’ailleurs tellement bien pris que les membres de la gérance eux-mêmes se sont pris au jeu en apportant chacun leur touche personnelle… Cet appartement pourrait être celui de n’importe quelle famille bourgeoise, qui aime à remplir son espace quotidien de cadeaux rapportés des quatre coins du monde, et pour qui l’intimité, mais aussi le naturel priment : dans le «Jardin d’hiver», sont disposés des épices et autres condiments dans de petits paniers d’osier… Enfin quelques grammes d’authenticité dans notre monde gastronomique.