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Actualités - REPORTAGES

Patrimoine-la DGA manque de crédits Les sites archéologiques envahis par les herbes folles(photos)

«Pays chargé d’histoire», «carrefour des civilisations», «trait d’union entre l’Orient et l’Occident »... autant de slogans pour décrire le Liban et attirer les touristes. De promesses de tournées extraordinaires sur les sites archéologiques. Malheureusement, la réalité ne correspond pas à ces promesses. L’herbe géante dissimule les vestiges et une fois sur les lieux, les visiteurs doivent marcher entre les plantes ou désherber le terrain pour dégager les ruines. Car l’herbe pousse partout. Elle couvre les murs, sépare les pierres et jonche le sol. Jaune, verte, fleurie ou desséchée, elle camoufle les ruines et transforme les sites en terrain vague. Cet état de délabrement est dû à une raison bien définie. Faute de moyens, la Direction générale des antiquités n’a pas pu ni nettoyer, ni désherber les sites cette année. «On n’a plus le personnel requis pour ce travail, souligne le Dr Chaker Ghadban, Directeur général des antiquités par intérim, cent ouvriers de la DGA ont été transférés dans les écoles publiques du pays. Et, bien sûr, avec un tel manque d’effectifs, il devient presque impossible de combler les vides. N’oublions pas qu’il y a un décret ministériel interdisant l’embauche de nouveaux fonctionnaires. Et pour ce qui est des produits de désherbage, la DGA ne peut pas fournir l’argent nécessaire à leur achat surtout que le budget n’est pas encore approuvé». La conservation des sites archéologiques est un besoin, une nécessité, voire une obligation. Car, dès le moment de leur découverte et de leur exposition à l’air libre et au soleil, la dégradation lente des vestiges commence. Pour cette raison, il est très important de consolider les murs et d’assurer un bon entretien permettant de les sauvegarder le plus longtemps possible. Tel est le cas des murs construits en pierres calcaires ou en galets, mais si la brique forme la matière première de la construction, alors les dégâts sont irréparables. Les herbes, une destruction lente des sites Les herbes poussent entre les fissures des pierres des murs et détruisent les sites. Car leurs racines causent des fissures dans les pierres et, à la longue, lézardent les murs. Ajoutons que, sous l’action de l’acide organique, les racines dissolvent la pierre. Et par leur dégradation à la fin des saisons, les végétaux sécrètent de l’acide, facteur essentiel dans la destruction de la couche superficielle de la roche. Pour le moment, la DGA n’a plus le choix, «on attend le dessèchement total des herbes pour nettoyer les sites», précise le Dr Ghadban. Notons, cependant, que cette direction à sa charge tous les frais des sites, alors que les tarifs d’entrée sont partagés entre les municipalités et le ministère du Tourisme. Les sites en souffrent Cependant, au Liban, ce ne sont pas tous les sites archéologiques qui sont ravagés par l’herbe. Au sud du pays, la conservation et le nettoyage des sites sont assurés, mais à Byblos et à Anjar, la situation est lamentable. N’oublions pas que le site de Byblos est considéré parmi les plus visités du pays et attire des touristes de toutes les Nations, pour une raison très simple : il compte parmi les plus anciennes villes habitées sur terre. À Anjar, la plus grande partie du site croule sous la végétation desséchée. Dans la zone des souks, les limites des boutiques sont indiscernables, pourtant c’est la plus grande partie du site. Et si on prend le risque de flâner sans se laisser impressionner par les lézards, on peut dénicher de petites tortues. Et dans ce contexte vert, les guides touristiques s’arment de leur plus beau sourire pour essayer de situer géographiquement les vieilles pierres dissimulées par l’herbe ou de justifier, aux plus curieux, la présence de cette végétation abondante sur les lieux. «La maison énéolithique de Jbeil est sous les fleurs messieurs dames, explique Tania une guide touristique. Vous la verrez mieux sur la photo des brochures », assure t-elle. Dans cette situation tragi-comique, un seul vrai perdant, les sites eux-mêmes et bien sûr le Liban.
«Pays chargé d’histoire», «carrefour des civilisations», «trait d’union entre l’Orient et l’Occident »... autant de slogans pour décrire le Liban et attirer les touristes. De promesses de tournées extraordinaires sur les sites archéologiques. Malheureusement, la réalité ne correspond pas à ces promesses. L’herbe géante dissimule les vestiges et une fois sur les lieux, les...