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Actualités - CONFERENCES ET SEMINAIRES

Relations euro-méditérranéennes - Rencontres académiques Liban-Europe : pour un partenariat plus équilibré

Les relations euro-méditerranéennes continuent de mobiliser les intervenants des deux bords, toutes disciplines confondues. Cette fois-ci, l’initiative revient à l’Association des universitaires libanais diplômés des universités françaises (Auluf), qui a pu rassembler des intervenants européens – principalement français — pour débattre des divers facettes des relations qui unissent, depuis les accords de Barcelone, l’Europe au pays du bassin méditerranéen, à savoir les volets économique, culturel, juridique, politique et géopolitique. Quel rôle pour ce partenariat en progression lente dans une région marquée par l’instabilité et l'imprévisibilité ? Quelle place pour le Liban, lieu privilégié pour la lutte d’influence américano-française, dans les calculs de l’Europe qui subit elle-même les lourdes conséquences de la guerre yougoslave ? «Il est utile qu’on ne laisse pas les États-Unis occuper au Moyen-Orient tout le champ de la réflexion de la diplomatie et de la politique», lance Pascal Chaigneau, professeur de géopolitique à l’Université de Paris V. Toujours avec ce même réalisme, distinctif des experts en relations internationales, le professeur Chaigneau pose la problématique des relations franco-libanaises au sein de l’Union européenne en ces termes : «En toute objectivité, dit-il, sur le plan diplomatique, c’est un monopole quasi américain qui prévaut dans la région», (…) à part le Liban, qui reste l’un des derniers pays qui ne soient pas inféodés à la sphère d’influence américaine dont on sait qu’elle est le soutien privilégié d’Israël». Par conséquent, poursuit M. Chaigneau, «il est utile pour l’Europe et pour la France de ne pas laisser le Liban face à face avec les Américains et Israël d’un côté et les Syriens de l’autre, d’où l’intérêt de nouer des relations euro-libanaises». Et M. Chaigneau de développer sa peusée sur le concept de l’«amitié» historique qui lie les deux pays, et qui se résume, aux dires de l’intervenant, à «des intérêts géopolitiques». Le Liban a besoin de la France, dit-il, parce qu’au sein de l’Union européenne, «nous sommes votre avocat (…) pour défendre le dossier d’accord d’association et soutenir la position libanaise à Bruxelles. En même temps, c’est notre intérêt à nous Français parce que nous devons rééquilibrer notre géopolitique vers le Sud et repositionner notre influence dans cette région». Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde diplomatique, ira dans le même sens en affirmant que le besoin de l’Europe pour la paix est grand, et que les intérêts de l’une et l’autre parties, (l’Europe et le Moyen-Orient) sont «profondément mêlés et s’interpénètrent». Cet intérêt serait motivé, entre autres, par le besoin d’accéder au pétrole et au gaz qui sont depuis longtemps, affirme M. Gresh, «un élément important de la stratégie occidentale au P-O et en Afrique du Nord». Cette paix tant recherchée est toutefois menacée par de nouvelles configurations sur la scène internationale, dont les guerres civiles qui déchirent la planète et qui ponctuent «la fin des idéologies, la montée des revendications identitaires et ethniques, l’affaiblissement de l’État dans un contexte de mondialisation», ainsi que «l’élargissement des inégalités à l’intérieur des États». Pour la région du Proche-Orient, c’est une transition qui se prépare, relève M. Alain Gresh, dans laquelle une nouvelle génération de dirigeants accédera au pouvoir. «Elle risque de se dérouler dans les pires conditions», affirme-t-il. M. Walid Arbid, président de l’Auluf, s’interrogera pour sa part sur la signification de la paix au Moyen Orient après avoir dressé «un état des lieux». «La paix ne signifie pas un plus ; c’est une transformation complète et radicale de la situation internationale de la région. Cela implique la création d’un État nouveau (Palestine) et la reconnaissance complète d’un autre État (Israël) avec la complète satisfaction territoriale du Liban et de la Syrie». Cependant, les perspectives politiques ne peuvent être envisagées dans le cadre euro-méditerranéen que corollairement aux aspects culturels et économiques qui ont également fait l’objet de plusieurs interventions. M. Hubert Lang, ancien conseiller à l’ambassade d’Allemagne au Liban, a relaté l’historique de la politique culturelle de son pays à l’étranger, ses lignes directrices et sa dimension européenne. Les intervenants français ont plutôt soulevé l’aspect romantique des relations culturelles qui ont jalonné l’histoire des relations franco-libanaises, et ponctué une coopération dans laquelle la France, à travers la francophonie, continue de bénéficier d’une place privilégiée par rapport à ses partenaires européens. M. Eric Pinon, directeur régional de l’Agence universitaire francophone, développera les différents aspects de la coopération universitaire dans le contexte du dialogue euro-arabe. Le partenariat Nord-Sud a pour objectif de «créer un pôle d’excellence qui permette de mettre en place le savoir-faire», a-t-il relevé. La recherche, la formation des chercheurs et des enseignants et l’accès à l’information scientifique et technologique constituent les missions essentielles de l’agence francophone». Quant au volet économique, un des piliers fondamentaux qui fondent le partenariat, et celui qui sous-tend l’aspect politique, il a également bénéficié de plusieurs interventions pertinentes qui ont mis l’accent à tour de rôle sur les relations commerciales avec le Liban, la corrélation entre les marchés financiers libanais et européens, la participation de l’Europe dans la reconstruction du Liban par le biais de l’assistance financière, qui est par ailleurs bien minime par rapport au budget global de l’UE ( moins de 1%) comme cela a été mis en relief par les participants. Au sujet du développement du partenariat économique avec l’Union européenne, le ministre de l’Économie, du Commerce et de l’Industrie, M. Nasser Saïdi, a précisé, lors de la séance inaugurale du colloque qui a eu lieu lundi dernier, que l’évolution des relations entre l’UE et le Liban ne devrait pas se limiter au passage d’un accord à un autre, mais devrait plutôt «se situer dans la mouvance des nouvelles réalités politico-économiques et sociales que connaissent ces deux régions du monde». Et le ministre de définir les conditions de la coopération économique et financière «qui devraient se concentrer sur les domaines prioritaires dégagés par une analyse coût-bénéfice de l’accord». Bref, une manière de dire que l’intérêt de l’Europe dans le processus du partenariat euro-méditerranéen passe par celui du respect des intérêts calculés des pays concernés et que le développement des accords qu’il sous-tend doit se faire en concertation avec les parties en présence et non à travers un rapport de force inégal. Désormais, les pays méditerranéens doivent jouer un rôle plus actif dans la prise de décision, par-delà les intérêts stratégiques des uns et des autres. C’est en tout cas ce qu’ont décidé les intervenants en clôturant ce colloque de trois jours qui n’a malheureusement pas réussi à captiver une grande foule malgré l’intérêt des débats qui ont eu lieu.
Les relations euro-méditerranéennes continuent de mobiliser les intervenants des deux bords, toutes disciplines confondues. Cette fois-ci, l’initiative revient à l’Association des universitaires libanais diplômés des universités françaises (Auluf), qui a pu rassembler des intervenants européens – principalement français — pour débattre des divers facettes des...