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Actualités - CHRONOLOGIE

Parlement - Les députés préoccupés par l'affaire Hammoud Explications contradictoires de Hoss et Chaoul

C’est incontestablement l’affaire du vol du présumé dossier de malversations au Bureau des médicaments du bureau de l’avocat général financier, M. Khaled Hammoud, qui a ravi la vedette à d’autres sujets d’actualité hier, place de l’Étoile. Si de nombreuses questions ont été posées par des députés choqués de constater qu’on pouvait entrer au Palais de justice comme dans un moulin, les réponses apportées par le gouvernement n’étaient guère convaincantes : elles étaient contradictoires. L’affaire Hammoud a quand même eu l’avantage de donner un peu de piment à une séance plutôt terne. Les débats du premier jour de la réunion parlementaire reflétaient en quelque sorte la morosité qui caractérise depuis quelque temps la vie politique dans le pays. Pourtant les sujets qui peuvent susciter un débat ne manquent pas. Faute d’une actualité brûlante, les parlementaires se rabattent sur des questions d’intérêt général jusqu’à ce que M. Boutros Harb, député de Batroun, aborde le dossier des enquêtes judiciaires et particulièrement de l’affaire Hammoud. Le député conteste – tout comme M. Mohamed Abdel-Hamid Beydoun d’ailleurs – le tapage médiatique «anarchique» – qui accompagne «certaines» investigations, «ce qui représente un danger pour le cours de la justice et porte atteinte à la dignité de la population». Coupables jusqu’à preuve du contraire M. Harb note que les Libanais ont déjà jugé et condamné certaines personnes mises en examen. «Je me demande comment la justice pourra prononcer un non-lieu en faveur d’un accusé s’il s’avère qu’il est innocent alors qu’il a été au préalable condamné par l’opinion publique», s’interroge-t-il, alors que M. Beydoun fait remarquer que les médias ont joué un grand rôle dans des dossiers judiciaires, allant jusqu’à laisser entendre que certaines enquêtes ont été délibérément médiatisées. «Est-il normal qu’on arrête trois fois de suite, un vendredi après-midi, des personnes», soupçonnées de malversations ? s’interroge-t-il. Ce qu’il veut dire, c’est qu’en ce faisant, et comme les activités du Palais de justice sont normalement suspendues en week-end, on donne aux médias toute la latitude pour broder autour de ces arrestations. M. Harb réclame ensuite l’ouverture au ministère de la Justice ou au Conseil supérieur de la magistrature d’un bureau de presse qui se chargera de communiquer aux Libanais les informations qui peuvent être rendues publiques. Lorsqu’il aborde l’affaire Hammoud, c’est pour soulever une série de craintes. M. Harb s’étonne de ce que des inconnus puissent entrer facilement au bureau du juge Hammoud et voler le dossier d’une enquête, notant qu’«un tel incident démontre que les mesures de protection du Palais de justice laissent à désirer et que d’autres dossiers peuvent être subtilisés». Il laisse ensuite entendre que des membres d’un service de sécurité ou judiciaire auraient pu s’introduire dans le bureau de M. Hammoud et s’emparer du dossier. Oui ou non ? Visiblement intéressé, M. Berry renchérit en faisant remarquer que les informations fournies par la presse sont contradictoires. D’autres députés abondent dans le même sens. «Nous voulons savoir ce qui s’est passé exactement. Est-on oui ou non entré au bureau du juge ?», insiste M. Berry. Pendant que le ministre de la Justice, M. Joseph Chaoul, fait non d’un signe de la tête, le chef du gouvernement, M. Sélim Hoss, dit oui, ce qui déconcerte pratiquement les députés. M. Hoss se lève au milieu du brouhaha pour affirmer : «Oui, ce que la presse rapporte est vrai et une enquête est ouverte pour que nous puissions en savoir plus». M. Najah Wakim exprime son étonnement devant la réponse du président du Conseil. «Le gouvernement sait très bien ce qui s’est passé, accuse-t-il : il sait qui est entré au bureau du juge Hammoud, comment et pourquoi. Je regrette, mais je ne les crois pas. Nous voulons tout savoir maintenant». Les parlementaires multiplient alors les questions. Lentement, M. Hoss se lève de nouveau : «Nous avons entendu dire qu’il y a eu vol d’un dossier et nous avons entrepris des contacts avec le juge Hammoud ainsi qu’avec d’autres autorités judiciaires. Nous nous sommes assurés que l’incident a eu lieu effectivement et qu’un dossier se rapportant à une enquête déterminée s’est volatilisé. Nous ne savons pas qui s’est introduit dans le bureau. Voilà pourquoi une enquête est menée». Pendant que les députés poursuivent leurs interventions, M. Chaoul échange quelques mots avec le président de la Chambre puis avec M. Hoss et Michel Murr avant de sortir de l’Hémicycle. Il revient un quart d’heure plus tard pour annoncer aux parlementaires qu’il a reçu un coup de fil et que son interlocuteur l’a informé qu’aucun dossier n’a disparu du bureau de M. Hammoud et que tous les documents se rapportant aux enquêtes en cours se trouvent au bureau du procureur général financier. Les députés sont encore plus déroutés. Et pour cause : en l’espace d’un quart d’heure, le gouvernement venait d’apporter deux explications contradictoires à un même événement. MM. Nassib Lahoud et Tammam Salam ne cachent pas leur scepticisme. Le député de Beyrouth affirme que la réponse de Chaoul est loin d’être satisfaisante pendant que M. Ismaïl Succarieh réclame la mise en place d’une commission parlementaire d’enquête et insiste pour que l’Inspection centrale remette au Parlement le rapport de l’enquête qu’elle a menée il ya six mois au sujet du marché des médicaments. Le débat s’arrêtera là.
C’est incontestablement l’affaire du vol du présumé dossier de malversations au Bureau des médicaments du bureau de l’avocat général financier, M. Khaled Hammoud, qui a ravi la vedette à d’autres sujets d’actualité hier, place de l’Étoile. Si de nombreuses questions ont été posées par des députés choqués de constater qu’on pouvait entrer au Palais de justice...