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Actualités - ANALYSE

Dossier régional - Washington ne peut tabler sur la bonne volonté d'Israël Scepticisme à peine voilé à Beyrouth

Sélim Hoss a dû en être étonné : c’est Barak qui a été élu, et aux dernières nouvelles en Israël, pas ici. Mais c’est à lui que Lionel Jospin, en homologue attentif, adresse les félicitations, ou presque ! La surprise du chef du gouvernement libanais a dû être d’autant plus grande qu’il a soigneusement souligné, avant, pendant et après les élections israéliennes, que le Liban «n’est pas concerné». Ce n’est visiblement pas l’avis de Matignon qui dans une dépêche dont il ne faut retenir que l’aspect «on- ne-vous-oublie-pas», insiste sur les espérances que fait naître l’avènement de Barak. Le Premier ministre français, qui a peut-être pris un certain plaisir à devancer cette fois le président Chirac grand ami du Liban (et détenteur de surcroît d’un «domaine réservé» en politique étrangère), exprime le souhait d’une prochaine reprise des négociations sur les volets syrien et libanais. Il confirme que Paris est disposé à apporter son aide à cet effet. Et rappelle que la France, en ce qui concerne le Liban, est attachée à l’application de la 425 relative à un retrait inconditionnel de l’armée israélienne du Sud. Des vœux qu’on apprécie au palais Bustros, également au titre de l’amitié. Mais à l’égard desquels on se montre plutôt sceptique. Un cadre local affirme en effet qu’il y a «peu de chances de parvenir à voir Israël s’engager sur la voie d’une paix véritable. Car ses partis, droite et gauche confondues, sont d’accord sur des constantes qui secrètent de l’hostilité à l’égard de l’environnement géopolitique de cet État». Dès lors il ne reste, selon cette personnalité, «qu’à miser sur la carte américaine. Mais il s’est confirmé ces dernières années que la théorie du «cavalier seul» adoptée jadis par James Baker ne tenait pas le coup. En d’autres termes, les États-Unis eux-mêmes ne sont pas en mesure d’exercer sur toutes les parties en cause des pressions assez efficaces pour imposer un règlement du problème. Ils ont besoin du concours de l’Europe, singulièrement de la France qui a beaucoup d’amis parmi les Arabes et beaucoup de liens économiques et culturels avec la région». Ce qui, soit dit en passant, est une façon assez déroutante d’indiquer que des pressions ont besoin d’être exécutées sur la partie arabe, détentrice du droit, autant que sur le spoliateur israélien. Sans trop s’avancer, cette source diplomatique libanaise trouve que «l’idée égyptienne d’un sommet restreint mérite d’être étudiée. Et, en tout cas, les parties concernées doivent faire montre de courage, de détermination, de crédibilité dans les engagements si l’on veut parvenir à des dénominateurs communs permettant de revitaliser le processus de paix. Toutes ces bonnes dispositions, on peut douter pouvoir les trouver chez les Israéliens». Commentant sur le même ton pessimiste les déclarations enthousiastes de l’ambassadeur américain M. David Satterfield, cette personnalité ajoute que «Washington attendra longtemps, s’il compte sur la bonne volonté des Israéliens. La paix n’est pas si proche que M. Satterfield semble le croire. Car depuis Camp David, où ils avaient pu imposer leur plan à Begin, les États-Unis ont perdu beaucoup de leur emprise sur l’État hébreu. Ainsi, même un George Bush qui a l’air d’un superman à côté de Clinton et qui sortait triomphant de la guerre du Golfe, n’a pu traîner Shamir à Madrid qu’en menaçant de le priver d’une ligne de crédits de 10 milliards de dollars pour l’armement. D’ailleurs, l’ancien chef du Likoud a indiqué par la suite qu’il a signé Madrid en étant résolu à le torpiller. Ce que Netanyahu s’est chargé de faire par la suite. Ceci étant, conclut ce diplomate, la paix n’est pas impossible à terme, à long terme. Si les Américains y mettent vraiment le paquet».
Sélim Hoss a dû en être étonné : c’est Barak qui a été élu, et aux dernières nouvelles en Israël, pas ici. Mais c’est à lui que Lionel Jospin, en homologue attentif, adresse les félicitations, ou presque ! La surprise du chef du gouvernement libanais a dû être d’autant plus grande qu’il a soigneusement souligné, avant, pendant et après les élections...