Iran - Mohadjerani a obtenu la confiance de justesse Feu vert sous surveillance pour les réformes culturelles

Le vote de confiance remporté à l’arraché par le ministre de la Culture, Atoallah Mohadjerani, devant le Parlement iranien constitue un signal en faveur de la poursuite des réformes, mais montre aussi que ce ministère sensible reste sous haute surveillance. La presse modérée a accueilli avec enthousiasme cette victoire – 135 voix pour, 121 contre et 7 abstentions – courte mais significative compte tenu de l’emprise des conservateurs sur le «Majlis» (Parlement). Ce vote de confiance «est un souffle d’air frais pour la culture, la presse et le climat artistique du pays» et a «ranimé une ouverture culturelle qui était sur le point d’échouer», écrivait le quotidien Iran Daily. Une figure de proue du camp modéré, Mme Faézeh Hachémi, fille de l’ex-président Rafsandjani et elle-même membre du Parlement, ne cachait pas son admiration. «Je pensais en moi-même que M. Mohadjerani allait être renvoyé, mais il a fait un discours fantastique», a-t-elle déclaré après le vote. Plusieurs journaux mettaient en exergue les propos du ministre affirmant que «la tolérance ne signifie pas l’affaiblissement des valeurs» et qu’il fallait «répondre aux idées avec des idées». Pendant les débats, M. Mohadjerani a promis de ne pas céder sur le respect des lois concernant le secteur culturel et la presse, des propos bien accueillis par les conservateurs. Il a toutefois confirmé qu’il n’y aurait «pas de changement» dans sa politique d’ouverture en direction de milieux culturels, et s’est félicité du bouillonnement artistique et du développement de la presse depuis sa prise de fonctions il y a deux ans. Le quotidien Abrar, proche des conservateurs, estimait cependant que ce vote obtenu à une courte majorité constituait un avertissement pour le ministre, qui devra «procéder à un nettoyage de printemps» dans son ministère pour «rectifier la tendance incontrôlée dans laquelle il est engagé». «Le ministre a obtenu la confiance parce que nos parlementaires loyaux pensent qu’il va tenir ses promesses d’empêcher les développements négatifs» en matière culturelle, écrivait le journal. Un ténor de la mouvance conservatrice, le député Mohammad Reza Bahonar, a quant à lui déclaré à la presse «espérer que le ministre tiendrait compte des avertissements qui lui ont été donnés» lors des débats. L’échec des conservateurs est d’autant plus dur qu’ils avaient réussi l’an dernier à révoquer, par la même procédure parlementaire, une autre de leurs bêtes noires, le ministre de l’Intérieur Abdollah Nouri. M. Mohadjerani reste malgré tout dans une position potentiellement fragile, étant de tous les membres du Cabinet Khatami celui qui a reçu le plus faible nombre de voix lors des votes individuels de confiance du Parlement en 1997. Plusieurs commentateurs espéraient par ailleurs que ce vote traduirait un recentrage du Parlement, dirigé par les conservateurs, à un an d’élections législatives générales cruciales. L’éditorialiste du quotidien Iran Daily, Mohammad Khoddadi, se félicitait de voir désormais le Parlement «soutenir la politique du président». Iran News relevait que le guide de la République et numéro un du régime, l’ayatollah Ali Khamenei, dont se réclament à tout propos les conservateurs, avait adopté une position neutre en faisant parvenir un message aux députés «leur interdisant de le citer lors des débats, que ce soit pour soutenir le ministre ou pour l’attaquer». Le maintien de M. Mohadjerani, très populaire notamment chez les jeunes, conforte par ailleurs le président Khatami après les élections municipales de février qui ont vu ses partisans dominer dans tout le pays, notamment à Téhéran où ils ont remporté tous les sièges.