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Actualités - CHRONOLOGIE

Diplomatie - Les 23 clandestins refoulés n'étaient pas partis du territoire libanais Beyrouth surpris par le ton sévère des autorités chypriotes

Le Liban a exprimé au cours du week-end sa «surprise» à l’égard du ton sévère utilisé par des responsables chypriotes à son encontre à la suite de l’affaire des immigrants clandestins refoulés par Beyrouth et affirmé son refus de «récupérer» des personnes qui n’étaient pas parties de son territoire. Alors que les autorités chypriotes ont annoncé leur volonté d’élever une protestation officielle auprès du Liban, le chef du gouvernement et ministre des Affaires étrangères Sélim Hoss a indiqué samedi à la presse que les autorités libanaises n’ont fait «qu’appliquer les lois et coutumes internationales qui s’imposent dans de tels cas». Selon M. Hoss, «lorsqu’il est apparu que certains des individus concernés étaient partis du Liban, les autorités ont accepté de les récupérer et de les placer sous la responsabilité de la Sûreté générale». «Quant aux autres, il a été démontré qu’ils n’étaient pas partis du territoire libanais et que Liban n’était pas concerné par leur cas. Il a donc été procédé à leur refoulement hors des eaux territoriales», a ajouté le Premier ministre. M. Hoss a en outre indiqué que l’enquête menée par la Sûreté générale a pu déterminer que l’embarcation qui a pris à son bord les immigrants partis du Liban n’avait pas appareillé à partir d’un port légal. Les débuts de cette affaire remontent à mercredi, lorsque 29 immigrants illégaux étaient arrivés à Chypre à bord d’un bâteau de pêche. Dix-huit d’entre eux sont des Irakiens, un est Palestinien et les autres sont de nationalités égyptienne, burundaise, somalienne et sri lankaise. Selon l’agence chypriote CNA, ces clandestins, qui ne portaient pas de papiers d’identité sur eux, ont affirmé être venus de Tripoli et qu’ils avaient payé entre 800 et 2 000 dollars pour leur voyage qui devait les conduire en Grèce ou en Italie. Placés en détention dès leur arrivée sur l’île, les immigrants ont été expulsés dès le lendemain à bord d’un bateau de la police chypriote qui devait les ramener au Liban. Les autorités libanaises ont cependant refusé vendredi de laisser entrer ce bateau dans le port de Beyrouth et même, selon une source officielle à Nicosie, de prendre contact avec les policiers chypriotes qui se trouvaient à bord. Selon la police chypriote, les autorités libanaises ont envoyé des canonnières pour empêcher le bateau d’accoster. À la suite d’une intervention du ministère chypriote des Affaires étrangères, les autorités libanaises ont accepté de ne récupérer que six immigrants, tous des Égyptiens, mais ont contraint le bateau à retourner à Chypre avec les 23 autres à son bord, selon Nicosie. Selon l’enquête menée par la Sûreté générale, les six ressortissants égyptiens avaient embarqué à bord du bateau de pêche «en un lieu déterminé de la côte libanaise, et non pas dans un port légal». Répliquant au refus libanais, le gouvernement chypriote a haussé le ton. «Nous allons à présent devoir réexaminer nos relations avec le Liban» puisque les autorités libanaises «ne veulent pas communiquer avec nous» a indiqué vendredi le ministre chypriote de la Justice Nikos Kochis. Il a souligné que Nicosie était lié à Beyrouth par un accord en vertu duquel Chypre peut renvoyer au Liban tout bateau transportant des immigrants illégaux provenant de ce pays. M. Kochis a estimé que le problème avec Beyrouth ne pourrait que s’aggraver. «Au moins cent autres immigrants illégaux attendent de quitter le Liban» a-t-il dit. Samedi, un responsable du ministère chypriote des Affaires étrangères, Alecos Shambos, a déclaré que son département allait convoquer ce lundi le chargé d’affaires libanais à Nicosie Khalil Habre pour lui remettre une protestation officielle. «Nous protesterons contre le traitement réservé par Beyrouth au bateau de la police chypriote. Il y a un manque de volonté de coopérer», a dit M. Shambos. Les arguments avancés par M. Hoss ne semblent pas avoir satisfait les responsables chypriotes. «Nous allons poursuivre les consultations avec les autorités libanaises pour parvenir à une solution de ce problème qui devient très grave», a ainsi indiqué M. Shambos. Selon lui, «il incombe à chaque pays de la région de coopérer avec ses voisins». «Européanisation» Pour sa part, le chef de la diplomatie chypriote Yiannakis Cassoulidès a indiqué qu’il allait évoquer la question à un niveau européen. «C’est un problème grave que connaissent plusieurs pays européens et de la Méditerranée, et des mesures doivent être prises collectivement» a estimé le ministre. À Beyrouth, on se déclare «surpris» dans les milieux gouvernementaux et diplomatiques par la sévérité du ton des responsables chypriotes, indique notre correspondant diplomatique Khalil Fleyhane. Ces milieux se refusent à anticiper sur une éventuelle «crise» dans les relations entre les deux pays voisins, indiquant vouloir attendre les résultats de la convocation du chargé d’affaires libanais par le ministère chypriote des Affaires étrangères. «Il sera possible de savoir, d’après ce qui sera dit au chargé d’affaires, ce que les autorités chypriotes entendent par un réexamen des relations avec le Liban, ce qui permettra à Beyrouth d’y répondre officiellement», précise-t-on.
Le Liban a exprimé au cours du week-end sa «surprise» à l’égard du ton sévère utilisé par des responsables chypriotes à son encontre à la suite de l’affaire des immigrants clandestins refoulés par Beyrouth et affirmé son refus de «récupérer» des personnes qui n’étaient pas parties de son territoire. Alors que les autorités chypriotes ont annoncé leur volonté...