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Actualités - REPORTAGES

Voyages - Une île phénicienne entre l'Europe et l'Afrique Maltais et libanais ont des ancêtres communs (photos)

Un archipel en pleine Méditerranée, proche de la Sicile et des côtes tunisiennes, Malte est un minuscule État, d’une superficie de 316 kilomètres carrés. Formé de plusieurs îles, dont trois sont habitées (Malte, Gozo et Comino), il compte 375 000 mille habitants. «Tous d’origine phénicienne», disent-ils. «Le peuple pourpre, venu des côtes libanaises, s’est installé sur l’île bien avant la construction de Carthage», indiquent les Maltais et leurs manuels d’histoire. Rien à faire donc, Maltais et Libanais sont parents. D’ailleurs, leurs langues se ressemblent. Ils utilisent les mêmes termes pour compter, reconnaître les rues, nommer les jours de la semaine, souhaiter un joyeux Noël, désigner quelques animaux… Et même citer certains proverbes. Une langue dont les mots ne sont pas arabes mais cananéens. Petite précision qui a son importance : ils utilisent l’alphabet latin (dérivé du phénicien) pour l’écrire. La tonalité de leur voix ressemble étrangement à celle des habitants du Maghreb arabe. Et quand on se promène dans les rues étroites de La Valette (la capitale) ou de Sliema (l’une des plus grandes villes, 9 000 habitants), en prêtant l’oreille à la conversation, on tombe sur des Maltais qui parlent leur propre langue et que l’on prend pour des Maghrébins. D’autres s’expriment en anglais, et on s’imagine devant des Italiens en train de converser dans la langue de l’oncle Sam. En effet, l’île de Malte a subi plusieurs influences. Endroit stratégique au cœur de la Méditerranée, l’archipel a vu défiler diverses civilisations : les Phéniciens, les Romains, les Arabes, les Croisés, les Ottomans, les chevaliers de l’Ordre de saint Jean (l’ordre de Malte), les Anglais qui se sont emparés de l’île en 1800 après le passage de Bonaparte. Ce n’est qu’en 1964 que l’archipel acquiert son indépendance et rejoint les pays du Commonwealth. Cependant, malgré le passage des Ottomans (sunnites) et des Britanniques (protestants), le pays est resté catholique à 97 % (dont 85 % de pratiquants). L’influence anglaise se traduit par les coutumes des habitants (peuple accueillant mais particulièrement réservé), les voitures aux volants à droite, le système politique à deux partis (travaillistes et conservateurs). L’influence arabe, elle, est visible dans l’architecture des immeubles, notamment avec les fenêtres à ‘‘moucharabieh’’, balcons en vogue au IXe siècle dans l’Espagne mauresque. «Mais les ‘‘moucharabieh’’, importées par les chevaliers espagnols appartenant à l’Ordre de saint Jean, ont fait leur apparition au début du XVIIIe siècle à Malte», indiquent les guides touristiques. Tout ce qui est de la période ottomane a été détruit. Deux mosquées sont à l’abandon. L’une est située Triq il Masjed (la rue de la mosquée) , face à la rue de la Sainte-Croix (Triq il Salib il Mkaddass). Havre phénicien ou miel romain ? Une seule mosquée, financée par le président de la Jamahirya libyenne, Mouammar Kadhafi, demeure ouverte. Depuis l’embargo qui frappe la Libye, Malte est devenue une station de transit très importante pour tous les voyageurs libyens. Ceux-ci quittent leur pays en bateau et c’est à partir de l’île qu’ils s’envolent vers d’autres destinations. De plus, beaucoup d’hommes d’affaires libyens ont élu domicile dans l’archipel européen. Jusqu’à la fin des années soixante-dix, la langue arabe était enseignée dans les écoles. Une langue facile à apprendre du moment où, selon les Maltais, leur langue ressemble beaucoup au libanais. En effet, plus de 60% des termes utilisés appartiennent à la langue arabe parlée au Liban. Un amalgame d’arabe, de syriaque, de phénicien et d’hébreux. Trois langues désignées par l’appellation savante de “sémitique occidental”. Le nom de l’île ‘‘Malta’’ serait une déformation du terme romain de ‘‘Melita’’ donné par les écrivains des Césars à l’actuelle ville de Rabat, située au centre de l’archipel. ‘‘Melita’’ est un terme romain qui signifie miel et qui a désigné plus tard l’île entière. Noms de famille similaires Une autre thèse indique que ‘‘Malta’’ est dérivé du terme phénicien ‘‘maleth’’ et qui signifie havre. En effet, l’île et ses ports naturels ont formé un refuge pour les peuples de l’antiquité, notamment les Phéniciens qui ont jeté leurs ancres sur les côtes de l’archipel autour de l’an 750 avant Jésus-Christ. De plus, le terme ‘‘Malta’’, dérivé de ‘‘maleth’’, est utilisé uniquement au Liban pour signifier un abri sûr. Un autre mot, dérivé lui aussi du sémitique occidental, n’existe plus qu’au Liban et à Malte : ‘‘Chaklab’’, qui signifie renverser. Un linguiste indique que seuls les Phéniciens et les Hébreux ajoutaient un «Ch» au début d’une racine d’un terme. Ce même terme (Chaklab), ayant la même signification, existe en arabe; il est dépourvu cependant, dans toutes ses déclinaisons, du «Ch» phénicien et hébreux. Le verbe arabe est “Kalaba” (renverser). La langue syriaque, comme au Liban, a également sa part à Malte. Elle sert notamment à désigner les lieux. On la retrouve encore dans beaucoup de termes qui ressemblent à certains mots de la langue arabe. Le «sh» arabe, utilisé au Liban, est remplacé par le «s» syriaque, toujours préservé à Malte. Exemples : ‘‘Sajra’’ (arbre syriaque) et ‘‘Shajra’’ (arbre arabe), ou bien ‘‘Shams’’ (soleil arabe) et ‘‘Shamsh’’ (soleil syriaque). De plus, beaucoup de noms de familles maltaises sont similaires au nom de familles libanaises, notamment les Saliba, Cremona et Abella. Reste à savoir si les membres de ces familles ont des parents établis à Beyrouth. Certains Abella libanais savent par exemple qu’ils sont originaires de l’archipel méditerranéen. Sans aucun doute, les Maltais et les Libanais sont des parents assez proches. Et ils pourront tisser des liens solides puisqu’ils ont des ancêtres communs : les grands navigateurs, les commerçants avertis, les simplificateurs de l’alphabet, les inventeurs de la couleur pourpre... Bref, les glorieux Phéniciens. Mais les Libanais et les Maltais s’entendront surtout pour reconnaître que saint Paul, patron de l’archipel, bien avant de faire naufrage à Malte en l’an 60, avait pris une fois un bateau à partir de Tabarja, port de l’actuel caza du Mont-Liban.
Un archipel en pleine Méditerranée, proche de la Sicile et des côtes tunisiennes, Malte est un minuscule État, d’une superficie de 316 kilomètres carrés. Formé de plusieurs îles, dont trois sont habitées (Malte, Gozo et Comino), il compte 375 000 mille habitants. «Tous d’origine phénicienne», disent-ils. «Le peuple pourpre, venu des côtes libanaises, s’est installé sur...