Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Images virtuelles, peintures et sculptures interactives Karlsruhe s'est offert le plus grand musée multimédia des temps modernes

A l’orgie de vidéo-clips racoleurs, le Centre pour l’art et les technologies médiatiques (ZKM) de Karlsruhe (centre-ouest) oppose depuis peu un regard, unique au monde, sur la création artistique à l’ère du multimédia. Sur 17.000 m2, le ZKM confronte peinture, sculpture, photographie et bien sûr multimédia dans le décor industriel et lumineux d’une ancienne fabrique de munitions de la Seconde Guerre mondiale, miraculeusement épargnée par les bombes américaines. Ce gigantesque bâtiment de 312 mètres de long abrite aussi la médiathèque et les laboratoires du centre ainsi que les collections d’art de Karlsruhe et deux écoles de beaux-arts. Son emblème est un cube de verre bleu, le studio musical du ZKM, l’un des plus modernes au monde. Ouverts depuis le mois d’octobre, les musées s’imposent «déjà comme la Mecque de l’art multimédia», se réjouit celui qui a porté pendant près de dix ans ce projet colossal dans une ville qui compte à peine 300.000 habitants, l’historien de l’art et de l’architecture Heinrich Klotz. Le visiteur est non seulement autorisé à toucher les œuvres, mais il a tout intérêt à le faire s’il veut en percer les mystères. Un exemple parmi tant d’autres: dans une petite salle obscure, cinq plantes faméliques sont alignées au sommet d’autant de colonnes. Celui qui se risque à les toucher voit soudainement croître et embellir une forêt vierge aussi virtuelle que luxuriante sur un écran géant, au gré de ses effleurements. Cette installation de l’Autrichienne Christa Sommerer et du Français Laurent Mignonneau (The Interactive Plant Growing, 1992) met en lumière la philosophie d’un musée en mouvement où le visiteur se fait acteur de l’œuvre. De discrets capteurs enregistrent les moindres sollicitations des plantes, interprétées par un logiciel pour fabriquer des forêts vierges. L’être ou le paraître La réalité et l’apparence, l’être ou le paraître sont les thèmes dominants de cette installation comme de bien d’autres au ZKM. Mais, à ce petit jeu, le maître incontesté est l’Italien Fabrizio Plessi avec son œuvre monumentale «Tempo Liquido», moulin à eau de 5 mètres de haut dont les aubes ont été remplacées par 21 moniteurs-vidéo reproduisant l’écoulement de l’eau sur la roue et son bruit. Il faut un moment pour s’apercevoir du montage. L’illusion est accrue par l’eau, véritable celle-là, qui s’écoule dans un long bac au pied du moulin. «Nous n’exposons que des artistes reconnus, pas de débutants ou d’espoirs, ce n’est pas notre vocation. Nous sommes trop important et trop cher pour cela», explique l’administrateur du musée, Gerd Schwandner. L’amateur averti retrouvera donc les œuvres «historiques» de quelques pionniers de l’art multimédia, tels Nam June Paik et son «Passage» (1986), Bill Viola et «The City of Man» (1989), Bruce Naumann et «Raw Material» (1990) ou Marie Jo Lafontaine et ses «Larmes d’acier» (1987). Musée de la vidéo, de la simulation informatique, du cyberspace, du CD-rom et du laser, le ZKM est aussi celui du risque. Tout comme ces technologies vite démodées, l’art multimédia est éphémère. Les enfants de l’avenir regarderont peut-être ses œuvres avec le même regard attendri que nous portons sur les cabinets des merveilles des siècles passés. «C’est une question difficile. Certaines des œuvres exposées ont un avenir, mais je ne le garantirais pas pour toutes», reconnaît Gerd Schwandner, qui s’est résolu à «intégrer ce risque». L’holographie, qui fascinait tant le public il y a quelques années, en a fait les frais: «Les œuvres étaient soit technologiques, soit ennuyeuses. La collection est à la cave». (AFP)
A l’orgie de vidéo-clips racoleurs, le Centre pour l’art et les technologies médiatiques (ZKM) de Karlsruhe (centre-ouest) oppose depuis peu un regard, unique au monde, sur la création artistique à l’ère du multimédia. Sur 17.000 m2, le ZKM confronte peinture, sculpture, photographie et bien sûr multimédia dans le décor industriel et lumineux d’une ancienne fabrique de munitions...