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Actualités - CHRONOLOGIE

Azmi Béchara : les dessous d'une visite qui n'a pas eu lieu

La visite sans précédent du député arabe israélien Azmi Béchara prévue à Beyrouth n’a finalement pas eu lieu et on s’interroge toujours sur les raisons pour lesquelles il n’a pas été autorisé à entrer au Liban, où il devait participer à un colloque sur les Arabes et la mondialisation. Pourtant, M. Béchara, connu pour son combat contre le sionisme et en faveur des droits des Arabes en Palestine, a eu des entretiens très importants avec les hauts dirigeants syriens. S’agit-il d’un excès de zèle de la part des responsables libanais?
L’attitude négative de Beyrouth à l’égard de cette affaire est d’autant plus surprenante que M. Béchara a eu droit à un traitement spécial à Damas. En plus de deux réunions la semaine dernière avec le vice-président Abdel Halim Khaddam et d’un entretien avec le ministre des Affaires étrangères, Farouk Chareh, le député arabe israélien a reçu, selon des sources bien informées, un document de voyage délivré par les autorités syriennes pour faciliter ses déplacements dans le monde arabe et pour lui permettre de se rendre plus souvent en Syrie. M. Béchara, qui préside en Israël le Comité de défense des détenus libanais dans les prisons de l’Etat hébreu, était en outre porteur de 18 lettres adressées par certains de ces détenus à leurs parents au Liban. Ces lettres ont été remises à leurs destinataires par l’intermédiaire de personnalités libanaises qui ont rencontré le parlementaire israélien à Damas.

Les réserves de Berry

Selon des sources bien informées, ce sont MM. Béchara Merhej et Maan Bachour qui se sont chargés d’informer les hauts responsables libanais du programme et des objectifs de la visite de M. Béchara au Liban. Mais les réserves exprimées par le président du Parlement, M. Nabih Berry, ont compromis le projet de sa venue. De mêmes sources on indique que M. Berry aurait déclaré, qu’en tant que président du mouvement Amal, il ne pouvait avoir aucun contact avec un député israélien. Est-ce la seule raison? Probablement pas. D’autres sources placent la réaction de M. Berry dans le cadre de la rivalité qui l’oppose au Hezbollah au sein de la communauté chiite. Une rencontre avec un député israélien, même s’il est connu pour ses positions antisionistes, aurait peut-être été utilisée contre M. Berry par le parti islamiste. Mais il y a aussi d’autres explications qui concernent la situation des réfugiés palestiniens au Liban. M. Béchara comptait évoquer ce dossier délicat lors de ses réunions avec les hauts responsables pour leur demander de prendre des mesures visant à alléger les souffrances des dizaines de milliers de Palestiniens des camps qui vivent dans des conditions de grande misère. Déjà affectés par la réduction des prestations offertes par l’UNRWA et par l’OLP, les réfugiés palestiniens n’ont pas le droit d’exercer certains métiers et professions dont le nombre s’élève à 70. Leurs déplacements à l’étranger sont devenus plus difficiles après la décision des autorités libanaises d’imposer un visa d’entrée même à ceux qui sont titulaires de documents de voyage provisoires délivrés par la Sûreté générale. «C’est un dossier tabou et il est interdit d’en parler», déclare le ministre Walid Joumblatt. Ce dernier fait partie des quelques personnalités libanaises qui ont rencontré M. Béchara à Damas. L’entretien a porté sur la situation des Arabes des territoires de 1948 et plus particulièrement les druzes dont un grand nombre a intégré les rangs de l’armée israélienne. M. Béchara aurait examiné avec M. Joumblatt les moyens d’encourager les druzes de la Galilée à opérer une déconnection avec les autorités israéliennes et à se solidariser davantage avec les Arabes d’Israël et des territoires occupés. «La nouvelle génération de druzes est plus réticente à coopérer avec les autorités israéliennes. Leurs aînés, après la confiscation de leurs terres par les Israéliens, n’avaient d’autres débouchés que de s’engager dans l’armée. Les jeunes d’aujourd’hui se dirigent plutôt vers des études universitaires», a déclaré M. Joumblatt.
La situation des Arabes dans les territoires de 1948 a été au centre des entretiens de M. Béchara avec les responsables syriens. Selon les sources précitées, M. Khaddam aurait reconnu que Damas avait commis une erreur en négligeant pendant 50 ans cette population (410.000 électeurs) qui est appelée à jouer un rôle important à l’avenir. M. Béchara a exposé aux responsables syriens les principaux points de son action politique qui vise à obtenir du gouvernement israélien la reconnaissance pour les Arabes du statut de minorité nationale.
Dans son analyse de l’évolution de la situation au sein de l’Etat hébreu, M. Béchara pense que la société israélienne bascule dans l’extrémisme en raison notamment de l’influence croissante des juifs de l’ex-Union soviétique qui jouent un rôle de premier plan dans la vie politique.
M. Béchara s’est promis d’effectuer d’autres voyages en Syrie. Il projette de visiter dans les prochains mois plusieurs pays arabes à la tête d’une délégation... et le Liban est inscrit au programme de cette tournée.

Paul KHALIFEH
La visite sans précédent du député arabe israélien Azmi Béchara prévue à Beyrouth n’a finalement pas eu lieu et on s’interroge toujours sur les raisons pour lesquelles il n’a pas été autorisé à entrer au Liban, où il devait participer à un colloque sur les Arabes et la mondialisation. Pourtant, M. Béchara, connu pour son combat contre le sionisme et en faveur des...