Homme de science, philosophe, chercheur, spécialiste dans la génétique des populations, Albert Jacquard a donné une conférence intitulée «La légende de demain». Ce thème a fait l’objet d’un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Seuil, collection Petit point.
Il y a 50 ans, Paul Valéry disait: «Le temps du monde fini commence». Il n’y a aucun doute, demain sera différent d’aujourd’hui. «Il n’est pas possible, avec les pouvoirs et les moyens que nous nous sommes donnés il y a un siècle, de vivre demain à neuf milliards. Nous sommes acculés à changer notre façon de vivre», a indiqué M. Jacquard.
Aussi, s’adressant particulièrement aux jeunes «qui construisent leur intelligence» et qui vivent dans une «période révolutionnaire où on transforme son regard sur le monde», Albert Jacquard a dit son émerveillement devant l’évolution de l’humanité dont «l’événement le plus décisif de l’univers a été la procréation». «L’individu est l’être le plus étrange, le champion de la complexité mais aussi des pouvoirs et des capacités. Nous avons un cerveau qui a été capable de transformer le monde. Avec notre langage, nous avons créé un réseau d’interactions avec les autres. Et du coup avec cette interaction, nous avons transformé la structure matérielle de l’humanité en une structure hyper complexe... La communauté a fait émerger en nous la conscience. Celle- ci doit me servir de guide à un projet de demain». De quoi sera faite la légende de demain?
Combien d’hommes
peut supporter
la terre?
«Il faut être réaliste. Nous vivons sur une petite terre qui impose ses contraintes et dont les ressources sont limitées. Nous n’avons pas le droit de les détruire, puisque nous serons bientôt 9 milliards. On se demande donc si cette terre va pouvoir continuer à nous nourrir? «Oui» répond Albert Jacquard. «Selon les études les plus pessimistes, elle peut nourrir quatre milliards d’hommes. Les plus optimistes avancent le chiffre de 35 milliards! Vu sous cet angle, le problème semble résolu. Mais la question véritable c’est combien d’hommes peut supporter la terre? Et quelle sorte d’hommes elle supportera? Des paysans qui vont s’échiner pour nous ravitailler? Des Parisiens moyens comme moi qui demandent à la terre leur nourriture, plus leur essence, plus de l’énergie, plus de métaux précieux... Eh bien des gens comme moi, la terre n’en supportera pas plus d’un milliard. Que faire alors»?
Albert Jacquard avance deux solutions : soit d’accepter tout pour soi et dire tant pis pour les autres. «Je m’entoure ainsi d’une grande muraille et je menace la vie des autres. Et là vous imaginez l’avenir de nos petits-enfants avec une terre épuisée par un milliard de riches?». Soit alors «on arrête de détruire la terre en diminuant notre consommation des richesses de la planète dont nous n’avons pas le droit de priver les générations futures».
Si on opte pour la seconde solution, le monde de demain doit être organisé différemment de celui d’aujourd’hui. «Cette politique suppose des changements très profonds». M. Jacquard fait appel à la société pour «favoriser les échanges», et apprendre à «poser un regard sur l’autre». L’autre ne devrait pas être considéré comme un obstacle mais comme «une émulation non pas dans le sens de la compétition mais dans l’objectif de donner le meilleur de soi et mieux agir pour préserver le bien-être collectif. Vous devez vous regarder comme des êtres capables de construire sans cesse...».
Et le conférencier de conclure par une citation de Machiavel: «Si tu veux éviter la révolution, fais-la».
M.M
Il y a 50 ans, Paul Valéry disait: «Le temps du monde fini commence». Il n’y a aucun doute, demain sera différent d’aujourd’hui. «Il n’est pas possible, avec les pouvoirs et les moyens que nous nous sommes donnés il y a un siècle, de vivre demain à neuf milliards. Nous sommes acculés à changer notre façon de vivre», a indiqué M. Jacquard.
Aussi, s’adressant particulièrement aux jeunes «qui construisent leur intelligence» et qui vivent dans une «période révolutionnaire où on transforme son regard sur le monde», Albert Jacquard a dit son émerveillement devant l’évolution de l’humanité dont «l’événement le plus décisif de l’univers a été la procréation». «L’individu est l’être le plus étrange, le champion de la complexité mais aussi des pouvoirs et des capacités. Nous avons un cerveau qui a été capable de transformer le monde. Avec notre langage, nous avons créé un réseau d’interactions avec les autres. Et du coup avec cette interaction, nous avons transformé la structure matérielle de l’humanité en une structure hyper complexe... La communauté a fait émerger en nous la conscience. Celle- ci doit me servir de guide à un projet de demain». De quoi sera faite la légende de demain?
Combien d’hommes
peut supporter
la terre?
«Il faut être réaliste. Nous vivons sur une petite terre qui impose ses contraintes et dont les ressources sont limitées. Nous n’avons pas le droit de les détruire, puisque nous serons bientôt 9 milliards. On se demande donc si cette terre va pouvoir continuer à nous nourrir? «Oui» répond Albert Jacquard. «Selon les études les plus pessimistes, elle peut nourrir quatre milliards d’hommes. Les plus optimistes avancent le chiffre de 35 milliards! Vu sous cet angle, le problème semble résolu. Mais la question véritable c’est combien d’hommes peut supporter la terre? Et quelle sorte d’hommes elle supportera? Des paysans qui vont s’échiner pour nous ravitailler? Des Parisiens moyens comme moi qui demandent à la terre leur nourriture, plus leur essence, plus de l’énergie, plus de métaux précieux... Eh bien des gens comme moi, la terre n’en supportera pas plus d’un milliard. Que faire alors»?
Albert Jacquard avance deux solutions : soit d’accepter tout pour soi et dire tant pis pour les autres. «Je m’entoure ainsi d’une grande muraille et je menace la vie des autres. Et là vous imaginez l’avenir de nos petits-enfants avec une terre épuisée par un milliard de riches?». Soit alors «on arrête de détruire la terre en diminuant notre consommation des richesses de la planète dont nous n’avons pas le droit de priver les générations futures».
Si on opte pour la seconde solution, le monde de demain doit être organisé différemment de celui d’aujourd’hui. «Cette politique suppose des changements très profonds». M. Jacquard fait appel à la société pour «favoriser les échanges», et apprendre à «poser un regard sur l’autre». L’autre ne devrait pas être considéré comme un obstacle mais comme «une émulation non pas dans le sens de la compétition mais dans l’objectif de donner le meilleur de soi et mieux agir pour préserver le bien-être collectif. Vous devez vous regarder comme des êtres capables de construire sans cesse...».
Et le conférencier de conclure par une citation de Machiavel: «Si tu veux éviter la révolution, fais-la».
M.M
Homme de science, philosophe, chercheur, spécialiste dans la génétique des populations, Albert Jacquard a donné une conférence intitulée «La légende de demain». Ce thème a fait l’objet d’un ouvrage qui vient de paraître aux éditions Seuil, collection Petit point. Il y a 50 ans, Paul Valéry disait: «Le temps du monde fini commence». Il n’y a aucun doute, demain sera...
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