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Actualités - REPORTAGE

Joudraniyat : quelques éclaircissements sur un concours original(photos)

A quelques jours de la remise des premiers projets «Joudraniyat», fixée au 10 octobre, rencontre entre un bouquet de participants et la presse. Pourquoi ces artistes participent-ils à ce projet? Quelles sont les idées qu’ils proposent; les difficultés qu’ils rencontrent? Où en sont-ils de leurs travaux?
Compétition artistique ouverte aux architectes, dessinateurs, peintres et étudiants, «Joudraniyat», rappelons-le, a pour objectif de métamorphoser la capitale. Il s’agit en effet de proposer des dessins réalisables en carreaux de céramique qui serviront à embellir des sites de Beyrouth présélectionnés par le mohafazat de Beyrouth et le Comité national du patrimoine.
L’initiateur de ce projet, M. Bernard Bridi, indique que «près de 100 personnes participent à la première étape qui consiste à revêtir les murs du «tunnel de Sassine» d’une œuvre d’art», indique-t-il. Une seule œuvre sera retenue par un jury formé de 15 personnalités: professeurs d’universités, peintres, artistes, journalistes, publicitaires, architectes, créateurs... «Un prix sera remis à l’auteur de l’œuvre gagnante», ajoute-t-il. «Cependant, les autres travaux ne seront pas perdus. Il y a tellement de plates-formes à embellir que les «bonnes» idées seront probablement appliquées ailleurs...». Présentation ensuite de quelques postulants:
— Le miniaturiste Hassan Lavassani se définit comme étant «un ennemi de la laideur. Lorsque j’ai entendu parler de «Joudraniyat» à la télévision, dit-il, j’ai immédiatement été enthousiaste et partie prenante. Essayer de faire quelque chose, n’importe quoi, pour effacer la laideur, cela en vaut la peine. Je travaille donc mon idée depuis presque deux mois et je suis pratiquement prêt». Quel en est le sujet, le style? «Surprise», répond-il dans un sourire.
Quel est le message qu’il souhaiterait transmettre?
«Aucun! Il ne faut en aucun cas distraire l’automobiliste, ce serait trop dangereux», plaisante-t-il.
— Léna Kelekian peint d’ordinaire des icônes et des «muraux. Cependant, pour le tunnel, je fais faux-bond à l’iconographie qui ne serait pas appropriée», souligne-t-elle. Elle choisit pour thème le patrimoine, mais n’en dit pas plus... «Ce projet est une initiative qui mérite d’être applaudie», dit-elle. «Peu importe si celui qui gagnera est un professionnel ou un amateur. L’important est de participer. Personnellement, rien que l’idée de donner un peu de bonheur, une jolie image, à ceux qui traverseront ce tunnel me suffit».
—Gebran Tarazi est un peintre qui s’appuie, dans son œuvre sur le Bauhaus. Pour lui, ce mouvement culturel allemand est «le plus important de ce siècle, et rejoint le concept de Joudraniyat». Du projet qu’il prépare, il révèle un indice: la géométrique...

Trompe-l’œil

— Peintre muraliste, Gina Succar travaille en ce moment le «trompe-l’œil». «Pour le tunnel aussi», indique-t-elle. «J’ai choisi le style puzzle. Le fait que «Joudraniyat» donne leur chance aux jeunes est une très bonne chose». Elle a elle-même commencé sa carrière d’artiste en remportant un concours auquel elle avait participé en amatrice... Pourquoi a-t-elle été intéressée par ce projet? «Je suis une maniaque, je ne peux pas voir un mur blanc».
—Carol Chaker ne se lasse pas d’«imaginer la réaction des automobilistes qui traverseront le tunnel». Elle propose une œuvre fraîche, style art naïf. Elle ajoute n’avoir «pas trouvé de difficulté particulière dans le travail».
— Le projet de Rabih Moujaes est fin prêt. Intitulée «L’élan du XXIe siècle», sa fresque murale est basée sur une idée qui allie «l’élan, la virtualité et l’environnement»... Sa participation est une «revanche contre le béton et la laideur. L’idée de Joudraniyat est excellente. La seule difficulté rencontrée en cours d’exécution était la dimension du mur, car je voulais à tout prix éviter la répétition».
— «Cela faisait déjà un moment que j’étouffais, que j’avais envie de dépasser les limites de la toile», note Mona Trad Dabaji, artiste-peintre. «J’ai travaillé dernièrement sur des portes, des fenêtres. «Joudraniyat» ne pouvait donc mieux tomber. Un mur pour m’exprimer, c’est inespéré. De plus, je pense qu’il faut contribuer, même de façon minime, à embellir notre environnement».
Pour elle, le plus dur est de trouver une idée répétitive, car «les automobilistes traversent rapidement le tunnel et devraient quand-même garder une image en tête», dit-elle. «Je travaille simultanément sur deux projets, de style très différents: paysage et architecture. J’hésite encore entre les deux, entre un bol d’air et un symbole de Beyrouth en reconstruction...».
Bernard Bridi précise que «l’exécution du projet gagnant sera bien sûr artistique, et supervisée par l’artiste».
Après la sélection du jury, présidé par l’architecte Pierre Neema, les œuvres feront l’objet d’une exposition de 3 ou 4 jours. Ensuite, des techniciens étudieront la meilleure façon d’exécuter le projet-gagnant. «Etape qui est en elle-même un défi à relever», souligne le directeur du projet. «Sur le plan architectural, ce tunnel n’en est pas vraiment un. C’est plutôt un passage, non symétrique, ce qui constitue une contrainte technique». Enfin, la réalisation devrait durer un mois et demi à deux mois.
Façades d’immeubles, ponts, tunnels, ronds-points et places publiques... «Joudraniyat» n’est pas près de chômer.
Tant qu’il y aura des sponsors...

N.S.
A quelques jours de la remise des premiers projets «Joudraniyat», fixée au 10 octobre, rencontre entre un bouquet de participants et la presse. Pourquoi ces artistes participent-ils à ce projet? Quelles sont les idées qu’ils proposent; les difficultés qu’ils rencontrent? Où en sont-ils de leurs travaux?Compétition artistique ouverte aux architectes, dessinateurs, peintres et...